MAÎTRE AKERE MUNA ÉCHAPPE À UN KIDNAPPING DES SÉCESSIONNISTES
Maître Akere Muna est venu coordonner la levée de son frère le professeur Wally Muna, décédé à Paris. La dépouille est partie de l’aéroport Charles De Gaulle mercredi pour le Cameroun. La cérémonie d’inhumation devait se passer à Yaoundé, au regard de l’insécurité, des batailles rangées entre l’armée, les groupes sécessionnistes et les bandes de mafiosos qui règnent sur les bleds transformés en enfer dans les deux régions anglophones. Mais Akere Muna a tenu à honorer la dernière volonté de son frère le professeur Wallinjom. F. T. Muna qui avait demandé à être enterré dans son village natal où il a vu le jour le 5 novembre 1947 à Bali, Baiyenda.
Sans gilets pare-balles ni escorte des forces de sécurité, bravant les battements de coeur et la peur du commun des mortels , Akere Muna, accompagné de deux de ses frères, un neveu, un cousin et deux pasteurs, ont pris la direction du Nord-ouest en pleine nuit du vendredi, après l’office religieux qui s’est déroulé à Yaoundé.
Plongés dans le chagrin, ressentant le souffle glacé des fantômes, traversant les barrages emboîtés de ce parcours macabre, Akere Muna et son commando sont arrivés à Bamenda où ils ont abandonné leurs quatre véhicules et un bus pour emprunter des véhicules banalisés vulgairement appelés » taxis brouses « . De la fenêtre, ils ont vu le chaos dramatique et bordélique de la calamiteuse guerre.
C’est après l’enterrement ce samedi et le retour à Bamenda que le spectacle a commencé. À peine une dizaine de kilomètres , des hommes armés jusqu’aux dents, crocs dehors tels des chiens méchants hurlants, sont sortis de la brousse pour leur barrer la route.
Convaincus qu’ils tenaient les espions du régime Biya, ils vont faire des fouilles avant de demander aux véhicules de faire marche arrière. Maquillé comme une voiture volée, Akere Muna n’est pas reconnu. Et quand ils sont sommés de faire marche arrière, ils sèment les kidnappeurs et se barricadent dans la concession familiale .
Après plus de trois heures d’agitations hystériques, des sommations à se rendre, Akere Muna engage les négociations avec les « Amba boys « . Pas de coups de feu, de prise d’otages ou de tragédie. Rien qu’avec son charisme et sa force de persuasion, Akere Muna aura réussi à engager le dialogue avec les sécessionnistes les plus récalcitrants. Les combattants sécessionnistes ont finalement laissé partir Akere Muna et ses compagnons qui ne sont plus en danger. Toutefois, les sécessionnistes ont emporté leurs véhicules.
Voici la preuve que l’Etat camerounais s’est planté en utilisant la puissance invasive contre les Anglophones, laquelle a plutôt engendrer l’implacable guerre où est actuellement plongée le pays. Les autorités administratives sont obligées de s’encombrer de gilets pare-balles et d’escortes de garde-chiourmes jusqu’aux toilettes, de peur d’être enlevées ou tuées.
Lors de la campagne présidentielle, aucun candidat n’a osé mettre ses pieds dans les deux régions anglophones du Cameroun . Alors que Paul Biya avait mobilisé plus de 1000 militaires, policiers, gendarmes, agents de renseignements, plus les services secrets du Tchad , d’Israël et de la France pour un meeting de campagne à Maroua, il avait renoncé à la dernière heure de se rendre à un meeting à Buea, de peur d’être attaqué et enlevé par les combattants ambazoniens .
Par contre Akere Muna lui, n’avait aucun agent de sécurité à sa disposition. En fusion avec le peuple, il était derrière les motos à Limbé dans la région du Sud-ouest où il traversait les sécessionnistes qui le saluaient. Comme le disait Friedrich Nietzsche en 1888: 《 ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort》.
J. RÉMY NGONO