PAUL BIYA, LA LOI DE L’ÉTERNEL RANCUNIER
Le Cameroun , en jargon diplomatique est passé du statut d’Etat de non droit , à celui d’Etat voyou. Ce que les anglo-saxons appellent “ Fail State “ . Un État dans lequel , en dehors des aspects sécuritaires , uniquement destinés à la conservation du pouvoir au profit du potentat , l’État ou ce qui en tient lieu , ne contrôle plus grand chose , du fait de la déliquescence des mécanismes économiques .
Mais revenons en , à ce dont je souhaite prioritairement vous entretenir, c’est-à-dire aux raisons du renvoi du procès de la honte au 8 octobre 2019 .
Comment en est- on arrivé là ?
Peu de temps , après l’ouverture des débats , Christian Penda Ekoka , président du mouvement agir , un allié politique de Maurice Kamto , arrête lui aussi depuis le 28 janvier , pour exactement les raisons identiques , a soudain été pris d’un malaise , suscitée vraisemblablement pas l’exiguïté de la salle , mais pas seulement !
L’homme âgé de 67 ans ,souffrait déjà de nombreuses pathologies qui se sont aggravées durant sa détention , et notamment du fait de du manque d’accès à ses médicaments , pendant les premiers jours de son arrestation , où alors qu’il se trouvait solitairement confiné au SED ( Secrétariat d’Etat à la defense) , personne n’a pu le voir ou le rencontrer .
Dans un véritable État de droit , ce brillant économiste Malimba, tout comme Maurice Kamto , aurait comparu libre à son procès . Car , il offre ce qu’on appelle en droit , des garanties de représentation. Ce qui signifie tout simplement , que disposant d’une adresse , et jouissant d’une bonne moralité pour n’avoir aucun précédent avec la justice , ce qui s’appelle trivialement n’avoir pas de casier judiciaire, il a pignon sur rue .
Au lieu de quoi , se servant de la justice comme d’un instrument destiné à régler des comptes politiques, Paul Biya veut humilier des pères de familles , et des hommes tout à fait respectables , en leur imposant la rudesse des conditions détention humainement inacceptables .
En quoi Maurice Kamto , qui n’a absolument aucun intérêt à se dérober à la justice , en prenant la poudre d’escampette, menacerait la sécurité de l’Etat , en comparant libre à son procès , puisque comme tout prévenu , il est présumé innocent jusqu’à la manifestation effective de sa culpabilité, au- delà du doute raisonnable ? L’homme dispose d’un logement et d’une adresse à Yaoundé . Il aurait pu se soumettre , à toutes les conditions requises d’un contrôle judiciaire , y compris en se présentant deux fois par jour , matin et soir , au commissaire de police ou à la gendarmerie du choix des autorités , avec confiscation de son passport .
Paul Biya l’éternel rancunier .
La vérité est toute simple : comme tous les tyrans , Paul Biya a la rancune tenace . C’est que dans le subconscient du dictateur , tous ses collaborateurs présents ou passés , lui doivent tout , y compris leurs talents .
Ce type qui s’est fait intronisé, et initié chef coutumier par tous les chefs chefs traditionnels du Cameroun , en est arrivé à se mentir à lui – même , et à finir par se croire le chef de tous les chefs traditionnels du Cameroun , et par déduction , par croire détenir son pouvoir de Dieu .
Le contester , équivaut presque à commettre un sacrilège, si ce n’est un crime de lèse – majesté , uniquement expiable par le sang .
C’est dans cette logique , que le dictateur est désormais entré avec Kamto, l’homme qui lui a fait mordre la poussière dans les urnes , mais que lui continue de percevoir comme son ancien ministre, sa créature qui lui doit tout , à l’instar des Jacques Famé Ndongo , Bindoum Kpat et consort …
Pour Paul Biya , ce genre d’affront se lave , si ce n’est dans le sang , au moins dans d’atroces souffrances capables de faire en couler beaucoup sur les murs .
La démarche politique , de Christian Penda Ekoka , présente quelques similarités avec celle de Maurice Kamto .
Adhérent critique du RDPC , l’homme a pensé pouvoir changé les choses de l’intérieur en y influant , au moyen de la critique constructive . D’où son acceptation de l’offre , d’officier comme conseiller technique, à la présidence de la République.
Tout comme Maurice Kamto , il va se distinguer par son intégrité en refusant le logement de fonction , gracieusement mis à sa disposition, à l’exact motif que disposant déjà de sa propre maison à Yaoundé , il ne voyait pas l’utilité de jouir des avantages , de la gratuité d’un autre logement aux frais de l’Etat .
Tout comme Maurice Kamto , il va rapidement constater et toucher au plus près , les limites et la difficulté de l’exercice , avant de jeter l’éponge . Et c’est son attelage avec Maurice Kamto , qui lui vaudra les foudres du tyran camerounais.
Il avait commencé à intriguer, l’entourage présidentiel en refusant , alors qu’il exerçait toujours comme conseiller technique à la présidence, de signer une pétition une pétition des élites de son littoral natal , appelant à une énième candidature de Paul Biya .
À ce moment là , alors qu’il a sa carte au RDPC , depuis 22 ans , il refuse catégoriquement de battre campagne pour Paul Biya , auquel il reproche d’aller trop lentement , dans un monde où tout va vite . Ce qu’il résumera lui – même , par une formule lapidaire , qui fera florès et mouche au palais : “ la stratégie des petits pas “
Fonctionnant en électron libre , il reproche dès les premiers jours de l’éclatement du malaise anglophone , aux autorités , les nombreuses maladresses avec lesquelles ils ont géré ce dossier . Peu ou pas du tout écouté , par le premier cercle des courtisans zélés du régime , Christian Penda Ekoka préconise d’emblée , des vraies négociations sur la base de la sincérité , avec la branche modérée , pour couper l’herbe aux pieds des extrémistes.
Là encore , comme sur d’autres dossiers , il sera royalement ignoré , et ses recommendations avec .
Christian Penda Ekoka, et Maurice Kamto , aux yeux de Paul Biya et des siens , sont tout simplement coupables d’avoir osé remettre en cause , le caractère de la divinité sacrée et imaginaire , du pouvoir personnel du boucher de Mvomeka’a .
Ils ont tous deux , donné un énorme coup de pieds à la fourmilière , et ouvert la boîte de Pandore . Avec ou sans eux , il sera désormais impossible , de faire rentrer les diables qui en sont sortis .
La machine est lancée , et absolument rien ni personne , ne parvient à l’enrayer ou à l’arrêter . L’équation étant posée , quelque soit la durée du temps , il faudra bien que quelqu’un la résolve ! Ce n’est donc qu’une question de temps !
Et c’est en cela que consiste le grand mérite de ces deux hommes . C’est aussi leur crime , et la source de leurs ennuis . Même si l’addition est salée , ils peuvent payer , à condition que le peuple garde intacte , la flamme de l’espérance qui s’est levée . Et ça va se faire ! Car , Kamto n’est pas Fru Ndi !
Jean-Pierre Du Pont