LES SÉLECTIONS AFRICAINES VONT AU MONDIAL POUR DANSER LE COUPÉ DÉCALÉ
À l’approche de la prochaine coupe du monde 2018 au mois de juin en Russie, pour les Africains que nous sommes, la question est de savoir s’il y’a une lueur d’espoir sous ce ciel noir du football , au regard des piètres performances passées des équipes africaines dans cette compétition de référence planétaire? L’Afrique ira t-elle encore comme à son habitude jouer les figurants à la prochaine coupe du monde? Quel paradoxe, lorsqu’on sait que le continent noir recèle un potentiel d’étoiles qui illuminent de son immense talent des championnats européens! voir évoluer ces talentueux athlètes dans leurs équipes respectives est un sacré régal, c’est du grand art, de la haute couture du football, ce sont de divins orfèvres du ballon rond. Mais, curieusement, lorsque les équipes africaines se rendent en coupe du monde, elles se contentent juste d’assurer le service minimum, comme si ce vieil adage de Pierre de Coubertin: « l’important c’est de participer. » ne semblait ne s’appliquer qu’à nous autres Africains qui démontrons toujours depuis des décennies une fascination étonnante pour l’inertie.
À dire vrai, les piètres performances des équipes africaines lors des coupes du monde passées sont à l’image de l’esprit indolent du continent noir. Oui, les équipes africaines sont dépourvues d’audace, de culot et d’ambition. En Afrique, nous n’arrivons pas encore à assimiler que la réussite ne sourit qu’aux audacieux. Pourtant, nous avons les mêmes dispositions physiques et les mêmes prédispositions techniques que les autres pays de la planète. Pourquoi n’arrivons-nous donc pas à réaliser les mêmes exploits que certains de ces pays vainqueurs plusieurs fois de la coupe du monde? Notre plus grosse performance n’est restée cantonnée qu’au stade des quarts de finale: il s’agit des Lions Indomptables du Cameroun, des Lions de La Teranga et des Black stars du Ghana. Pour l’ Africain que je suis, je reste et demeure sur ma faim, ce n’est pas suffisant, car, lorsqu’on participe à une compétition c’est pour aller jusqu’au bout, c’est à dire au moins en finale et pourquoi pas la gagner. On ne participe pas à une compétition pour s’arrêter en chemin et dire qu’on a rempli son contrat.
Les équipes africaines, avec leurs juxtapositions de stars ne jouent pas comme de vraies équipes devraient le faire; ce qui fait qu’elles sortent toujours de ces compétitions de la manière la plus honteuse à l’image des Lions Indomptables du Cameroun qui ont pendant des décennies entretenu une certaine illusion confondant à chaque fois, la sympathie que la bande à Roger Milla avait suscitée dans le monde entier, et leurs performances réelles actuelles.
Les équipes africaines ploient sous un déficit énorme de réalisme, elles sont immatures à croire que cette incapacité à nous surpasser lors des grands rendez-vous est logée dans les veines de nous autres Africains. Pourtant les joueurs africains sont de vrais professionnels si l’ on peut dire les choses ainsi. Peut-on encore apprendre à un professionnel à savoir manier son outil de travail? Ou encore, lui rappeler que pour gagner une coupe de monde il faut aller de l’avant, c’est à dire attaquer pour marquer des buts et assurer ses arrières pour ne pas en encaisser? À chaque fois les équipes africaines privent leur public de ce plaisir; alors que les autres nations arrivent avec la hargne chevillée aux tripes, nous autres Africains débarquons souvent dans les arènes de cette prestigieuse compétition avec nos boîtes à musique , et comme de grands enfants , au lieu de jouer nous dansons; à chaque fois que l’on a vu une équipe africaine s’entraîner lors des coupes du monde passées elle le faisait en dansant . Les médias occidentaux nous trouvent fort sympathiques, alors que la sympathie ne suffit pas pour remporter une coupe du monde. Nous autres Africains nous nous contentons toujours de peu de chose et dans ce cas la flatterie n’est jamais bien loin ; et aux médias occidentaux de nous rappeler pour nous endormir que « l’ Africain a le rythme dans le sang » . Une foutaise du genre; chaque chose en son temps: il y’a un temps pour chanter, un temps pour danser, et un temps pour se battre dans une compétition. jusqu à quand les équipes africaines vont-elles toujours craquer à la dernière minute, à l’image de cette équipe ghanéenne face aux sud-américains en 2010 en Afrique du Sud? Alors que les demi -finales étaient à sa portée, Gyan Asamoah fut incapable de transformer un penalty accordé par l’arbitre à la dernière seconde de la prolongation, envoyant la balle mourir désespérément sur la barre transversale. En plus, les jambes des Ghanéens tremblèrent aux tirs au but. Et nous voilà rentrés en Afrique la queue entre les jambes.
L’Afrique a t-elle tiré les leçons de toutes ces desconvenue passées? A t-elle appris de ces faiblesses et de ces manquements?Il serait donc temps qu’une équipe africaine brandisse enfin ce prestigieux trophée planétaire. Elle a tout ce qu’il faut pour cela. Il suffit d’un peu d’audace et tout ira bien.
Raphaël Elono (auteur du livre AFRIQUE LÈVE TOI ET MARCHE)