MAURICE KAMTO, LA BOUSSOLE DE LA POLITIQUE AU CAMEROUN
Depuis le 24 août 2020, le président national du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) a lancé l’appel à la résistance nationale et au départ de l’actuel président de la république si deux préalables ne sont pas respectés : la résolution de la crise sociopolitique et sécuritaire dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et la réforme consensuelle du système électoral.
Depuis lors, il y a autant de sonorités convergentes que de sons discordants à l’égard du discours tenu ce jour-là par le leader national du Mrc. Alors que certains pourfendent sa démarche qu’ils qualifient, à tort, de logique insurrectionnelle, d’autres accréditent la symphonie de la réactance et de la résistance à l’égard de l’ordre gouvernant arc-bouté, contre vents et marées, autour de la décision d’organiser les Régionales. Mais pour quel dessein?
Au sein de la classe gouvernante, Jacques Fame Ndongo, Secrétaire national à la communication du comité central du Rdpc; Grégoire Owona, secrétaire général adjoint du comité central; et tous les autres thuriféraires du régime en place décadent ont fait des sorties publiques. Question de battre en brèche la position de M. Kamto. Même l’appel de la figure de proue du Mrc aux entrepreneurs de la société civile, aux intellectuels, aux universitaires et à la diaspora n’a pas manqué de susciter les critiques acerbes des communicants du parti au pouvoir.
Ce n’est pas là le débat, ce qui nous tient en haleine, c’est que M. Kamto est au cœur de toutes les attentions populaires au point où il régule la météo sociopolitique. Si la classe gouvernante jette l’anathème sur son discours iconoclaste, des acteurs de l’opposition camerounaise et des figures de la société civile lui emboîtent le pas et soutiennent, sans coup férir, sa posture idéologique.
De Jean Michel Nintcheu à Christian Penda Ekoka, en passant par Aimé Cyprien Olinga, Alice Nkom, Hilaire Kamga, Maximilienne Ngo Mbe, Aboubakar Ousmane Mey, les positions convergentes s’échelonnent et donnent du crédit au leader national du Mrc une semaine après avoir lancé cet appel. Incontestablement, d’autres leaders et acteurs se prononceront et prendront position soit pour accréditer sa logique, soit pour ne pas accorder les violons avec cette sonorité nourrie de la résistance. Soit!
Il est clair que depuis la présidentielle du 7 octobre 2018, le Mrc travaille à contrôler, à réguler et à prédominer l’actualité sociopolitique au gré de l’organisation des marches nationales à la résistance au hold-up électoral sanctionnées par l’arrestation de plus de 200 militants et sympathisants accompagnés par l’hégémon central du parti et de ses alliés libérés neuf mois après. Même le refus de la participation de cette formation politique de l’opposition au double scrutin législatif et municipal du 9 février 2020 est venu raviver le débat autour de ce boycott durant des semaines. Les joutes allant dans le sens soit de l’acceptation, soit de la désapprobation de cette option que d’aucuns ont taxée de suicidaire.
Le Mrc a, de surcroît, été qualifié de Ppp (petit parti politique) par l’actuel dirigeant du pays et repris par ses dignitaires, mais cet étiquetage ne confine personne dans un mutisme tant ils ont toujours à ergoter au sujet des actions et déclarations du leader du Mrc.
Même l’actualité autour de la lutte contre la pandémie du coronavirus qui sévit depuis mars 2020 au Cameroun a mis le Mrc au-devant de la scène nationale à travers la création de Survie Cameroon survival initiative(Scsi). Initiative n’ayant guère rencontré l’assentiment du pouvoir de Yaoundé et, singulièrement, des ministres de la république connus de tous. Malgré tout, Scsi a contribué à la réalisation de cette action humanitaire de lutte contre les effets de cette hydre sanitaire.
Au demeurant, il est à noter que chaque fois que le leader du Mrc éternue, des apparatchiks du régime en place toussent. Jamais Fame Ndongo n’a répondu à la flopée de tribunes libres critiques de Nintcheu, jamais, il n’a répondu à toute autre figure politique de la scène publique. Mais lorsque Kamto fait une sortie publique, aucune journée ne passe sans qu’il ne réagisse à la charge. Il n’est, d’ailleurs, pas seul tant la solidarité collégiale des communicants du Rdpc s’organise et se construit, de manière progressive, pour lui répondre. Jusqu’à quand ??? Irrémédiablement, l’on s’achemine vers la bipolarisation du champ politique camerounais.
Que quiconque le veuille ou pas, Maurice Kamto est le régulateur de la météo sociopolitique dans la société camerounaise contemporaine. Que celui (celle) qui est capable de prouver le contraire, lève son doigt!
Serge Aimé Bikoi