MAURICE KAMTO ET SES LIEUTENANTS ENTAMENT UNE GRÈVE DE LA FAIM
« Le président Maurice Kamto entame une grève de la faim pour exiger la libération des personnes arrêtées dans le cadre des manifestations du 26 janvier, estimant qu’il en est le seul responsable et par conséquent, est prêt à assumer toutes les conséquences. D’autres détenus l’ont suivi dans cette démarche », a déclaré Olivier Bibou Nissack , porte-parole du professeur Maurice Kamto sur la chaîne Equinox TV.
C’est donc une nouvelle forme de résistance non violente à l’instar de celle de Ghandi que le président du MRC vient d’engager jeudi soir. Une trentaine de cadres et militants, bien que dispersés et détenus dans des endroits différents, ont décidé de le suivre. Le trésorier national Alain Fogue qui se trouve à la police judiciaire et d’autres leaders sont entrés en grève de la fin pour une durée indéterminée jusqu’à ce qu’ils soient libérés.
Arrêté avec quelques membres de son bureau directeur dans le domicile d’Albert Ndzongang à Douala, puis transféré à Yaoundé, les enquêteurs ont signifié à Maurice Kamto que huit chefs d’accusation pesaient contre lui: attroupement, rébellion en groupe, hostilité à la patrie, insurrection, trouble à l’ordre public, association de malfaiteurs, incitation à l’insurrection, complicité.
Ses charges lui ont été notifiées au cours d’une audition qui a duré près d’une heure trente minutes, mercredi 30 janvier, dans les locaux du groupement spécial d’opération (GSO) de Yaoundé. La séance de question-réponse avec les enquêteurs s’est déroulée en présence des avocats du prévenu, sous la supervision de Jacques Dili, le directeur de la police judiciaire.
En fin de journée de mercredi, le procureur de la République avait prorogé la garde à vue des manifestants interpellés le samedi 26 janvier 2019. Selon la loi camerounaise, la garde à vue est limitée à 48 heures, mais peut être prolongée sur décision d’un préfet lorsqu’il s’agit de garde à vue administrative, ce qui serait le cas en l’espèce, selon certains officiels. Les avocats de Maurice Kamto et les personnes arrêtées n’ont reçu aucune notification en ce sens. Cependant, jeudi soir, Okala Ebodé, trésorier adjoint du MRC, annonçait que 12 des 15 militants détenus au commissariat central N°1 de Yaoundé, auraient été placés sous mandat de dépôt et conduits à la prison centrale de Kondengui.
Le président du MRC étant devenu une vraie patate chaude pour le régime camerounais, les autorités ont essayé d’intimider Maurice Kamto de signer un document renonçant à toute manifestation durant un an. Proposition qu’il a rejetée.
Droit dans ses bottes, Maurice Kamto garde toujours son calme et sa détermination. Les enquêteurs espéraient le faire craquer . Il n’en est rien. Ses lieutenants et lui ont confié qu’ils n’ont plus rien à perdre et peuvent mourir pour une cause qu’ils estiment juste. Même si le siège du parti à Nkongsamba a été scellé, Maurice Kamto appelle le vice-président et les populations à poursuivre la résistance et à maintenir les manifestations du samedi 2 février 2019.
J. RÉMY NGONO