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LES POPULATIONS SACCAGENT LES ÉCOLES PAILLOTES APRÈS LA MORT DE 26 ÉLÈVES AU NIGER

 

La ville de Maradi a décrété un deuil et une suspension de cours de trois jours à compter de  mardi. Au moins 26 enfants âgés de 5 et 6 ans sont morts  lundi (08.11.2021) dans l’incendie de leur école, faite de classes en paille et en bois, à Maradi, dans le sud du Niger.

« On ignore l’origine de l’incendie, une enquête est ouverte pour la déterminer », a indiqué Chaïbou Aboubacar, le gouverneur qui a aussi annoncé un « deuil de trois jours au niveau de la région de Maradi ». Le directeur régional de l’éducation de Maradi, Mamane Hadi a confié à  qu’il s’en remettait aux techniciens en charge de l’enquête, d’établir les circonstances de ce drame. « C’est vraiment un drame, nous n’y pouvons rien », a déclaré le directeur régional de l’éducation qui appelle « les uns et les autres à plus de vigilance ».

Un drame à répétition « Ce tragique évènement vient endeuiller une fois de plus le peuple nigérien en général et l’école nigérienne en particulier », regrette le gouvernement dans un communiqué publié lundi soir (08.11.2021). Il décide en conséquence « l’interdiction formelle des classes en paillotes au niveau du préscolaire sur toute l’étendue du territoire ».

Selon une source locale, peu après l’incendie, plusieurs habitants ont saccagé les autres paillotes de l’école et mardi, lors des funérailles, les visages de la population étaient durs, tirés par la tristesse et l’angoisse, a confié un enseignant sur place. Même s’ils ont conscience des problèmes financiers de l’État, les syndicats réclament a minima que les plus jeunes enfants n’étudient plus dans ces classes paillotes et demandent leur suppression à terme.

Ces classes paillotes qui sont donc au centre de la polémique après ce drame sont pourtant très nombreuses au Niger. Il y en a plus de 36 000 dans le pays ; des classes provisoires faites, comme leur nom l’indique, de paille et d’huile. Ces installations sont très fragiles et inflammables, mais possèdent un avantage non négligeable : celui d’un coût de fabrication très faible.

Construire des classes en matériaux définitifs était l’une des promesses de campagne du président Bazoum, une promesse pas encore tenue en raison du manque de moyens financiers.

Lundi, en Conseil des ministres, le gouvernement a décidé l’interdiction des classes paillotes pour les préscolaires, c’est-à-dire les enfants de moins de six ans, mais à Maradi, la totalité des enfants décédés avaient entre six et neuf ans.

En avril dernier à Niamey, 20 petits enfants avaient succombé dans un incendie similaire. Cette fois, ils sont au moins 26. Le bilan est encore provisoire et il y a de nombreux blessés. À noter que le gouvernement va verser une indemnité conséquente aux familles des victimes de l’incendie.

A Maradi, les parents ont accouru par centaines à l’hôpital pour identifier leurs enfants.
« La situation est très grave, parce que même les enfants qui respirent encore, c’est de la morve qui coule de leur bouche. C’est insupportable à regarder. C’est indescriptible. Je suis entré dans la salle d’identification des victimes, à la recherche de deux enfants. Mon neveu et le fils de mon ami. Je n’ai retrouvé aucun. J’ai vu le fils d’un voisin. Je lui ai montré l’enfant et il ne l’a même pas reconnu. Il a fallu qu’il appelle son nom, pour que l’enfant réponde. C’est très triste. Regarde combien nous sommes nombreux, et je ne pense pas qu’il y ait plus de 20 enfants en soins. Il y a des morts. J’ai vu au moins trois corps sans vie. Je les ai découverts pour voir si les enfants que je cherchais y étaient. Les autorités doivent prendre d’urgence des mesures par rapport aux classes en paillotes, surtout pour les enfants qui ne savent pas comment faire face à un feu ».

L’incendie de l’école à Maradi est survenu au lendemain de l’effondrement dans une mine d’or dans la même région.

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