LES MUSULMANS SÉNÉGALAIS DÉCLARENT LA GUERRE CONTRE MACRON ET LES PRODUITS FRANÇAIS
Des milliers de musulmans sénégalais ont manifesté samedi à Dakar contre les caricatures de Mahomet et contre la défense par le président français Emmanuel Macron du droit à la satire au nom de la liberté d’expression, ont constaté des journalistes de l’AFP et aussi un reportage de France 24.
Certains manifestants, réunis à l’appel d’organisations disant voir dans ces caricatures une insulte à leur foi, ont brûlé le drapeau français ainsi que le portrait de Macron. Des participants se sont dits favorables à un boycott des produits français.
Ce sont les firmes pétrolières françaises Total, Exxon, Texaco, BP, Shell, Aramco et Eni qui sont les premières cibles du boycott, a annoncé le Frapp, exhortant les populations à s’approvisionner dans les stations-service contrôlées par des Sénégalais. » Dans les jours à venir, le Frapp élargira cette liste d’entreprises françaises et impérialistes à boycotter « , relève le communiqué du Front dirigé par Guy Marius Sagna.
Toujours en réaction aux propos du président français, trois activistes membres du mouvement ‘’Nittu Deugg’’ (les personnes véridiques) ont brûlé, lundi, en pleine rue de Dakar la cocarde tricolore, symbole de la république française. Ce qui leur a valu une arrestation par la police.
« Macron a touché (heurté) le monde musulman dans sa totalité. Et si le monde est en paix, c’est grâce à la religion musulmane. Macron, moi, je le déteste », s’est ému un des manifestants, Youssoupha Sow.
Plusieurs pays musulmans ont été le théâtre de manifestations après les déclarations faites le 22 octobre par Macron promettant de continuer à défendre le droit à la caricature. Emmanuel Macron réagissait à l’assassinat, le 16 octobre, d’un professeur d’histoire-géographie décapité en France par un jeune Russe tchétchène pour avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves lors de cours sur la liberté d’expression.
Les propos de Macron ont été perçus par de nombreux musulmans comme hostiles à l’islam. Il a depuis tenté l’apaisement en disant comprendre que les caricatures aient pu choquer les musulmans mais en soulignant que l’Etat était garant de la liberté d’expression. La population du Sénégal, qui a conservé des liens étroits avec la France, est musulmane à environ 95%.
Les quatre grandes confréries soufies auxquelles appartiennent la plupart des Sénégalais jouent un rôle prépondérant, spirituel et temporel sinon politique, dans la vie du pays, réputé pour sa tolérance religieuse.
« Ce n’est pas pour dire qu’on est contre la France ou contre qui que ce soit d’autre », a déclaré l’une des nombreuses musulmanes ayant répondu à l’appel à manifester, Awa Thiam. « On veut juste que nos concitoyens, les musulmans comme nous, aient le droit de pouvoir pratiquer leur religion tranquillement. Il ne faut pas qu’on fasse peur aux gens, qu’on leur fasse croire que c’est une religion de terreur, de méchanceté (…) En fait, il n’y a pas plus paisible que l’islam ».
D’autres, comme Kara Sow, étaient plus remontés: « Nous sommes vraiment énervés qu’on dise du mal et qu’on caricature le prophète Mahomet. On préfère le prophète à nos parents ». L’islam, dans son interprétation stricte, interdit toute représentation de Mahomet.