MAURICE KAMTO APPELLE PAUL BIYA À RECONNAÎTRE SA DÉFAITE
» Le peuple camerounais m’a donné la responsabilité de tirer le penalty. Je l’ai tiré et il y a but « , vient de marteler Maurice Kamto. Le candidat de l’opposition se déclare vainqueur de la présidentielle et appelle le chef d’État sortant à reconnaître sa défaite et procéder à une transition pacifique.
Le candidat Kamto affirme que sa victoire est confirmée par les procès verbaux qui lui sont parvenus. Selon l’article 113 du code électoral, « Immédiatement après le dépouillement, le résultat acquis dans chaque bureau de vote est rendu public ». L’article 115 stipule également que: (1) « les résultats du scrutin sont immédiatement consignés au procès verbal. Celui-ci, rédigé en autant d’exemplaires qu’il y a de membres plus deux (02), est clos et signé de ceux-ci.(2) Un exemplaire du procès verbal est remis à chaque membre présent de la commission locale de vote l’ayant signé ».
Il est donc normal que les scrutateurs du MRC qui étaient dans les bureaux de vote, aient déjà effectivement envoyé les procès verbaux à Maurice Kamto, puisque les dépouillements sont déjà terminés. Selon les alinéas (3) et (4) de l’article 115, « l’original est transmis par le président de la commission locale de vote au responsable du démembrement communal d’Elections Cameroon pour archivage. Cet original fait foi. Un exemplaire est transmis dans les quarante-huit (48) heures suivant la clôture des opérations de vote, au président de la commission départementale de supervision ou au président de la commission communale de supervision le cas échéant ».
Dans les deux grandes métropoles politique et économique Yaoundé et Douala, les procès verbaux établis dans les bureaux de vote accordent une écrasante majorité à Maurice Kamto. Cependant, dans les villes de la région du Sud d’où est issu Paul Biya, ce sont les scores soviétiques en faveur du chef d’État à qui on accrédite les 100%, comme si les scrutateurs de l’opposition avaient également voté pour lui.
Dès dimanche soir, les sources proches du pouvoir annonçaient déjà la victoire de Paul Biya dans les régions du Nord et de l’Extrême Nord, alors que le réseau téléphonique était perturbé, et qu’il était quasiment impossible de passer un appel, un sms ou une connexion internet. Le réseau n’a été rétabli que ce lundi matin à 9 heures. Les urnes étaient portées disparues après le vote et avant dépouillement dans les zones rurales enclavées . Dans plusieurs bureaux de vote installés dans des salles de classes poussiéreuses sans électricité, le dépouillement s’est fait soit dans l’obscurité, soit avec des lampes tempêtes ou des bougies. Néanmoins, les resultats récoltés dans 90% des localités donnent Maurice Kamto largement en tête avec 31% , et un vrai ras-de -marée dans les zones urbaines.
Paul Biya et ses partisans pourraient-ils reconnaître leur défaite? Impossible. Grégoire Owona, ministre à vie du régime, secrétaire général adjoint du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti au pouvoir, a carrément déclaré devant Le Monde Afrique : » Ce sont les Occidentaux qui se lassent rapidement de leurs présidents, mais la chefferie dans la culture bantoue, c’est pour toute la vie. Le chef meurt au pouvoir « .
Le Cameroun n’étant pas un village Bantou, asphyxié par les contestations dans les régions anglophones , la guerre contre Boko Haram à l’Extrême Nord, et les incursions des Seleka dans la région de l’Est, Paul Biya, physiquement et politiquement affaibli, aura de la peine à résister à la crise post-électorale avec les villes mortes qui risquent d’en découler dans les régions francophones et créer l’embrasement. Celui qui s’est autoproclamé » Homme Lion » , pourrait bien subir le sort de » L’Homme Léopard » Mobutu , ou Blaise Compaoré et Ben Ali qui avaient dû du Burkina Faso et de la Tunisie.