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LES TONTINARDS ET LES SARDINARDS CAMEROUNAIS BATAILLENT DEVANT LES SUISSES

VOUS ETES D’Où ? *

Frank Garbely, réalisateur suisse a posé cette question à deux manifestantes camerounaises à Genève.

La première a répondu : Je suis Bangoua, Bamiléké de l’Ouest Cameroun et on m’appelle, depuis les élections de 2018, « Tontinarde ».

La deuxième a répondu : Je suis Bulu de Meyomessala, dans le Sud Cameroun, on m’appelle moi aussi depuis ces élections-là, « Sardinarde ».

Pourquoi ces batailles ?

La première a répondu :

– Je suis ici pour dire au président Paul Biya de rentrer au Cameroun, que cessent ces dépenses folles depuis 1983, en pure perte pour notre pays, cet argent laissé à l’hôtel Intercontinental, dans les banques et profitant aux entreprises suisses, des dizaines de milliards de f.cfa, selon des enquêtes, sérieuses, menées par un consortium de journalistes et d’experts, l’équivalent de plusieurs hôpitaux, centres de santé avec plateaux techniques relevés, d’écoles et de sites touristiques de grande qualité.
Et la police suisse m’empêche d’aller jusqu’à l’hôtel où loge Paul Biya…

La deuxième a répondu :

– Je suis là pour défendre les Institutions de la République, le chef de l’Etat, je suis une patriote qui ne veut pas qu’on salisse l’image du Cameroun à l’extérieur, pour qu’on laisse tranquille le président pour qu’il se soigne et passe ses vacances en paix avec sa famille. Et je suis parti de l’hotel où l’on a permis que nous manifestions pour le président pour le dire ici et je me fais agresser…

Le réalisateur suisse désespéré leur dit ceci :

– Si nos présidents dépensaient autant d’argent à l’extérieur pour se soigner, nous n’aurions pas ces hôpitaux de réputation mondiale où tous vos dignitaires se précipitent.
– Si nous passions nos vacances, chaque année à plus de 6000 km, aucune station thermale, aucun hôtel de grand luxe, aucun domaine de randonnée, aucun terrain de golf de dimension internationale, rien de tout cela n’aurait vu le jour. Genève, 15 km2, dont la taille du port de Douala, ne serait pas cette ville, devenue une capitale mondiale.
– Si nous avions vos vallons et coteaux, à couper le souffle, de l’Ouest et des Grassfields, les paysages lunaires des Rhumsiki, les eaux thermales et le sable doré de Mouanko, les tortues marines de Campo, la fraicheur du poisson de Kribi, les cent chutes qui découpent vos fleuves , mers et prises sur l’Océan, vos terres d’Oku qui produisent l’un des meilleurs cafés au monde, nous aurions multiplié notre richesse nationale par cent, en injectant l’argent du pétrole que vous avez et que nous n’avons pas, de vos mille matières premières, dans un tourisme de niche et de haut standing.
– Si nous avions vos fèves rouges de cacao, uniques au monde, cultivées dans le Sud-Ouest du Cameroun, qu’importe la compagnie suisse Cacao Barry, nous n’aurions pas besoin d’aller si loin pour produire ces chocolats que vous achetez à prix d’or, remplissant les bagages de vos élites.

Il est interrompu par une autre grande figure suisse Jean Ziegler, militant altermondialiste :

– Vous savez il y’a beaucoup d’argent que vos chefs d’Etat ont laissé ici. Est-ce normal que ce soit encore des militants suisses qui se battent pour que ces fonds soient rétrocédés à vos pays ? La partisane de Paul Biya, baisse la tête et répond non !
– Vous savez que c’est ici en Suisse qu’a été tué, le 3 novembre 1960, Félix-Roland Moumié, héros de l’Indépendance et de la Réunification de votre pays, par un militaire-espion franco-suisse dont le complice était Charles Necht, le chef de la police de Genève. Alors les intérêts financiers et économiques, pour la France et la Suisse sont au-dessus des droits de l’Homme, et donc que la police de Genève ne peut hésiter à stopper ceux qui dérangent ces intérêts ? La militante anti-Biya, baisse la tête et répond c’est vrai.

Les deux Suisses leur disent en chœur :

– Vous êtes toutes les deux des victimes :

• De nous, car nous vous vivons en partie de l’argent que vos dirigeants viennent déposer et dépenser ici.
• De votre président, à qui vous devez, ensemble, en vous tenant la main, et lui dire et exiger de lui, deux choses essentielles : d’un, qu’il est temps de ne plus compter sur nous pour des médiations dans vos crises et conflits auxquels nous, Européens et Occidentaux, nous ne sommes pas étrangers. Vous avez des pays et des grands Hommes en Afrique qui peuvent servir de médiateurs crédibles. De deux, qu’avec la crise des devises actuelles en Afrique centrale, les immenses problèmes de pauvreté et d’infrastructures révélés par le retrait de la Can, la place du président est au Cameroun. Avec cet argent dépensé à Bangoua et Meyomessala, vous auriez des terroirs desenclaves et la diaspora orienterait ses fonds vers l’investissement…

Donnez-vous la main, comme vous venez de le faire, agissez ensemble, en filles d’un même pays, le Cameroun, faisant face aux mêmes problèmes : avec l’argent de vos tontines, vous pourriez transformer les sardines en produits de conserve ! Un jour, vous n’aurez plus besoin de venir en Suisse pour tous ces problèmes…

A. Moundé Njimbam

* scène fictive ( parodie ) basée sur les travaux de ces personnalités suisses et la synthese des évènements du 29 juin à Genève.

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