LES SALAIRES MYSTÉRIEUX DES CHEFS D’ÉTAT AFRICAINS
En Afrique, le salaire touché par les chefs d’Etat pour leur fonction relève d’un secret d’Etat.
Pour certains analystes cette pudeur vis-à-vis de la rémunération des chefs d’Etat peut s’expliquer par l’énormité de la somme qu’ils perçoivent par mois pendant que leurs pays sont sous « assistance financière ».
Au Rwanda , les choses sont plus claires. En plus d’un salaire brut mensuel de 5,5 millions de francs rwandais (environ 6 900 euros, somme inchangée depuis au moins deux ans), Paul Kagamé a droit à une indemnité de 6,5 millions, à cinq véhicules de fonction ainsi qu’à des « frais de représentation » à la charge de l’État.
À Tunis, il a fallu attendre la chute de Zine el Abidine Ben Ali pour que ce type de débat perce au grand jour. Et encore, les Tunisiens n’ont découvert que très récemment que leurs anciens présidents conservaient une retraite quasi égale à leurs revenus lorsqu’ils étaient en exercice. Ces polémiques surgissent donc surtout là où l’État de droit et la transparence ont progressé. Peut-être sont-elles, paradoxalement, le signe d’un certain progrès.
Alors que le SMIG dans la majorité des pays africains tourne autour de 100. 000 F CFA (environ 152 euros), les salaires officiels des présidents africains varient 1,6 millions et 5,2 millions (soit entre 2500 et 8000 euros) à en croire nos confrères de Jeune Afrique.
Dans le lot, certains présidents se démarquent. C’est sans doute le cas du Camerounais Paul Biya surnommé le « bénévole » puisque son salaire mensuel officiel serait de 131.243 F CFA soit 200 euros. Plus gourmand, son homologue ivoirien s’en sortirait avec 4,6 millions de F CFA par mois (environ 7000 euros par mois).
Si les salaires officiels de Ouattara et Biya sont bien connus, celui de Faure Gnassingbé reste un mystère. Le président togolais dont l’Assemblée Nationale a voté en décembre 2019 la loi relative à la déclaration des biens et avoirs des hautes personnalités de l’Etat n’a jamais dévoilé son salaire depuis son arrivée au pouvoir en 2005 à la mort de son père.
Opacité entretenue
Pour le Professeur Aimé Gogué, opposant à Faure Gnassingbé et candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2020, l’opacité autour du salaire du Président de la République au Togo est cultivée à dessein depuis les années 90 pour éviter que les populations fassent le lien entre le lien le salaire du président et sa présumée fortune.
« Je me rappelle que le Gouvernement de transition auquel j’appartenais avait proposé en 1992 un projet de loi fixant les émoluments et autres avantages des chefs d’institutions y compris le Président de la République. Malheureusement les conseillers du Président Gnassingbe Eyadéma n’avaient pas approuvé une telle initiative : selon eux c’était un moyen d’établir une relation entre la rémunération du Président et ce qu’il possédait comme richesse », a-t-il confié à Lynx Infos dans une interview en 2015.
David TOUMI