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L’EXÉCUTION DU NATIONALISTE CAMEROUNAIS ERNEST OUANDIÉ PAR LA FRANCE

Président de l’UPC à  36 ans après l’assassinat au poison par la France de Félix-Roland Moumié (à Genève le 3 novembre 1960 à 35 ans), Ernest Ouandié est natif de Badoumla dans l’arrondissement de Bana, dans le Haut Nkam. Ouandié signifie «qui est en sécurité». Ce jeune déclaré Héros National le 27 juin 1991, voulait mettre le Cameroun en sécurité par rapport à l’Oppresseur, au Colon.

Son père Djemo fut astreint aux travaux forcés à Djimbong à Kekem. Ernest fit ses études à Bafoussam, à Dschang et à Yaounde où il obtint le Diplôme des Moniteurs Indigènes (DMI). Après le décès de sa femme Njila (fille de Diffo Petko), il se maria à Douala le 5 décembre 1948, avec Marthe Eding. Il surnomma son cinquième fils Ruben Um Nyobé. Après avoir infligé de sévères pertes à la France, il s’exila à Accra où il fit trois enfants avec une nigériane, Ernestine, qui fut assassinée à Foumbot. Le Colon est immoral. Sa veuve Eding est morte à 95 ans, le 15 avril 2016, en son domicile de Bonabéri. Notre pays n’a rien fait!

Directeur de l’école publique du quartier New-Bell à Douala le 6 novembre 1948 à 24 ans. Il est de plus en plus scandalisé par le joug obscène de la France. 4 ans plus tard à 28 ans, il quitte sa famille à vélo pour mener une quête importante dans la lutte avec l’UPC. Il est rapidement élu Vice Président à Eseka. Ensuite parcours l’Est et le Mbam pour sensibiliser les Camerounais contre l’Envahisseur. En 1955, il s’exile au Cameroun Anglophone. La Grande Bretagne interdit l’UPC le 3 juin 1957. Il sont une dizaine contraints à se déporter à Khartoum au Soudan dont Félix Moumié et Abel Kingue.

En Mars 1959, il participe à l’assemblée extraordinaire de l’ONU. On enverra
Albert Mukong (Secrétaire Général du One Kamerun de Ndeh Ntumazah) à Accra en 1960, qui l’encourage à abandonner la lutte armée et à participer aux élections de 1960. Il s’opposera à cette traîtrise. Il rencontrera Nelson Mandela au Caire et se mettront d’accord pour la lutte armée désormais seul moyen de s’affranchir de l’Occident et de l’apartheid.

Son arrestation à Mbanga, dans le Moungo le 19 Août 1970 après une traîtrise va mettre toute la ville en émoi. Il est conduit manu militari à la Brigade Mixte Mobile (BMM) à Kondengui Yaoundé, devant Jean Fochivé dit le boucher.

Il comparaît à Yaounde le 28 décembre 1970 et est condamné à mort le 5 Janvier 1971 dans un simulacre de procès par le tribunal militaire. Ses avocats Jacques Vergès, Jean Jacques de Felixe et Ralph Milner n’ont pas obtenu leur visa.

Jacques Foccart en personne vint exiger son exécution. Ernest Ouandié refusa de demander la grâce présidentielle à monsieur Ahidjo contrairement à Monseigneur Ndogmo qui le suppliait de le faire. «Il s’agit d’un jugement de pure forme» lui retorqua le vaillant patriote.

L’exécution en place publique le 15 janvier 1971 à Bafoussam, avec le jeune Raphaël Fosting, son compagnon d’armes au maquis, et Gabriel Tabeu dit « Wambo le Courant », fondateur et responsable politico-militaire du mouvement de la « Sainte Croix pour la libération du Cameroun ».

BRICE RODRIGUE

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Entretien entre Jean Fochivé et Ernest Ouandié quelques jours avant l’exécution Ouandié

Ouandié : Nous sommes quand même ici chez nous, que je le sache. Pendant combien de temps crois-tu que nous continuerons à laisser les Français nous dicter leurs lois sans réagir ?

Fochivé : Ceci durera tant que des hommes comme toi n’auront pas trouvé une stratégie de lutte autre que la violence contre le néocolonialisme

Ouandié : Ce néocolonialisme ne doit son existence et sa force qu’à des gens comme vous

Fochivé : Si ce n’était pas nous, ce serait vous. Ce n’est qu’une question d’idéologie.

Ouandié : Explique-moi un peu votre choix et votre amour pour la France

Fochivé : Cela s’est déjà vu en Afrique, c’est le choix et l’amour de l’esclave pour son maître

Ouandié : Qui s’explique simplement par la peur.

Fochivé : Oui, la peur d’être là où tu es en ce moment

Ouandié : Parce que tu crois que j’ai peur de mourir ?

Fochivé : Tout homme qui se donne une valeur a toujours peur d’une mort inutile. La tienne aujourd’hui ne servirait pas ta cause. Il y a aussi la vie de ces innocents, de jeunes Bamiléké que des illusionnistes comme toi ont embarqués dans cette galère. C’est tout cela qui doit te tourmenter quand tu penses à la mort. Et puis, permets-moi de te poser une question : Crois-tu que si le départ ou la mort de M. Ahidjo était une garantie pour le bien-être des Camerounais ou plus particulièrement des Bamiléké que tu évoques, serait-ce une affaire laissée entre les mains d’un instituteur ? Non, il y a beaucoup d’autres valeurs chez les Bamiléké, des gens qui n’iraient pas au-devant d’un char d’assaut avec de vulgaires fusils de chasse. Avec la mort de M. Um Nyobé, l’UPC était morte. La classe intellectuelle Bassa qui l’animait s’était retirée. Il y avait eu des ralliements et certains avaient préféré s’exiler en Europe. Seuls sont restés dans le maquis des illettrés à l’horizon obscur qui terrorisent, pillent et massacrent des populations innocentes :

Ouandié : Voilà une conversation qui tourne à l’insulte. M’en veux-tu personnellement ?

Fochivé : Oui, et ceci pour deux raisons : j’ai tenté vainement et à l’insu de mes patrons, de t’empêcher d’être où tu es en ce moment. Je t’en veux comme j’en veux à Félix Moumié qui, lui aussi, est mort inutilement. Je vous reproche à tous deux d’avoir mobilisé la dynamique jeunesse de l’Ouest pour l’envoyer à l’abattoir. Vous avez transformé des jeunes désœuvrés en guérilleros sans leur donner les moyens de se défendre. Vous vous êtes laissé tromper et les avez trompés.

Ouandié : Si je suis aussi naïf et minable que tu veux me faire croire, pourquoi donc tout ce tapage médiatique autour de mon affaire ?

Sources : Le livre, Les révélations de Jean Fochivé, le chef de la police politique des présidents Ahidjo et Biya

Arol KETCH – 15.01.2019
Fourmi Magnan égarée

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