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PATRICE TALON ÉLU COMME SASSOU NGUESSO ET MOBUTU SESE SEKO

« Le duo Patrice Talon et Mariam Talata (candidate à la vice-présidence à ses côtés) obtient dès le premier tour la majorité des suffrages exprimés », a déclaré Geneviève Boko Nadjo, la vice-présidente de la Commission électorale nationale autonome (Cena). Le président sortant a obtenu 86,36 % des suffrages exprimés, score digne de l’époque de l’empereur Bokassa et du maréchal Mobutu Sese Seko!

Aucune surprise, aucun suspense comme lui-même l’avait annoncé  » KO au premier tour ». Mais qui étaient donc ses adversaires ?Patrice Talon faisait face à deux candidats d’opposition quasiment inconnus du grand public : Alassane Soumanou, qui a été ministre du président Thomas Boni Yayi, et Corentin Kohoué, un politicien béninois qui s’était lancé pour la première fois dans la course à la présidence. Bref, le match c’était président Patrice Talon contre les accompagnateurs de Patrice Talon, puisque tous les poids lourds de l’opposition ont été exclus par Patrice Talon.

Et malgré tout, Patrice Talon est encore accusé de braquage par son propre porteur de sac. En effet, Alassane Soumanou avait déjà  dénoncé des « bourrages d’urnes » et une élection non transparente avant même la publication des résultats. Une façon de jouer à l’opposant, mais qui, pour l’instant, n’a toujours pas réagi.

C’est plutôt Alain Orounla, le porte-parole du gouvernement qui s’était déjà précipité à réagir sur des vidéos de fraudes diffusées sur les réseaux sociaux en prétendant  mardi, peu avant l’annonce des résultats, que « le but (des auteurs des fraudes) était réellement de discréditer le processus électoral après avoir échoué dans leur projet de déstabilisation du pays ».

En fait, le seul enjeu de Talon était le taux de participation. Et malgré qu’il se soit substitué à la CENA pour donner l’autorisation de voter avec n’importe quel document, ça ressemble à un flop magistral. Le scrutin a été marqué par une participation faible, comme l’ont noté les observateurs de la Cédéao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) ainsi que ceux de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), et confirmé la vice-présidente de la Commission, qui a déclaré un taux de participation de 50,17 %. Juste la moyenne tirée par les cheveux à la façon d’un élève qui quitte du tableau d’honneur au dernier admis de la classe!

En effet, le Bénin autrefois servant d’exemple,  a reculé dans le classement de la démocratie. L’ONG de défense de la démocratie Freedom House, financée par le gouvernement américain, a rétrogradé le Bénin l’an dernier dans son classement mondial, de la catégorie « libre » à « partiellement libre ».

Des opposants avaient d’ailleurs appelé au boycott du scrutin, dénonçant une élection gagnée d’avance, avec un président « face à lui-même ».Outre sa volonté de se maintenir au pouvoir, l’opposition lui reproche d’avoir modifié la Constitution pour s’assurer un contrôle total du Parlement et d’avoir exclu ses principaux opposants de la course à la présidence, les grandes figures de l’opposition étant en exil, incarcérées ou frappées d’inéligibilité.

Lors de sa première élection en 2016, il s’était engagé à devenir le premier président africain à instaurer un mandat unique de sept ans (contre cinq ans renouvelable une fois au Bénin). Il s’est installé et ne veut plus entendre parler de cet engagement qui figurait dans son programme et avait favorisé son élection. Le pouvoir est sucré comme le miel. Celui qui tente de s’approcher de l’abeille Talon, est piqué.

Au Congo Brazzaville Sassou Nguesso a été élu avec  88,40%,  à  Djibouti c’est  98%, au Bénin c’est  86%. Patrice Talon  est donc désormais dans le trio de tête au classement africain.

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