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L’ÉTAT UNITAIRE DU CAMEROUN EST MORT, LES ÉTATS TRIBAUX SONT NÉS

Quand je vous demande d’aller très vite à la Fédération, et immédiatement, c’est parce que je je vois ce que vous ne voyez pas ! La fédération est le seul modèle qui va nous éviter les rivières de sans qui s’annoncent après Biya !

Certains tentent de jouer, parce qu’ils ne voient que le profit qu’ils en tirent ! Mais c’est un tgrave manque de discernement. Car l’Etat unitaire, tel qu’il a été constitué, n’est plus viable au Cameroun et va s’écrouler sur nous.

De fait, c’est un Etat artificiel totalement antagonique à la Nation hétérogène sur lequel il s’applique. Et s‘il a pu faire illusion pendant 60 ans, c’est simplement parce qu’il offrait une situation à tout le monde, en termes d’emplois directs et d’opportunités : à sa création, tous ceux qui avaient un Certificat D’Etudes Primaires avaient un emploi assuré, et ceux qui avaient suivi une formation technique trouvaient largement des activités bien rémunérées.

En échange de ces avantages, l’Etat pouvait entretenir une idéologie artificielle, où il demandait aux Camerounais d’être d’abord Camerounais, avant d’être de leurs tribus respectives.

Mais cela n’a jamais été une adhésion sincère ! Les Camerounais y adhéraient pour des besoins purement instrumentaux, et comme cela ne gênait personne, ils ont basculé dans une hypocrisie collective où tout le mode tenait publiquement le discours de l’unité nationale, mais agissait en tribu. Cela permettait d’entretenir une illusion d’unité, alors que dans le fond, rien n’avait changé.

Dans ces conditions, il suffisait que l’Etat cesse de pourvoir ces avantages pour que la situation change totalement. Et c’est bien cela qui va se passer : par son évolution et l’évolution du contexte, l’Etat du Cameroun s’est retrouvé totalement débordé, incapable de répondre à une demande sociale qui évoluait de manière exponentielle, alors que ses moyens plafonnaient. D’om un rationnement sévère d’emplois, de revenus et d’opportunités.

Or, chaque fois qu’un tel rationnement survient dans une Nation, il se traduit concrètement par une violente compétition intercommunautaire sur les avantages de l’Etat, à savoir les emplois publics, les postes de pouvoir, les infrastructures collectives et les rentes comme les marchés publics.

Par le fait même, l’Etat qui prétend bâtir l’unité nationale devient sa première ennemie, puisqu’il alimente les tensions tribales sur ses avantages. Cette compétition qui ne peut que s’intensifier débouche naturellement que sur deux types de mouvements :

-LES MOUVEMENTS D’AGRESSION DE L’ETAT : les Communautés, exaspérées, n’acceptent plus la tutelle d’un Etat qui ne leur apporte rien ! Suivant le cas, elles peuvent alors réagir, soit en tentant de mettre la main par la force sur le pouvoir pour en contrôler les avantages, ce qui peut basculer dans une guerre généralisée si d’autres Communautés ont les mêmes prétentions. Soit alors, demander leur séparation ;

-LES MOUVEMENTS D’HOSTILITE A D’AUTRES COMMUNAUTES : c’est le phénomène de bouc-émissarisation, où chaque Communauté cherche un coupable à ses malheurs qu’ils trouvent naturellement dans les étrangers ou les allogènes, ce qui peut naturellement déboucher sur les purifications ethniques.

Pour le cas du Cameroun, l’Etat est épuisé et n’a plus les moyens de répondre à la demande sociale du Cameroun et doit se réformer en profondeur afin qu’il survive. Cela signifie qu’il faut absolument mettre un écran entre l’Etat et les citoyens, en éclatant l’Etat en deux niveaux :

-un premier niveau, sous la forme des Etats fédérés qui traitent la demande sociale de leurs citoyens respectifs. Les citoyens de l’Adamaoua doivent voir leur demande sociale traitée au niveau de l’Adamaoua, ceux de l’Est au niveau de l’Est, et ainsi de suite.

-un niveau fédéral, qui traite la demande sociale des Etats fédérés, de manière globale, tout en étant isolé par les citoyens.

Les Etats Fédérés formeront ainsi un indispensable écran entre les citoyens Camerounais et l’Etat fédéral, de telle sorte que la demande sociale ne vienne plus se concentrer à un seul endroit, Yaoundé. Ce modèle va considérablement limiter l‘intensification des compétitions intercommunautaires, et réduire la monstrueuse attractivité du poste de Président de la République qui alimente tant les guerres tribales.

Certains continuent à jouer avec le Cameroun, incapables qu’ils sont de lire els dynamiques qui travaillent notre pays. Les événements qui se passent au Cameroun ne sont pas un hasard : la violence des débats lors des élections, les tensions opposant les communautés, les mouvements sécessionnistes, tout cela, nous le connaissons depuis de longues années.

L’Etat unitaire a réussi plus ou moins à les contenir jusqu’aujourd’hui, mais il serait erroné de croire qu’il peut indéfiniment les contrôler, car au fur et à mesure que le temps passe et que le rationnement s’intensifie, ces dynamiques s’intensifient à leur tour, jusqu’à prendre un caractère explosif.

Les mouvements que vous avez vus à Sangmélima ne sont donc qu’un coup de semonce d’une contestation généralisée de l’Etat, comme régulateur monopolistique de la vie collective. Ils relaient de ce fait la crise anglophone, mais aussi toutes les réclamations issues des diverses parties du Cameroun.

Mais contrairement aux époques passées, ces mouvements ne vont plus s’arrêter. Face à un Etat impotent qui ne peut plus répondre à la demande sociale émanant des Communautés, celles-ci ont levé leur tête et il n’existe aucune force qui peut encore les étouffer !

Sans compter que dans cet objectif, elles sont appuyées par le discours violemment communautariste des Réseaux Sociaux.

Les Anglophones ont imposé le statut spécial, mais ce n’est qu’un début ! Les autres Communautés vont suivre!

Et que personne n’espère aux capacités de l’Etat à mettre fin à ce mouvement! Il n’a rien pu faire contre les Amba Boys qui l’ont chassé des zones rurales et imposent des Viles Mortes et des Rentrées Mortes à Buea et Bamenda.

C’est donc une grave erreur de se reporter sur les capacités de l’Etat à maintenir les Communautés sous son contrôle ! Il n’en a pas les moyens !

D’ailleurs, l’Etat unitaire est tellement épuisé que dès qu’il a payé les salaires et financé ses guerres, il n’a plus aucun sous pour investir. On peut bien voir avec la CAN qui s’approche, alors que les stades qu’on affirmait achever incessamment tombent en ruine, faute d’argent.

N’en parlons plus de tout le système productif qui se délite, ni des autoroutes et autres totalement abandonnées.

Face à la pression des Communautés, les partisans de l’Etat unitaire tentent désespérément de leur faire avaler leur modèle de décentralisation qu’ils ont copié de la France : étrange génie où il faut tout copier de la Métropole, au mépris des réalités locales !

A coups de campagne médiatique, ils tentent désespérément de vendre cette pacotille aux Camerounais, avec des techniques de marchand à la sauvette. Malheureusement, un tel modèle ne marchera pas. Et ils le verront leurs propres yeux aux prochaines élections régionales, où les conflits entre autochtones et allogènes prendront des tournures de plus en plus explosives, sans que cet Etat puisse faire quoi que ce soit.

Il faut prendre définitivement acte d’une réalité : l’Etat unitaire, avec ses « unités nationales » administratives est mort !

Et s’il persiste, il finira dans des purifications tribales généralisées !

Il faut aller à la Fédération !
Et immédiatement !

Dieudonné ESSOMBA

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