NANA AKUFO ADO ORDONNE L’ARRESTATION DU PRÉSIDENT ET LA DISSOLUTION DE LA FÉDÉRATION GHANHÉENNE DE FOOT
Nana Akufo-Addo avait fait de la lutte contre la corruption son crédo pendant la campagne de l’élection présidentielle . Et voici que son nom est cité dans un vaste réseau de corruption au sein de l’instance dirigeante du football ghanéen. Après avoir ordonné l’arrestation du président de la Fédération , le chef d’État du Ghana , 24 heures seulement après la première diffusion officielle du documentaire d’investigation du journaliste Anas Aremeyaw Anas, accablant Kwesi Nyantakyi, président de la GFA, vice-président de la CAF et membre du Conseil de la FIFA, des officiels, des arbitres dans un vaste scandale de corruption, le gouvernement local , a décidé de dissoudre la fédération, avec effet immédiat.
Le gouvernement ghanéen annonce la mise en place d’une instance provisoire et précise qu’il va communiquer cette décision à la CAF (Confédération africaine de fooball) et à la FIFA (Fédération internationale de Football ) pour remettre en place une fédération saine.
Le documentaire « Quand la cupidité et la corruption deviennent la norme « , est l’œuvre de la journaliste Anas Aremeyaw Anas. Il dure deux heures et fait des révélations fracassantes . Le président de la Fédération est dans le rôle de l’acteur principal. Kwesi Nyantakyi, patron de la FA et membre du Conseil de la FIFA, a été filmé dans une chambre d’hôtel avec un pot-de-vin de 65 000 dollars reçus d’un homme d’affaires supposé sponsoriser la ligue de football ghanéenne. L’action la plus terrible de cette vidéo montre Kwesi Nyantakyi qui s’engage à faciliter l’octroi de contrats gouvernementaux importants à l’homme d’affaires, à condition qu’il verse des pots-de-vin d’un montant de 12 millions de dollars pour des hauts responsables, dont le président Nana Akufo-Addo lui-même . Ainsi, le président Nyantakyi demande 5 millions de dollars pour le président du Ghana Nana Akufo-Addo, 3 millions de dollars pour le vice-président Mahamudu Bawumia, 2 millions de dollars pour le ministre des routes, 1 million de dollar pour un ministre adjoint des routes, etc.
Le chef d’État Nana Akufo-Addo qui a regardé la vidéo depuis le mois dernier avant sa diffusion, a été choqué et a nié toute relation avec les réclamations de pots-de-vin. Il a ordonné l’arrestation de Nyantakyi qui ne se trouvait malheureusement pas au Ghana et a lancé une enquête criminelle contre lui pour avoir mêlé son nom à cette affaire qui mouille le football et le gouvernement ghanéens .
Telle une gangrène cancérigène, tous les secteurs du football sont pollués. La vidéo montre des arbitres qui prennent des chèvres comme pots- de-vin , encaissent des sommes de 300 à 4 000 cedis (64 à 858 dollars) pour fausser les matchs.
Les Ghanéens sont sortis en état de choc en découvrant ces scènes honteuses lors de la projection du documentaire dans l’auditorium de 6 000 places du Centre international de conférences d’Accra. Ça suscite l’indignation dans tout le pays, jusqu’aux prêtres et diplomates. Curieusement le mois dernier , avant même la sortie de la vidéo, les dirigeants de l’Association de football avaient publié un communiqué pour soutenir leur président, clamant haut et fort qu’il était un ange innocent et blanc plus que neige. Maintenant ils dansent le tango à reculons sur un volcan en ébullition de corruption.
La GFA dit qu’elle travaille avec l’instance dirigeante du football mondial, la FIFA pour la mise en place d’une initiative nationale d’intégrité qui luttera contre le vice de la manipulation des matches. Elle avoue avoir été alertée de la possibilité d’un « matchfixing « au Ghana il y a huit mois, alors qu’elle venait de nier tout cela avant la projection du documentaire de la journaliste qui a été qualifiée de tous les noms d’oiseaux de mauvaise augure.
La décision du chef d’État ghanéen de mettre ses pieds pour balayer la maison de corruption du football ne va malheureusement pas passer à la FIFA, elle-même plongée dans les magouilles et carrambouilles dans toute sa colonne vertébrale. Elle va brandir la menace de la suspension du Ghana dans toutes ses compétitions durant au moins quatre ans. Et voilà pourquoi les présidents de fédérations, jouissant de l’immunité, continuent à voler et contaminer tous les acteurs et secteurs du football africain. Le résultat est là: quart de finaliste au Mondial en 2010 en Afrique du Sud, les Black Stars, surnommés » Brésiliens d’Afrique « , vont regarder maintenant la coupe du monde à la télé et risquent même disparaître de l’échiquier du football continental. Comme le dit un proverbe africain: 《 une seule brebis galeuse finit par contaminer tout le troupeau 》.
J. RÉMY NGONO