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LA CÔTE D’IVOIRE A DEUX PRÉSIDENTS, LA RÉSIDENCE DE KONAN BÉDIÉ ATTAQUÉE

« Ma résidence a été attaquée, par des tirs à l’arme lourde, orchestrée par la CRS. Simultanément, les résidences des membres de l’opposition — Assoa Adou, Dr Abdallah Toikeusse MABRI et PASCAL AFFI N’GUESSAN ont également été attaquées. », a posté Henri Konan Bédié.

« J’étais avec le président Bédié, Président du Conseil National de Transition (CNT) à son domicile lorsque nous avons entendu des détonations, qui ont fait trembler les vitres, vers 22 heures. Je ne suis pas militaire, je suis médecin, je ne peux donc vous dire si c’est des grenades ou des kalachnikovs. Ce qui est sûr les tirs ont continué. Maintenant ça a cessé. Le domicile du SG du FPI Assoa Adou a été aussi attaqué, il y avait des tirs. Le domicile du président Affi a été attaqué. Le Professeur Hubert Oulaï, président du comité de contrôle du FPI a reçu la visite de policiers, ainsi que le domicile du président Mabri qui a été aussi attaqué. Nous sommes sûrs que cela a un lien avec la mise en place du Comité National de Transition(…) », déclare Maurice Kakou Guikahué ce mardi matin sur les antennes de RFI.

La confusion et la peur règnent en Côte d’Ivoire où il y a maintenant deux présidents : Henri Konan Bédié désigné président du Conseil National de la Transition et Alassane Ouattara, désigné vainqueur de l’élection avec 94, 27% de voix. « Est donc élu président de la République M. Alassane Ouattara », a déclaré le président de la CEI, Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, après avoir lu les scores de l’élection présidentielle qui s’est tenue samedi.

Selon les chiffres de la CEI, le taux de participation, un enjeu important de ce scrutin du fait du boycott de l’opposition, est de 53,90%.
Des militants de l’opposition, qui avait appelé à la « désobéissance civile », ayant saccagé ou bloqué environ 5.000 bureaux de vote, 17.601 bureaux des 22.381 bureaux ont pu ouvrir, et le nombre d’inscrits pouvant voter est donc passé de 7.495.082 à 6.066.441 inscrits, selon la CEI.
M. Ouattara a recueilli 3.031.483 de voix sur un total de 3.215.909 suffrages exprimés à ce scrutin marqué par des violences meurtrières.

Selon les scores annoncés par la CEI, le candidat indépendant Kouadio Konan Bertin arrive en deuxième position avec 1,99% des voix, devant les deux autres candidats qui avaient appelé au boycott mais ont tout de même reçu des suffrages. L’ancien président Henri Konan Bédié termine 3e avec 1,66% et l’ex-Premier ministre Pascal Affi N’Guessan 4e avec 0,99% .

Bien avant la proclamation des résultats, l’opposition  a annoncé la création, lundi, d’un « Conseil national de transition » présidé par l’ancien président Henri Konan Bédié. « Le Conseil a pour mission de mettre en place dans les prochaines heures un gouvernement de transition », a affirmé, lundi 2 novembre, le candidat du FPI Pascal Affi N’Guessan, au nom de l’opposition.

« Constatant la vacance du pouvoir exécutif, le Conseil national de transition aura pour mission de préparer le cadre d’une élection présidentielle juste, transparente et inclusive […] et de convoquer des assises nationales pour la réconciliation nationale en vue du retour à une paix définitive en Côte d’Ivoire » a ajouté l’ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo.
« C’est une provocation » selon le gouvernement
Joint par France 24, Mamadou Touré, porte-parole du parti présidentiel, le RHDP, affirme que « c’est une velléité pour attirer l’attention » ajoutant que « c’est un acte désepéré d’une opposition qui a échoué dans sa volonté de faire une désobéissance civile et d’empêcher les élections (…) Je tiens à préciser que ce genre d’initiative tombe sous le coup de la loi. Ils savent à quoi s’en tenir ».

Interrogé par France 24, l’analyste politique ivoirien Sylvain N’Guessan estime qu’en annonçant la formation d’un gouvernement provisoire, l’opposition semble rejouer le scénario de la crise post-électorale de 2010-2011 quand Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo avaient tous deux revendiqué la victoire, tous deux prêté serment et formé deux gouvernements.

« C’était prévisible », estime-t-il. « Le bras de fer se poursuit et il va falloir trouver une issue. Je pense que l’opposition veut susciter le dialogue politique avec le pouvoir. C’est sa stratégie et je pense que, oui, c’est possible. »

L’opposition avait déjà appelé, dimanche, à une « transition civile » et « à la mobilisation générale des Ivoiriens pour faire barrage à la dictature et à la forfaiture du président sortant », alors que des violences secouent le pays depuis le vote sans qu’un bilan exact puisse être établi.
Si la mission d’observation de l’Union africaine estime que « l’élection s’est déroulée de manière globalement satisfaisante », le Centre Carter, fondation créée par l’ancien président des États-Unis et prix Nobel de la paix Jimmy Carter, est beaucoup plus critique. « Le contexte politique et sécuritaire n’a pas permis d’organiser une élection présidentielle compétitive et crédible », estime la fondation.

De son côté, la mission d’observation de la Cédéao a souligné que « la montée de l’insécurité dans la période pré-électorale a créé une psychose ». Les populations sont entrain de fuir les grandes villes comme Abidjan en prévision d’une crise post-électorale qui s’annonce déjà comme celle de 2010.

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