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RETRAIT DE LA CANDIDATURE D’ALASSANE OUATTARA ET REPORT DE L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE !?

Depuis l’annonce de la candidature d’Alassane Ouattara, chef de l’État sortant, pour un troisième mandat, les opposants de tous bords dénoncent un viol de la Constitution. Après les multiples appels de l’opposition à la désobéissance civile, la question de la tenue du scrutin le 31 octobre prochain reste encore incertaine. Dans ce contexte, organisations internationales, observateurs ou acteurs politiques sont unanimes : l’élection ne pourra se tenir sans que des négociations aient lieu avant afin d’offrir à la Côte d’Ivoire des élections libres, démocratiques et transparentes. L’organisation de prévention des conflits International Crisis Group ne dit pas autre chose. Dans son dernier rapport rendu public, mardi 29 septembre, ICG préconise un report de l’élection présidentielle.

Alors que des violences préélectorales ont déjà fait une quinzaine de morts en août, « un court report de l’élection offrirait une chance de sortir de la confrontation actuelle à travers un dialogue et d’apurer le contentieux qui rend improbable l’organisation d’une élection apaisée et transparente le 31 octobre », estime ICG. En effet, « la probabilité que cette élection accouche, en l’état, d’une crise grave, est élevée », met en garde l’organisation indépendante, dix ans après la crise postélectorale de 2010-2011 qui avait fait 3 000 morts dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.

La situation politique s’est tendue depuis que plusieurs chefs de file de l’opposition, tels Guillaume Soro et Laurent Gbagbo, ont vu leurs candidatures rejetées par le Conseil constitutionnel qui a invalidé 39 autres candidatures sur les 44 qui lui avaient été soumises. Les opposants invoquent l’article 55 de la constitution, qui précise que le président «  n’est rééligible qu’une fois  ». Le Conseil constitutionnel a estimé au contraire que l’adoption d’une nouvelle loi fondamentale en 2016, un an après sa seconde élection, instituait une «  troisième république  », remettant les compteurs à zéro et permettant ainsi au président Ouattara de se représenter. Les institutions africaines, dont la Cour africaine des droits de l’homme, ne sont pas restées immobiles face à ces faits. Elle a exigé que l’ex-chef rebelle Soro et l’ancien président Gbagbo soient réintégrés sur les listes électorales. Et, pour le second, que soit effacée la mention d’une condamnation à 20 ans de prison dans l’affaire dite du « braquage de la BCEAO », la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest, lors de la crise postélectorale de 2010-2011.

Concernant la commission électorale, la Cour africaine des droits de l’homme a également demandé qu’elle soit réformée. Sans succès à ce jour. « Ce climat tendu a fait ressurgir des questions fondamentales jamais résolues qui inscrivent la crise ivoirienne dans la durée et mettent en lumière l’échec des différents processus de réconciliation lancés depuis le Forum pour la réconciliation nationale d’octobre 2001, sous la présidence de Gbagbo », développe ICG, poursuivant « aucune de ces phases de réconciliation, y compris celle menée durant le premier mandat d’Alassane Ouattara, n’a permis de juger les crimes de guerre commis de part et d’autre en Côte d’Ivoire ».

S’il y a un report, ICG préconise de saisir ce temps pour discuter des sujets prioritaires, tels que « la composition de la Commission électorale indépendante (CEI), la révision du fichier électoral, les modalités d’un retour des exilés politiques et le sort de certains de leurs partisans, toujours emprisonnés ».

L’ONG invite également l’opposition à faire des « concessions réalistes », comme « un rééquilibrage de la CEI », plutôt qu’une « dissolution pure et simple », et le pouvoir à autoriser « le retour en Côte d’Ivoire de Guillaume Soro et de Laurent Gbagbo […], un geste capable d’apaiser le lourd climat actuel ».
« Si rien ne change et que le scrutin se tient malgré tout dans les conditions de défiance actuelles, le vainqueur souffrirait presque inévitablement d’un déficit de légitimité. […] Il serait, dans tous les cas, un président mal élu » et « héritera d’un pays extrêmement difficile à gouverner », prévient ICG.

ICG plaide enfin pour le « transfert du pouvoir à une nouvelle génération », afin de « clore l’interminable crise ivoirienne », alors qu’Alassane Ouattara, 78 ans, l’ex-président Henri Konan Bédié, 86 ans, candidat du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), et Laurent Gbagbo, 75 ans, s’opposent depuis trois décennies.

ICG n’est pas la seule organisation internationale à s’inquiéter. Aux termes d’une visite d’une semaine en Côte d’Ivoire, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Mohamed Ibn Chambas, s’est également montré inquiet quant au climat préélectoral. Il a exhorté les Ivoiriens à agir « en synergie et en concertation pour préserver l’unité et la paix ».
L’objectif de la visite était de réaffirmer l’attachement des Nations unies à l’organisation d’une élection présidentielle « pacifique, inclusive, transparente et crédible ». Un vœu qu’avait formulé le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, le mois dernier, après les violences dans le contexte de manifestations du mois d’août.

Le 14 septembre dernier, la haute-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, avait affiché sa préoccupation concernant la situation en Côte d’Ivoire où le processus électoral avait, selon elle, commencé dans « un climat politique tendu et sur fond de déclencheurs de violence préexistants liés à des questions de nationalité, de clivages régionaux et ethniques toxiques, d’inégalités économiques, de discrimination et d’impunité pour les crimes passés ».

Ces appels seront-ils entendus ? Rien n’est moins sûr, car, ce mardi, la Commission électorale indépendante (CEI) a montré qu’elle entend poursuivre le processus en annonçant le nombre d’électeurs admis à participer à l’élection, 7,5 millions. La prochaine étape pour la CEI est la distribution des cartes d’électeurs. « La Commission électorale indépendante se dirige inéluctablement vers la date du 31 octobre 2020, date constitutionnelle de tenue de l’élection du président de la République, dans le strict respect de son chronogramme prévisionnel », a expliqué Émile Ebrottié, porte-parole de la CEI.

Source : Le Point

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