PAUL BIYA, PRIX NOBEL DU PARTI ÉTAT TRIBAL
» SI TU ES NEUTRE EN SITUATION D’INJUSTICE, ALORS TU AS CHOISI LE CÔTÉ DE L’OPPRESSEUR. » Cette citation de Desmond tutu doit résonner comme une cloche dans l’âme de chaque camerounais en ces moments critiques de notre vie politique nationale.
Par Ulrich Armel
Comment comprendre ce qui nous arrive ?
Pour comprendre le cameroun actuel, remontons à la période pré-électorale, alors que le corps électoral était convoqué le 07 octobre par décret signé le 09 juillet par le président de la République, des indignations s’étaient fait ressentir dans la classe politique camerounaise et notamment dans l’opposition. L’on se demandait alors comment dans une république comme la notre, le chef de l’état est le seul maître du jeu politique, il nomme tout seul les membres d’élécam, les membres du conseil constitutionnel et par ricochet, il s’arroge le pouvoir d’existence sur ces organes qui sont d’ailleurs la clé de toutes élections au cameroun.
De ce fait, il peut désormais dormir tranquille car objectivement tout est réuni pour sa succession. Il est par ailleurs important de noter qu’en aucun moment donné Paul biya n’a cessé d’être le président de la République du Cameroun durant ce processus, c’est dire donc qu’il était tout à son aise d’être président-candidat, une situation qui réduit considérablement les chances des opposants aspirant à accéder à la magistrature suprême. Car comment comprendre qu’un candidat à sa propre succession ne puisse pas démissionner du pouvoir ne serait-ce que durant la période électorale ? Comment comprendre qu’un candidat aux élections présidentielles continue de signer des décrets annonçant la date de convocation du corps électoral, de publication des résultats des élections par le conseil constitutionnel et la date de sa propre prestation de serment, donc, exercant allègrement toujours le pouvoir pendant cette période.. .. Je me pose toujours la question de savoir s’il a cessé d’être chef de l’Etat avant de prêter serment ? Il me semble qu’il serait plus logique de démissionner de la présidence, de se porter candidat aux élections et ensuite de prêter serment pour être le nouveau chef de l’Etat si on a été réélu car la prestation de serment marque l’entrée en jouissance de la fonction présidentielle dans le cas des élections présidentielles…. Qu’il me soit dont permis de rire devant tout ce cirque.
Organisation et stratégie de pérennisation du pouvoir politique.
Dans cette configuration atypique où tous les éléments du système sont positionnés au bon endroit et au bon moment, l’élite politique joue un rôle essentiel dans la pérennisation du système gouvernant actuel et comment cela se traduit-elle ? Vous avez sans doute été indignés du fait que le candidat du RDPC n’a pas battu campagne durant cette élection, qu’il n’avait d’ailleurs pas de projet de société et encore moins un bilan reluisant à présenter aux camerounais. Pour comprendre cette prouesse digne d’un prix Nobel, il faut questionner l’élite politique camerounaise du RDPC et la gestion tribale de son illustre président fondateur.
Comment se passe le déploiement et la stratégie de campagne du RDPC et de son candidat ? Cela consiste tout simplement à faire dormir le » Roi lion » et de déployer chaque créatures du » Roi » dans sa région, dans son village pour que chacun aille dire à ses frères ceci : » voter pour le candidat Paul biya c’est voter pour que le fils du terroir que je suis soit maintenu aux affaires, donc si vous ne votez pas mon patron dans notre village, il va m’enlever du travail ». Voilà donc un discours que plusieurs d’entre vous ont déjà eu à écouter pendant les campagnes du RDPC, parti État au cameroun. C’est dire que le vote tribal est sa principale convoitise et pour y parvenir, ils utilisent l’élite politique. Nous voyons bien que l’assise nationale donc pourrait jouir ce parti ÉTAT se construit autour d’un vote à caractère tribale car le discours ici étant de se maintenir à des postes de responsabilités de la République en faisant élire le » créateur » par ses frères du village. Ajouté à cela on peut noter aussi l’absence d’une ligne de démarcation entre L’État et le parti, voilà pourquoi vous verrez en cette période toute l’administration camerounaise absente des bureaux pour cause de campagne électorale à la gloire du président fondateur et non au service public . Il est donc clair que l’Etat est au service d’un parti politique au lieu du contraire.
71,28%, tel est le chiffre présenté par elecam et validé par le conseil constitutionnel et qui a donné lieu à des cris de joies à l’image de GRÉGOIRE MBA MBA, maire de la ville de kribi à l’assemblée nationale, palais du peuple transformé en palais villageois par un chant en langue locale dont ce qui a le plus retenu l’attention des camerounais est » Paul biya ayop ayop ». Voilà le spectacle qui résume le tribalisme camerounais et qui veut qu’un frère du village fête en modo vision la réélection de son MANITOU avec 71,28% de suffrages.
Le résultat de la honte
Que valent 71,28% exactement ? Ah bien pour ceux qui aiment les mathématiques, ça fait environs 2,5 millions de suffrages. Sachant que la population réelle du Cameroun avoisine les 30 millions d’habitants et que pour des raisons politiques nous sommes confinés à accepter le chiffre de 25 millions, car aucun réel résultat du recensement général de la population n’a jamais été communiqué dans sa véracité aux camerounais. Sachant par ailleurs que la population majeure, c’est à dire en droit de voter est majoritaire et de 55% de la population totale selon les études menées par l’institut nationale de la statistique du Cameroun, on peut donc estimer à près de 14 millions de personnes la population en âge de voter. Se réjouir donc d’un suffrage de 2.5 millions de camerounais selon les résultats d’elecam serait malsain pour notre république et nous devrions en pleurer car il se pose un sérieux problème de légitimité du vainqueur.
Dans ces conditions décrites plus haut, de tribalisation du vote, le président candidat déploie une centaine de hauts cadres du parti dans tout le pays à travers des commissions régionales, départementales et rurales transmettre le mot d’ordre de ralliement. Cette centaine de personnes constitue le noyau dur du parti, et donc de la nation au vu de leur profil dans l’appareil gouvernemental. Ainsi, le candidat peut dormir aisément à l’ombre sans être inquiété car cettte scène constitue la partie folklorique du théâtre, la partie stratégique étant constitué essentiellement de la nomination unilatérale de ses vallets aux postes clés du processus électoral.
Le salaire de mafia
Après tout ceci, voilà pourquoi le président Paul biya semble ne pas travailler pour l’intérêt de son peuple car logiquement il ne leur doit pas sa réélection, il doit au contraire tout à ceux qui ont œuvré à le maintenir au palais, raison pour laquelle on peut aisément détourner 1000 milliards pour des projets d’intérêts commun et de ne en être pas puni, bien au contraire, ils sont promus plutôt. Voilà pourquoi on peut acheter 500 000 ordinateurs avec l’argent du contribuable et n’en livrer qu’une cinquantaine de milles sans être interpelé à ce sujet par un procureur de la République. Voilà pourquoi une partie de son pays peut être en guerre, avec toutes les conséquences négatives sur la vie de ses concitoyens et au lieu de trouver des réponses sérieuses à cela, on est dans la distraction perpétuelle avec des solutions sparadraps qui privilégient plutôt la dilapidation de la fortune publique à travers les commissions budgetivores en lieu et place des solutions populaires et concrètes visant à résoudre définitivement cette crise. Voilà pourquoi pour être nommé à des postes ministériels, il faut chanter les louanges du MANITOU et se dresser contre son ethnie en accusant les autres de tribalistes au point de tenir des propos antisémites sur les antennes de la télévision nationale dont le budget est en majorité constitué de la redevance audiovisuelle payé par les camerounais actifs. Voilà notre échelle de valeur au cameroun actuellement, un pays où au nom de la politique on peut tirer sur des gens à bout portant et dire après que ce sont des montages, un pays où on peut arrêter des citoyens que la nation a de plus valeureux pour les priver de liberté, un pays où on sort des gens sur des lits d’hôpitaux blessés pour les conduire dans des prisons parcequ’ils ont osé marcher pacifiquement. Un pays où un de ses fils est sollicité partout dans le monde pour ses services par d’autres pays mais dans son pays est traîné dans la boue au nom de la politique.
Le cameroun donne l’impression de ne plus être dirigé, les actes de sa classe dirigeante montrent clairement qu’on est dans la diversion, l’arrogance, l’excès de zèle et l’abus de pouvoir envers ses concitoyens. La République est en passe de laisser place à la rue publique, le peuple retient son souffle, l’environnement est surchaufant. Vivement que ces dirigeants, qui ont pour la plupart passés plusieurs années dans les arcanes du pouvoir et ont bénéficié de ce cameroun, puissent pour une fois travailler pour l’intérêt du peuple afin que notre pays évite ce qui se trame petit à petit sous nos yeux.
Comment en sortir ?
Je propose donc à Mr Paul biya ces mesures suivantes pour sortir de cette impasse :
– définir une période transitoire de 3 ans
– libérer immédiatement tous les prisonniers politiques, d’opinions des prisons et cellules du Cameroun.
Ogarniser un dialogue national inclusif entre le pouvoir, l’opposition, la société civile, les leaders d’opinions de tout bord, la diaspora et le peuple.
– refondre le système électoral et refaire notre code électoral de concert avec les autres partis politiques légalisés sur le territoire national
– organiser de nouvelles élections présidentielles.
– appliquer les résolutions issues du dialogue national.
Que Dieu bénisse le cameroun.