LES NATIONS UNIES DÉBARQUENT AU CAMEROUN
Et ce qui devait arriver arriva. Après avoir longtemps fermé ses portes aux enquêteurs des Nations-Unies pour les exactions commises par l’armée camerounaise et les sécessionnistes dans les deux régions anglophones, Paul Biya vient de céder aux pressions internationales. Michelle Bachelet du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies va débarquer au Cameroun au mois de mai pour » une visite de travail « .
Le conseiller des affaires étrangères à la Mission permanente du Cameroun auprès de l’office des Nations unies à Genève, Côme Damien Georges Awoumou, a confirmé cette visite de travail sur » invitation officielle » du président Paul Biya lors de la 40e session du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies tenue du 25 février au 22 mars dernier.
Depuis l’année dernière, les autorités camerounaises ont systématiquement refusé de collaborer avec le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme pour venir enquêter dans les deux régions anglophones et l’Extrême Nord du pays . L’organisme onusien souhaitait enquêter sur les accusations de torture et d’exécutions extrajudiciaires, visant les forces de défense et de sécurité. Yaoundé a toujours utilisé des subterfuges pour empêcher aux enquêteurs de venir fourrer leur nez dans ses » affaires intérieures »
Zeid al-Hussein, le prédécesseur de Michelle Bachelet à la tête du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme menaçait le gouvernement camerounais en juillet 2018: « Vous savez, même si vous ne nous laissez pas entrer, on va enquêter. Et on va continuer à faire pression jusqu’à ce que vous nous laissiez entrer, et là on rendra compte ».
Acculé par les États-Unis et l’Union européenne, isolé par ses homologues africains, Paul Biya ne peut plus continuer de faire le bras de fer. Il est maintenant obligé de laisser venir le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme des Nations Unies, au moment où les dignitaires du régime sont entrain de dénoncer les ingérences étrangères.
L’invitation de Paul Biya est une manœuvre diplomatique qui montre son affaiblissement. Comment expliquer que le régime qui a fermé la porte aux Nations Unies depuis plus d’une année , se décide à l’ouvrir maintenant ?
Le chef d’État camerounais cherche à se sortir de l’étau qui se resserre autour de lui en se pliant aux pressions internationales. Mais avec les rapports des enquêteurs qui seront déposés sur la table de l’ONU, l’avenir du Cameroun se jouera bien à l’extérieur. Tant pis pour ceux qui continuent à chanter que le Cameroun est un pays indépendant et souverain qui n’autorise pas les » ingérences étrangères « .