PROFESSEUR MEON: DE COULEUVRE À SERPENT À SONNETTE
Par Michel Biem Tong, journaliste web en exil
Lui arrive-t-il souvent de boire un de trop ? Sa boule aurait-elle perdu un verrou ? Peu importe. Il faut sauver le soldat Mathias Eric Owona Nguini. Il ne s’agit plus de ce brillant esprit adulé par les Camerounais du fait de ses positions iconoclastes vis-à-vis du régime gangster de Yaoundé, avant que le mauvais esprit du « chantalisme biyaisme » ne le hante dès 2016. Mais comment sauver Owona Nguini ? Depuis quand un chat naît d’un chien? L’universitaire Mathias Eric Owona Nguini n’est que le portrait craché de son tristement illustre géniteur Joseph Owona, lui aussi professeur d’université, ancien ministre et non moins tout puissant baron du régime Biya.
Liés par le sang, le père et son fils sont également liés par une idéologie politique nocive pour le vivre-ensemble dans notre pays mais dont ils sont la caution intellectuelle : seule la race des seigneurs, des nobles « nés pour gouverner », doit régner sur le Cameroun et surtout qu’un camerounais de la race des commerçants, hommes d’affaires et « tontinard » ne prenne jamais le pouvoir dans ce pays. Alors qu’il est secrétaire général à la présidence en 1994, Joseph Owona fait appel à Ndzana Seme, ancien cadre de la Société camerounaise de banque (SCB) et directeur du journal d’investigation L’Indépendant. Il était question pour le ministre de créer un groupe de médias qui allait protéger les intérêts de ce groupe occulte et fasciste à la tête de l’Etat, issu de la race des seigneurs car d’après lui : « Un Bamiléké à Etoudi, jamais ! ».
Cette phrase bouleversante a d’ailleurs barré la Grande Une de l’édition du journal l’Indépendant parue quelques jours après cette rencontre entre le ministre Joseph Owona et le journaliste Ndzana Seme aujourd’hui exilé aux Etats-Unis. Ce numéro du journal fut interdit par la police. Ndzana Seme ayant décliné l’offre, c’est Jean Pierre Amougou Belinga (groupe l’Anecdote), Jacques Blaise Mvié (journal La Nouvelle) et Dieudonné Mveng (groupe La Météo) qui vont l’accepter. Il était question de donner du répondant à une presse dite de la « Sainte Trinité » appartenant, selon Joseph Owona et l’élite politique des « seigneurs », à un groupe ethnique « interdit de diriger le Cameroun ».
Au début des années 2000, Mathias Eric Owona Nguini, de retour de ses études de sciences politiques à l’Université de Bordeaux en France, enseigne à l’Université de Yaoundé 2 à Soa (18 km de Yaoundé). A l’opposé de son père, ses opinions sont contre le pouvoir établi et ses critiques dirigées vers celui-ci sont sans concessions. Ses analyses pointues et objectives sur le système politique camerounais et ses acteurs forcent l’admiration de la jeunesse camerounaise surtout celle estudiantine qui le porte à bout de bras.
D’après des sources dignes de foi, Mathias Eric Owona Nguini critiquait le pouvoir Biya pour mieux gagner la confiance des militants de l’opposition et des acteurs de la société civile afin de les infiltrer pour le compte des services secrets camerounais. L’activiste basé aux USA, Patrice Nouma, a souvent l’habitude de voir l’ombre d’Owona Nguini derrière la disparation de Charles Ateba Eyene, écrivain et polémiste décédé le 21 février 2014. Mais rien jusqu’ici ne nous permet de donner du crédit à ces informations.
Alors arrive 2016, l’année où tout va basculer pour Owona Nguini. Début novembre 2016, l’universitaire et deux autres de ses collègues que sont le Pr Minkoa She et le Pr Ondoa Magloire animent une conférence-débat sur les œuvres sociales de Chantal Biya. Des voix se sont élevées pour questionner le bien-fondé d’une telle démarche scientifique qui frisait le culte de la personnalité de la Première Dame. De ce colloque est né le concept « chantalisme biyaisme ».
Depuis lors, Mathias Eric Owona Nguini est devenu la bonne conscience du régime crapuleux de Yaoundé, dont le noyau dur est constitué d’un groupe occulte issu de la fameuse race des « seigneurs nés pour gouverner ». L’opposant Maurice Kamto (de la race des « interdits de gouverner ») est reçu par des hauts responsables politiques en Europe et en Amérique, Mathias Eric Owona Nguini promet une guerre de 4 à 5 décennies à ceux qui d’après lui recherchent le soutien de l’Occident pour prendre le pouvoir par la force au Cameroun.
L’une des dernières bourdes d’Owona Nguini c’est au sujet du rapport de Human Right Watch sur le massacre par l’armée camerounaise d’une trentaine de civils à Ngarbuh, dans le nord-ouest anglophone, le 14 février dernier. L’universitaire a offert son expertise à la Cameroon radio and télévision, la television d’Etat, sur le retrait par l’ONG de ce rapport de son site internet, alors qu’il y figure toujours depuis le 25 février dernier à 11h30mn. Acculé par le démenti de la chercheuse de Human Right Watch, Ilaria Allegrozzi, sur son compte Twitter, lequel démenti a été relayé par la chaîne de télé privée camerounaise Equinoxe TV, Owona Nguini n’en démord pas et parle de manipulation car pour lui, ce que Human Right Watch présente comme un rapport n’en est pas un. Rappelons que jusqu’ici, on n’a aucune idée d’un quelconque rapport que l’ONG aurait retiré de son site internet.
Voilà à quoi est réduit l’universitaire : couvrir ou justifier les crimes et les coups tordus d’un régime que son père a servi jusqu’à la démesure, s’attaquer à tous ceux qui critiquent la malgouvernance et malveillance du système Biya au point de parler de « zelotes tontinards ». Allusion faite à une certaine tribu réputée pour sa fronde vis-à-vis du pouvoir en place. Ne l’oubliez pas, chaque dimanche, il participe à une émission de débat dans une chaîne de télé à Yaoundé qui fait partie du groupe de médias au service des intérêts du « peuple de la forêt équatoriale au pouvoir » dont le projet a été conçu par son géniteur. Ceci n’a rien d’un hasard.
