LES OPPOSANTS QUI S’OPPOSENT À L’OPPOSITION

LES LEADERS POLITIQUES AU CAMEROUN ET EN AFRIQUE DOIVENT POUVOIR, EN TOUTE FRANCHISE, DIRE :

– Je veux changer ma vie et non changer la vie, le pays, car la politique est encore, compte tenu des avantages et privilèges qu’elle garantit, un bon moyen de mobilité sociale, dans des contextes de chômage massif, de faiblesse des salaires et d’absence d’opportunités pour les jeunes.

– Je veux devenir député ou maire dans mon village, mon arrondissement ou mon département, car il est encore difficile de parvenir à la vision de Krumah ou Um Nyobe : detribaliser la vie politique et bâtir de véritables nations. Il vaut mieux s’appuyer sur ses frères et sœurs du village pour construire une carrière plutôt que de s’encombrer d’utopies sur la Nation…

– Je préfère accompagner un président qui est en place depuis des décennies plutôt que de voir un homme politique ou une force de l’opposition parvenir au pouvoir, surtout si cet « adversaire » est issu d’une tribu, d’une ethnie qui me pose problème ;

– Ne pas appartenir au parti au pouvoir ou à la majorité présidentielle ne signifie pas que l’on est de l’opposition.

– Il vaut mieux que mes partisans et followers combattent une force de l’opposition plutôt que le pouvoir. Ça me permet de mieux apparaître comme un « opposant responsable » et de mieux négocier un éventuel poste dans un gouvernement de large ouverture ou de Dialogue National…

– Les élections ne servent pas à favoriser l’alternance ou les alternatives, à améliorer les conditions de vie, mais à améliorer la vie de mes partisans, de mes frères du village qui me suivent et animer mes followers.

– Si je change de version et d’opinion tous les 15 jours, c’est pour mieux négocier avec le pouvoir et ses émissaires.

Pour que nos pays changent, il faut que les leaders politiques assument. Qu’ils assument au besoin leur « oppositionnement ! »

Cela décanterait le marigot politique. Au moins, l’eau y serait plus claire et on verrait au fond, les crocodiles y compris les plus jeunes.

A.Mounde