MAURICE KAMTO LANCE L’APPEL À UN FRONT COMMUN DE LA DIASPORA POUR CHASSER PAUL BIYA
À LA DIASPORA CAMEROUNAISE
Objet : Situation politique de notre pays et appel
à un front commun républicain pour sauver le peuple camerounais du désastre
Mesdames, Messieurs,
Je me suis adressé au peuple camerounais, le lundi 24 août 2020, sur la base de la situation sécuritaire catastrophique de notre pays, notamment dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, et des vives tensions politiques qui persistent depuis le scrutin présidentiel d’octobre 2018.
Le message principal de mon adresse était la mise en garde ferme de M. Paul BIYA et de son régime sur l’organisation de toute nouvelle élection dans notre pays sans satisfaire aux deux exigences suivantes :
Négociation et mise en place d’un cessez-le feu dans le cadre du conflit armé dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest ouvrant la voie à un véritable Dialogue Nationale Inclusif ;
Certains parmi vous ont voulu donner une chance à la paix en prenant part au « Grand Dialogue National », organisé du 30 septembre au 4 octobre 2019 à Yaoundé. Cependant, près d’un an après sa tenue, chacun peut constater que le régime a, une fois de plus, abusé de la confiance de ceux qui, comme vous, ont cru qu’il entendait mettre un terme aux tueries et créer les conditions du retour à la paix dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest de notre pays.
Depuis la fin de ce Grand Dialogue National, la situation sécuritaire n’a cessé de se dégrader. Lors du double scrutin municipal et législatif du 9 février 2020 que M. BIYA a tenu, contre toute logique politique et donc simplement par bravade, les Camerounais et plus spécifiquement les populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ne se sont pas senties concernées. C’était déjà le cas dans ces deux régions lors du scrutin présidentiel du 7 octobre 2018. Les « élus » des deux régions et leurs familles sont aujourd’hui, pour la plupart, des déplacés internes voire des réfugiés au Nigeria, car ils ne se sentent pas en sécurité dans leurs régions, même avec la protection de l’armée.
A l’occasion de notre détention arbitraire, et même au regard de l’attention que vous portez au sort du Vice-Président Mamadou Yakouba ‘MOTA’ et aux douze autre militants du MRC encore injustement détenus, vous nous avez démontré votre attachement à la justice.
Lors de ma tournée en Europe et en Amérique du Nord, j’ai touché du doigt votre intérêt pour le changement pacifique dans notre pays. Je suis conscient que dans la diaspora tout le monde ne partage pas mon approche pacifique de la lutte, ni toutes les options du MRC et de ses alliés sur différents sujets nationaux. Cependant, je suis convaincu qu’au-delà de tout ce qui peut nous diviser, nous avons en commun d’aimer notre cher et beau pays et sommes tous soucieux de son avenir.
Mesdames, Messieurs,
Dans vos pays d’accueils respectifs – en particulier pour ceux d’entre vous qui vivent dans des pays démocratiques – vous êtes témoins de ce que l’Etat de droit, la bonne gouvernance et les institutions démocratiques sont les préconditions du développement.
Le régime de M. BIYA essaie d’afficher un semblant de normalité pour leurrer la communauté internationale, mais chacun peut voir que notre pays tombe en ruine. Ce régime a volé le rêve de plusieurs générations de Camerounais. Nos compatriotes des régions anglophones et ceux victimes de la lutte contre Boko Haram vivent l’enfer dans une sorte d’indifférence du pouvoir en place et de la communauté internationale. Les finances publiques sont en difficulté.
La situation sociale est catastrophique, l’extrême pauvreté cessant de gagner du terrain. La gestion du Covid-19 a confirmé la médiocrité du leadership du régime. La situation est bloquée et le pays est au bord de l’implosion. Devant cette situation d’urgence d’une exceptionnelle gravité, nous avons l’impérieux devoir historique de dépasser toutes nos divergences pour sauver notre peuple du désastre.
Mesdames, Messieurs,
L’heure est grave ! Toutes les forces progressistes, qu’elles soient politiques, intellectuelles, universitaires ou de la société civile, de l’intérieur comme de la Diaspora doivent s’unir pour mettre pacifiquement, mais de façon résolue, un terme à la descente, visiblement planifiée par le régime dictatorial, de notre pays dans les abîmes. Dans cet esprit, elles doivent demander le départ pur et simple de M. Paul BIYA du pouvoir, s’il engageait de nouvelles élections politiques au Cameroun, à commencer par les élections régionales, sans avoir satisfait aux deux exigences rappelées ci-dessus.
La Diaspora a un rôle décisif dans cette dernière phase de notre lutte. Je compte sur vous. Le peuple camerounais en détresse également. Restons soudés et nous vaincrons !
Fait Yaoundé le 25 août 2020