Afrique Politique

 » MIEUX VAUT VIVRE AU BURKINA FASO QU’AU CAMEROUN « 

Par Michel Biem Tong, journaliste web en exil

« Vraiment, ce Michel Biem Tong est un éternel raté. Pendant que les vrais gens vont en exil en Europe, lui il s’établit dans un pays pauvre parce qu’il n’a pas pu avoir le visa pour l’Europe ». Des inepties comme celle-ci m’ont très souvent été renvoyées sur le visage par des givrés de la cervelle vivant au Cameroun. Comme quoi la pauvreté d’un pays n’est pas qu’une affaire de manque d’infrastructures.

D’abord, il convient de rappeler à ces imbéciles et attardés mentaux de la pire espèce vivant au Cameroun que lorsqu’on décide de quitter son pays pour aller s’installer à l’étranger, ce n’est pas pour du tape à l’œil ou du prestige, cela ne relève pas non plus d’un quelconque mérite. On part de son pays pour un but précis ou des raisons précises. En ce qui me concerne, c’est pour fuir les persécutions dans mon pays d’origine du fait de mes opinions politiques que j’ai quitté le Cameroun et dans une telle situation de détresse et même d’urgence, on est appelé à s’installer n’importe où y compris dans des pays dit pauvres.

Parlant de pauvreté, je tombe des nues quand ce sont des citoyens d’un pays comme le Cameroun qui manque du strict minimum qui regardent d’autres pays de haut. Qu’ils sachent donc que dans le cadre de la lutte contre la COVID-19, le pays « pauvre  » dans lequel je me trouve a débloqué près de 400 milliards de FCFA pour les mesures d’accompagnement. Ne me demandez pas combien leur pays « riche » a débloqué pour les mêmes objectifs. Qu’ils sachent que pendant que dans leur pays « riche », en plein Yaoundé, on se ravitaille en eau potable dans des ruisseaux à l’eau douteuse, dans le pays  » pauvre » où je me trouve, les bornes fontaines ONEA sont présentes dans chaque quartier.

C’est quand même dans ce pays pauvre qu’un monument en or a été érigé à l’honneur du cinéaste camerounais, Dikongue Pipa, alors que dans leur pays « riche », ce dernier est abandonné dans l’anonymat et le dénuement total. C’est quand même dans ce  » pays « pauvre » que l’électricité se paye à la carte Cash Power pendant que dans leur pays très riche, des agents d’Eneo leur font payer cher des factures d’une énergie électrique qu’ils ont à peine. Pendant que dans ce « pays pauvre », les population ont en 10 jours fait tomber une dictature de 27 ans, dans leur pays très riche, ils estiment qu’un grabataire de près de 90 ans est une assurance tout risque à la tête de leur État. Je préfère m’arrêter à ces seuls éléments de comparaison car je pourrais en énumérer bien d’autres.

Que certains de mes compatriotes apprennent donc à regarder autour d’eux avant de parler de pauvreté dans d’autres pays. Et puis quelle idiotie que de croire qu’avoir quitté le Cameroun pour un autre pays africain et pas l’Europe ou l’Amérique est déshonorant. Sapristi ! Et les français, les américains, les anglais, les norvégiens et les canadiens qui quittent le confort de leur pays pour venir résider en Afrique, plus précisément dans le pays où je suis, en quoi déméritent-ils? Qui leur a dit que quand on quitte le Cameroun pour s’installer ailleurs en Afrique, on est appelé à y demeurer tout le restant de sa vie?

A ces compatriotes à la mentalité prélogique, je leur conseille de se faire établir un passeport et de sortir du pays pour un autre à l’indice de développement humain qui le relègue au rang des plus pauvres, ils auront honte d’être considérés comme Camerounais.

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