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RÉSOLUTION DE L’ONU EN FAVEUR DES AMBAZONIENS

Commençons par souligner que contrairement au Northern Cameroons qui a voté le 11 février 1961 pour s’intégrer au Nigeria comme une portion de son territoire, le Southern Cameroons a quant à lui choisi de s’associer à la République du Cameroun indépendante depuis le 1er janvier 1960. Les implications juridiques de l’association d’un territoire non encore autonome à un État indépendant sont visées au principe 7 (voir capture d’écran ci-dessous) de la résolution 1541 votée par les Nations Unies.

En effet, d’après cette disposition de la résolution onusienne, tout territoire qui s’associe à un État déjà indépendant doit (1) conserver ses spécificités culturelles et son individualité (ou spécificité) (2) garder la liberté de modifier son statut (3) de déterminer sa constitution intérieure sans ingérence extérieure.

Commençons par relever ces détails qui toutefois valent leur pesant d’or. Si la résolution 1541 parle d’ « ingérence extérieure », cela suppose qu’il s’agit de deux territoires séparés par une frontière internationalement reconnue qui sont appelés à s’associer et l’Etat indépendant est censé considérer le territoire qui s’associe à lui comme étranger et souverain. Ainsi, la République du Cameroun devait considérer le Southern Cameroons qui s’est rattaché à lui comme un territoire étranger et souverain. Ce qui n’est pas le cas car ce territoire a été mué en régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest de la République du Cameroun. Ce qui est illégal. Si la résolution parle de « clause de la libre association », cela suppose que l’association doit se faire sur la base d’accord ou traité comportant ces clauses. Or aucun traité n’existe entre la République du Cameroun et le Southern Cameroons. Voilà pourquoi les indépendantistes anglophones se plaignent-avec raison-d’avoir été annexés.

SPÉCIFICITÉ CULTURELLE ET INDIVIDUALITÉ

Comme indiqué supra, le territoire non encore autonome qui s’associe à un État indépendant doit garder sa spécificité culturelle et son individualité. Cela signifie que la République du Cameroun en tant que membre des Nations Unies avait obligation de préserver la langue anglaise et pidgin parlé au Southern Cameroons, son Premier Ministère, son House of Chief, son House of Parliament, etc. Malheureusement, en dehors des langues anglaises et pidgin qui demeurent pratiquées, les institutions sus-citées ont été abolies par la République du Cameroun.

LIBERTÉ DE CHANGER DE STATUT

Le principe 7 de la résolution 1541 du 15/12/1960 prescrit qu’un territoire se rattachant à un État indépendant garde la liberté de modifier son statut. En l’espèce, le Southern Cameroons qui était censé être associé à la République du Cameroun a donc le droit de changer de statut en passant de territoire associé à territoire totalement indépendant. Les revendications indépendantistes des anglophones du Cameroun sont donc non seulement légitimes mais aussi légales. Ce d’autant plus qu’il n’existe aucun traité entre les deux Camerouns.

DÉTERMINATION DE LA CONSTITUTION INTÉRIEURE SANS INGÉRENCE EXTÉRIEURE

Un territoire qui s’associe à un État indépendant doit déterminer sa législation interne sans qu’elle ne lui soit dictée par un autre État, même pas par celui auquel il se rattaché. Or la République du Cameroun a aboli la législation issue de la Common Law (système juridique anglo-saxon) qui régissait le Southern Cameroons pour lui imposer ses lois issues du droit germano-romain appliqué dans les pays de tradition francophone.

Ce sont donc ces violations qui fondent la lutte armée du peuple anglophone du Cameroun: une lutte pour le respect de sa spécificité, de sa souveraineté, de sa liberté et de sa dignité, conformément au droit international.

©️Michel Biem Tong, journaliste web réfugié

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