MESSANGA NYAMDING, LE FOU DU ROI ABATTU PAR LES GLADIATEURS DU ROI
Par Martial Owona
Dans les sociétés de cour des 16, 17, 18, 19ème siècle, il a toujours su exister plusieurs types de personnages : Les courtisans, les thuriféraires, les nobles, les princes et bien évidemment les ouvriers et les esclaves parmi lesquels se rangent fort aise les gladiateurs. Dans ces sociétés, deux personnages sortent toujours du lot: Le fou du roi et le bossu du roi. Leur spécificité est justement de n’appartenir pas toujours à une classe sociale spécifique.
Le bouffon, fou du roi, ou » le fou », est un personnage comique, dont la profession était de faire rire les gens. Les plus connus sont les fous des rois et les fous des seigneurs. Citons Triboulet, fou du roi François Ier. Il y a aussi des femmes « fous » ou « folles », par exemple Cathelot, folle de Catherine de Médicis. Les fous font rire. Ils divertissent, et utilisent l’insolence.
Le fou du roi est donc un personnage loufoque qui se donne plaisir à critiquer les courtisans et nobles de la cour. De manière véhémente et sans vergogne, il s’en donne à cœur-joie. Insultes par ci, moqueries par là, le fou du roi distribue à tous railleries et ignominies.
Ayant accès à la cour en tout temps, le fou du roi bénéficie de la protection de ce dernier. Et d’ailleurs tous les courtisans et les nobles de la cour sont obligés de l’accepter. Ils ne sauraient contrarier leur maître, le roi. Le fou du roi raconte les histoires (vraies) et les commérages de la cour avec un humour noir qui finit par lasser les courtisans et les nobles car ses propos sont toujours adressés contre eux. C’est lui qui porte au soleil royal les complots de palais des impatients héritiers autoproclamés du trône.
Le bossu pour sa part est un personnage intelligent mais dont le confort intellectuel est entaché par son handicap (sa bosse). Le bossu se voit généralement confié des missions d’ambassades par le roi mais son handicap ne lui permet pas de voir plus loin et d’accéder à des positions de courtisan ou de noble de la cour encore moins de fou du roi. S’il a accès à la chambre du roi, le bossu a toujours la prétention d’y propulser celui qui le consulte ou sollicite ses services. En effet, il est connu pour sa prétention à maîtriser les dossiers les plus secrets de la cour.
Le destin tragique du bossu est de se retrouver, à cause de sa prétention démesurée confinée dans la tour la plus haute du donjon jusqu’à la fin de ses jours ou exilé hors du royaume pour vivre dans la brousse comme un réclu. Après les bons et loyaux services rendus au Roi pour la survie de son pouvoir.
A l’image du bossu du roi, Charlemagne Pascal MESSANGA NYAMDING, le professeur d’université, titulaire de multiples doctorats aura pendant près de quatre décennies usé de cette intelligence pour les missions d’ambassadeur du roi. Il sera celui qui contre vents et marées aura impulsé ce courant en marge du Rdpc, le parti de Paul Biya nommé »le biyayisme ».
Pour lui il s’est agit de soutenir un homme, une institution trahi par ses propres créatures et ses créations politico administratives. Un engagement politique qui aura eu son prix à la réalité connue de tous : l’impossible accession à la caste ni des courtisans, ni des nobles de la cour du roi. Expulsé de cette cour il ne lui ai resté que l’errance intellectuelle dans les amphis du savoir.
Puis il a adjoint à la castagnette du bossu celle du fou du roi. Lui est ses amis Charles Ateba Eyene, Pius Ottou, Hubert Mono Ndzana. Tous »des fous » qui portaient à l’oreille du Roi les complots du »Senat »; les ambitions gargantuesques des courtisans et les estocades de la noblesse. Sur les plateaux de télévision et les studios de radio, ils amusaient le peuple et son roi. Ils s’adjugeaient les faveurs et la sympathie de ce peuple nourri au vin, aux jeux et ennivré par un anthropophagique commérage des lambris d’or des couloirs royaux.
La satire de Pr Charlemagne Pascal MESSANGA NYAMDING portait sur l’explosion de mauvaises mœurs et les attitudes de la noblesse dirigeante. Il y en avait aussi pour les aspirants, les anciens quelques choses de la République et les courtisans. Il y en avait plein le nez des odeurs pestilentielles des héritiers autoproclamés des Républiquettes politiques autonomes agréées auprès de la République du Cameroun…
Sur l’écriteau de sa croix, la noblesse en accord avec les courtisans et les aspirants a apposé »’ Actions non conformes »’. Mais au registre des mutilations expiatoires se sont greffé l’outrage à la hiérarchie, violation des consignes, non respect du règlement intérieur…..
Le »chien » qui aura contre vents et marées contrecarré le courant des modernistes est donc passé à l’autel du jeu des contres pouvoirs qui se joue dans l’arène des duels à mort. Sans en avoir demandé du sang pourtant, le sable de l’arène de César a été taché politiquement et peut être bientôt juridiquement de celui de cet autre fou du roi. Un épais silence s’est abattu dans le public des observateurs des gladiateurs. Le doute questionne l’avenir… Les silences ebruitent l’echos des combats nouveaux de demain… Entre les deux, le promoteur du biyayisme en chien de faïence avec ses camarades d’hier. Pour l’ultime combat dont d’avance la raison le sait condamné à une défaite et /ou victoire certaines.
Mais il fallait bien que cela prenne fin.
Le fou du roi s’en est allé, il y a longtemps… Du temps des sociétés de classe. Le Bossu aussi. Notre modèle social (la République des liens) a su en créer d’autres à l’image des 7 vies du phénix. Le sort du fou bossu du roi vient d’être scellé. Tel est désormais la nouvelle vie du Pr Messanga Nyamding.