POUTINE VA PLONGER LA FRANCE ET L’EUROPE DANS LE FROID EN COUPANT LE GAZ
L’heure du grand froid approche. Les Français n’y échapperont pas : ils devront réduire leur consommation d’énergie. À défaut, il faudrait prévoir du bois de chauffage ou dormir avec les manteaux. Outre son plan sobriété qui incite les entreprises volontaires à faire des efforts, l’exécutif français a annoncé une hausse de tarifs inédite de 15 % tant dans le gaz que dans l’électricité pour 2023. Le bouclier tarifaire version 2022 n’était plus soutenable pour les finances publiques mais il en va aussi de la sécurité d’approvisionnement.
Il y a à peine un mois, le commissaire européen à l’Économie Paolo Gentiloni affichait sa confiance, questionné sur un possible arrêt total des livraisons de gaz russe.
Mais, dans un rapport trimestriel publié lundi 3 octobre 2022, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) se montre prudente, estimant que les mesures d’économie de gaz en Europe seront « cruciales » cet hiver pour maintenir les stocks à des niveaux suffisants en cas de coupure totale du gaz russe et de « vague de froid tardive ».
Il convient de rappeler qu’en réponse aux sanctions frappant Moscou depuis l’invasion de l’Ukraine, Vladimir Poutine a fait exploser les cours mondiaux . Les Européens ont tenté d’aller s’approvisionner auprès d’autres sources, en important massivement du gaz naturel liquéfié (GNL) et du gaz norvégien.
Grâce à cette stratégie de diversification, « les stocks de gaz étaient pleins à presque 90 % à fin septembre », a indiqué l’AIE, basée à Paris, tout en mettant en garde l’Europe sur les conséquences, dès cet hiver, d’une éventuelle coupure totale du gaz russe.
Dans son rapport, l’agence a ainsi établi des projections hivernales pour ces stocks « dans l’hypothèse d’un arrêt complet de l’approvisionnement russe à partir du 1er novembre » et en fonction des apports en GNL, une ressource qui fait désormais l’objet d’une « compétition mondiale ».
« Sans réduction de la demande de gaz et si l’approvisionnement russe est complètement coupé, les stockages seraient remplis à moins de 20 % en février, en supposant un niveau élevé d’approvisionnement en GNL » et « à près de 5 % en cas de faible approvisionnement en GNL », prévient l’AIE.
Face au risque de pénurie de gaz, chaque État membre de l’Union européenne (UE) doit désormais « mettre tout en œuvre » pour diminuer, jusqu’au 31 mars 2023, sa consommation de gaz d’au moins 15 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années sur la même période. Cet objectif reste sur la base du volontariat, mais la Commission européenne pourrait contraindre les pays à revoir à la baisse sa consommation. L’hiver risque d’être long et très froid.