MAHAMADOU ISSOUFOU FAIT SES ADIEUX ET SERMONNE LES DICTATEURS AFRICAINS
Mahamadou Issoufou est entré dans l’histoire de son pays et de la démocratie et s’en félicite : « Je suis fier d’être le 1er président démocratiquement élu de notre histoire à transmettre le pouvoir ».
Le chef de l’État sortant, à la tête du pays depuis dix ans et deux mandats, ne s’est pas présenté, comme la Constitution le prévoit et passera bien la main à son successeur démocratiquement élu . « J’ai t oujours dit que je respecterai les textes », répète, le quasi ex-président.
Sa décision lui a valu un concert de louanges, alors qu’au même moment deux de ses homologues ouest-africains, en Côte d’Ivoire et en Guinée, ont modifié leur loi fondamentale pour s’autoriser un troisième mandat. Pour le Niger, le départ annoncé de Mahamadou Issoufou marque également la première transition pacifique depuis l’indépendance, en 1960, dans un État longtemps marqué par une culture politique violente et les coups d’États.
Le président sortant Mahamadou Issoufou a donc tenu sa parole et peut se targuer désormais d’être « le premier président démocratiquement élu de notre histoire à pouvoir passer la main à un autre président démocratiquement élu ».
« C’est un exemple pour le monde entier. Je ne me limite pas seulement à l’Afrique », se réjouit Mahamadou Issoufou, ajoutant au micro de TV5 que pour beaucoup de pays, « il y a des spécificités, mais pour le cas du Niger, nous avons besoin d’institutions démocratiques fortes et stable ».
« Il ne peut pas y avoir d’institutions fortes et stables sans organisation d’élections libres et transparentes et sans alternance. Il ne peut pas y avoir d’institutions fortes s’il y a un tripatouillage des textes, notamment de la Constitution », sermonne celui qui refuse de se considérer comme un « homme providentiel irremplaçable », à l’instar des dictateurs d’Afrique francophone .
7,4 millions de Nigériens se sont rendus aux urnes dans le cadre du second tour de l’élection présidentielle. Les deux concurrents, Mohamed Bazoum et Mahamane Ousmane, ont accompli leur devoir civique, respectivement à l’hôtel de ville de Niamey, et à Birni, près de Zinder.
Le Président sortant, Mahamadou Issoufou, a également voté au même endroit que son dauphin, Mohamed Bazoum, l’ancien ministre de l’Intérieur Mohamed Bazoum, arrivé premier lors du scrutin du 27 décembre avec 39,30 % des voix, et son rival, l’ancien président Mahamane Ousmane, qui a emporté 16,98 % des suffrages.
Dans cette dernière ligne droite de la course à la présidentielle, Mohamed Bazoum fait face à une figure politique bien connue du peuple nigérien. Mahamane Ousmane, 71 ans, a dirigé le pays de 1993 à 1996. Un mandat abrégé par un coup d’État militaire qui le force à quitter le pouvoir. Ce social-démocrate féru d’économie a été président de l’Assemblée nationale au Niger, puis président du Parlement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). L’année 2020 signe son grand retour en politique en tant que candidat présidentiel du parti d’opposition Renouveau démocratique et républicain (RDE-Tchanji).
Mahamadou Issoufou quittera donc le pouvoir tête haute, le 2 avril 2021. Exemple à suivre pour certains dictateurs africains.