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QUAND JEAN-PIERRE AMOUGOU BELINGA COMMENÇAIT…

Amougou Belinga et la malédiction de Niemöller

Bref Rappel : Martin Niemöller est ce pasteur allemand qui a théorisé l’action citoyenne à travers ses regrets d’être resté silencieux sur l’injustice que subissaient ses concitoyens jusqu’au jour où lui-même a été touché par le régime nazi. Ne s’étant jamais indigné de ce qui se passait contre les autres, personne ne s’indigna quand vint son jour de malheur. Toute cette pensée se présente dans un poème sous l’anaphore « Quand ils sont venus… » (First they came… en anglais).

Les faits au Cameroun : Quand Amougou a commencé ses choses…

Quand le journal l’Anecdote dont M. Amougou Belinga est le directeur de la publication s’est mis à publier « les listes des homosexuels », inventant ainsi le « journalisme de listes » décrié à l’époque par les professionnels, le grand public a rigolé, s’est délecté de ces articles de commérages qui ont détruit l’harmonie dans certaines famille, ruiné la réputation de certains hauts fonctionnaires, de certains artistes et même de certains journalistes.
En dehors des victimes et des professionnels des médias, personne ne s’est indigné. Ça ne nous concernait pas. Même le chef de l’État n’y est allé que d’une molle protestation au cours de l’un de ses rares discours…

Quand Amougou Belinga a été cité dans l’affaire Campost, survenue au moment même où les arrestations des fonctionnaires du ministère des Postes animaient l’actualité, en dehors de quelques journaux, les citoyens n’ont pas trouvé bon d’exiger des explications pour l’exception dont il faisait l’objet.
D’ailleurs, en dehors des épargnants de la Campost qui ont perdu leurs petits sous, le reste du Cameroun ne s’est pas indigné. Il n’était pas concerné.

Quand les dinosaures de Vision 4 ont décidé de nous ramener au journaliste d’avant la préhistoire, incitant publiquement à la haine tribale au nom de la défense du pays incarné par le régime que les « les candidats préparés et promus par les télévisions « d’une autre tribu » » voulaient déstabiliser, seuls les ressortissants de ladite tribu et quelques rares citoyens s’en sont indignés. Le reste du Cameroun, constitué des partisans du régime, des frères ethniques du chef du régime, des opposants au candidat de « l’autre ethnie qui veut prendre le pouvoir », a jubilé.

Quand la télévision Vision 4 s’est permis d’entrer dans l’intimité familiale et physique d’un intellectuel très critique contre M. Amougou Belinga, les procureurs et les juges de la république n’ont rient dit. Ils étaient occupés à condamner les détracteurs du sieur Amougou.
Le reste du pays a rigolé sur les mensurations du pauvre intellectuel, l’accusant même de tout et de rien, suggérant qu’il avait mérité son sort, lui, le triste gigolo qu’une femme a bien fait d’exposer…

Quand le sieur Belinga a alors insulté la tribu qu’il disait défendre contre l’autre « tribu des envahisseurs », ééhhh ôoh!!! la tribu des autres s’est mise à rigoler, à prophétiser : « vous allez lire l’heure !», tandis que les seigneurs insultés constataient qu’il n’y avait plus grand monde qui pouvait les défendre.

Maintenant qu’il humilie des diplomates, en insultant encore au passage, l’autre tribu des envahisseurs, le pays tout entier commence à perdre son sourire…

Le Cameroun sous la malédiction de Niemöller?
Ces événements me rappellent aussi qu’il y a quelques jours, le monde artistique a été ébranlé par un projet de loi (finalement adopté au parlement) qui infantilise et brime les créateurs des œuvres de l’esprit. On a alors vu des artistes, jadis défenseurs acharnés du système ou patriotes très nerveux vis-à-vis des activistes de la diaspora en guerre contre le gouvernement, muer en révoltés de circonstance, répétant sans retenu : « ce gouvernement est méchant! ce pays est mauvais! Ce ministre est un salaud! »
Mon constat : pour les Camerounais très patriotes, très amoureux de leur pays et « très opposés aux opposants », il faut être touché dans sa chair, dans ses affaires, dans sa famille, pour qu’il reconnaisse que « le mal existe ».

Sans doute que maintenant, il est déjà trop tard.

Venant Mboua

 

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