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RÉVÉLATION : LA CARTE DU MONDE EST FAUSSE ET DÉSAVANTAGE L’AFRIQUE

A- La renaissance naît de la dissidence intellectuelle : l’exemple de Giordano Bruno

Giordano Bruno (1548-1600) est un prêtre dominicain, professeur de philosophie, de mathématiques et de physique. Il est accusé d’hérésie par l’Église catholique romaine pour avoir soutenu que l’univers était infini et non fini et que, à ce titre, la Terre était suspendue dans le vide ; il n’existait donc pas de Ciel. D’abord dénudé, un morceau de bois dans la bouche pour qu’il ne crie pas durant le supplice du feu, il meurt brûlé vif avec ses livres sur le bûcher le 17 février 1600. Sa mise à mort au centre de Rome à Campo dei Fiori est donnée en spectacle par le Vatican aux fidèles catholiques venus à Rome pour le Jubilé, après 8 ans de détention et de procès. C’est sur cette place aujourd’hui que rayonne une statue géante à son honneur.

À cause de ses écrits, considérés à l’époque comme blasphématoires, Bruno va connaître une longue errance qui va l’amener à séjourner en 6 ans dans 19 villes européennes telles que Gênes, Turin, Venise, Paris, Londres, Oxford…fuyant tour à tour les catholiques romains, puis les anglicans britanniques, les calvinistes suisses ou les luthériens allemands.

En 1584, Giordano Bruno écrit dans son livre intitulé « De l’infinito l’Universo e i Mondi » (L’Infini, l’Univers et les Mondes) : «La mathématique ment, la géométrie ment plutôt qu’elle ne mesure (…) C’est à l’intellect qu’il appartient de juger et de rendre compte des choses que le temps et l’espace éloignent de nous». Il ajoute : « Le ciel n’existe pas (comme l’affirme l’église), parce qu’il existe d’innombrables soleils et un nombre infini de terres tournant autour de ces soleils (et autant de dieux) à l’instar de notre système solaire. (…) il est impossible qu’un être rationnel suffisamment vigilant puisse imaginer que ces mondes innombrables, aussi magnifiques qu’est le nôtre ou encore plus magnifiques soient dépourvus d’habitants semblables et même supérieurs ».

B- Une carte du monde fausse depuis 1569

En 2012, nous pouvons nous demander si en 1584, Bruno avait raison ou tort de déclarer que l’Univers était infini et que la Terre était suspendue dans le vide. Un autre Italien du nom de Galilée reprendra les travaux de Bruno pour conclure que la Terre était ronde et non plate et qu’elle tournait autour du Soleil et non l’inverse, subissant les mêmes foudres du clergé.

Lorsqu’on regarde la carte du monde en ce XXIème siècle, on a l’impression que Bruno et Galilée ont eu tort. On a l’impression que le monde est plat. On a l’impression qu’il existe un Nord en haut et un Sud en bas.

Ce qui est faux évidemment. Parce qu’il existe bien sûr un Nord et un Sud, mais pas un Nord en haut et un Sud en bas.

La carte géographique que nous utilisons créée en 1569 est le résultat d’une vision du monde euro-centrique, dans lequel la place de l’Europe doit être au-dessus des autres continents. C’est une vision qui nous renvoie à l’époque de l’expansion des empires coloniaux européens, lorsque l’Europe devait symboliser la puissance, la domination, le pouvoir ; d’où l’idée non réelle d’une carte géographique avec un monde faussement debout avec l’Europe au-dessus et le reste du monde en dessous.

En réalité, c’est Bruno qui avait raison : nous sommes suspendus dans le vide, dans l’univers et la notion de nord et de sud n’a qu’une valeur purement d’orientation, puisque le monde n’est pas debout. Le sud peut être tout aussi au-dessus que le nord, et le nord tout aussi en dessous que le sud ; tout dépend uniquement de l’angle d’observation.

C- La géographie comme instrument politique

On considère par erreur que la géographie est une matière qui présente de façon objective l’étude de l’espace et de ses habitants. C’est faux. Pour paraphraser Giordano Bruno, la Science ment, la géographie ment avec pour objectif de participer à un lavage de cerveau dans l’optique d’avoir des dominés et des dominants qui s’installent chacun dans le rôle que le système veut bien lui assigner.

Par exemple sur les noms des régions du monde :

– L’Asie du Sud-Est : c’est une appellation créée de toutes pièces par les États-Unis en 1943 pour officiellement désigner un théâtre de guerre dans l’agenda militaire du Pentagone. Mais la vraie raison est ailleurs : en 1943, l’Inde était une colonie britannique. Et son indépendance ne fait plus de doute. Pour éviter qu’une fois devenue indépendante elle devienne une puissance régionale avec des prétentions territoriales au-delà de ce que le Royaume-Uni autorisait, toute cette partie de l’Asie qui est depuis des siècles sous influence culturelle et économique de l’Inde, va changer de nom et s’appeler désormais ASIE-DU-SUD-EST, et non plus comme avant l’Inde au-delà du Gange. À l’indépendance, cela ne suffit pas. L’Inde sera encore divisée en 2 parties, dont le Pakistan, et n’aura plus aucun moyen idéologique pour étendre une quelconque influence sur cette fameuse Asie du Sud-Est. Aujourd’hui, à la question, « combien de pays compte l’Asie du Sud-Est ? » nul ne peut répondre avec certitude. Par exemple l’ASEAN, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est créée en 1967 compte 10 pays membres, alors que l’IATA, l’Association internationale du transport aérien en dénombre 29, pour établir le prix des billets d’avion et le calcul des taxes. Une preuve que la géographie est bien à géométrie variable et n’a aucune objectivité dans ses classifications.

– Le Proche-Orient et le Moyen-Orient sont des termes péjoratifs chauvins utilisés par les Occidentaux depuis la création de l’expression en 1902 par le théoricien militaire américain Alfred Mahan pour définir et délimiter cette zone de théâtre militaire. Il relègue ces zones en périphérie afin de confirmer la centralité de l’Europe. C’est en effet « proche » ou « moyen », vu d’Europe, à partir de l’Europe. On dit Extrême-Orient, pour signifier : « très loin en Orient », mais depuis la centralité européenne, alors que le respect pour les peuples de cette partie du monde aurait tout simplement suggéré de remplacer cette appellation par « Asie de l’Est », comme on dirait « Europe de l’Est ».

Mais il y a un autre motif tout aussi morbide, c’est celui de créer une division idéologique dans la tête des personnes pour éloigner d’eux l’idée d’union, de fédération. Comment expliquer que toute l’Europe et l’Amérique du Nord distants de 10 000 km se retrouvent dans une seule région appelée OCCIDENT ? Alors que du Liban à l’Inde en seulement 1500 km on passe du proche Orient au Moyen-Orient et du Moyen-Orient à l’Asie. Comme si le Liban n’était pas en Asie. C’est ce qui va expliquer que toutes les fédérations de pays qui ont été créées après les indépendances de ces pays ont suivi cette logique coloniale de division. Un Libanais ne s’imagine pas dans la même union continentale qu’un Indien parce qu’il est convaincu de ne pas habiter le même continent.

Voilà pourquoi la Ligue arabe est une entité affaiblie dès sa création par cette anomalie d’être un regroupement ethnique et non continental. Elle se trouve pour cela à la merci des Européens à l’origine de sa création. Le nivellement sur les positions de l’Occident dans les crises libyenne en 2011 et syrienne en 2012 sont là pour le prouver. Depuis quelques années, des mouvements de prise de conscience ont vu le jour et, un peu partout, ont été bannis par les Asiatiques. Les termes de Proche et Moyen-Orient sont remplacés par des mots plus raisonnables comme Asie de l’Ouest ou Asie du Sud-Ouest. Désormais, même les Anglo-saxons ont compris la bêtise d’une telle appellation et ont banni de leur vocable l’expression Near-Orient (Proche-Orient). Ce ne sont plus que les universitaires, politiciens et médias français qui utilisent encore cette expression de Proche-Orient.

– Certains médias français et britanniques tentent le vieux rêve colonial de séparer l’Égypte de l’Afrique, et c’est pour cela qu’ils vont systématiquement classer l’Égypte au Proche-Orient pour les Français et au Moyen-Orient pour les Britanniques. D’autres vont encore plus loin et étendent le Moyen-Orient jusqu’au Maroc, même si c’est ridicule, ils ont pour le moins la consolation d’avoir contribué à morceler l’Afrique au-delà du doute raisonnable.

– En 2011, les mêmes médias ont inventé le mot « printemps arabe », pour définir un mouvement sur le sol africain, en Tunisie et jamais ils n’ont utilisé le mot printemps africain. Ce n’est pas par oubli ou par ignorance, tout est bien calculé.

– La notion de nord et de sud du monde est complètement fallacieuse, fausse, trompeuse. La raison voudrait que le monde soit divisé en deux parties par l’Équateur, les parties situées de part et d’autre de l’Équateur s’attribuent la dénomination de nord ou de sud. Dans cette logique purement mathématique, les ¾ de l’Afrique seraient situés dans l’hémisphère nord. Ainsi, le Tchad, le Sénégal, l’Éthiopie, le Ghana, le Cameroun, le Soudan, etc. qui sont des pays situés géographiquement au-dessus de l’Équateur sont dans l’hémisphère nord, alors que la Zambie, le Madagascar, l’Angola, le Mozambique, etc. situés de l’autre côté de l’Équateur sont inclus dans l’hémisphère sud. Mais la géographie officielle créée par le système dominant (dit de l’Occident) a artificiellement inventé un nord et un sud qui n’existent que dans nos têtes, tel que la propagande nous a habitués. Ainsi elle a assigné des adjectifs laudateurs et élogieux pour le premier, ce fameux nord, et d’autres complètement irrespectueux, injurieux et vexants pour le second appelé sud.

C’est pourquoi, selon ces variables immuables, le nord est riche quoiqu’il advienne ; il y a deux siècles il était déjà considéré comme « développé » alors même qu’il n’y avait ni électrification des villes, ni routes bitumées, ni hôpitaux, ni téléphone, etc. Le sud, dans lequel sont miraculeusement exclus l’Australie et la Nouvelle-Zélande est pauvre, sous-développé, dévasté par les guerres, les maladies incroyables, les dictateurs immondes, et ainsi de suite. Comme le ridicule ne tue pas, on a inventé une nouvelle variable intermédiaire pour des pays qu’on n’attendait pas dans le cercle vertueux des pays bénis appelée « pays émergents ». Ils auront beau tout faire, ils ne seront jamais des « pays développés », car c’est un titre qu’on acquiert par le sang et non par le travail. Il s’agit d’une technique déjà inaugurée en Afrique du Sud par les racistes du système de l’apartheid en créant un parlement pour les Métis, les Mulâtres et les Indiens, comme une zone tampon de sécurité pour se protéger des autres plus nombreux et réputés moins vertueux.

D- En quoi la carte géographique du monde est-elle fausse ?

La carte géographique officielle, réalisée en 1569 selon la projection dite de Mercator (du nom de son auteur, le Belge Gerardus Mercator), est fausse. Lorsqu’il a fallu trancher pour utiliser par exemple la carte géographique de Gall ou celle de Peter plus proche de la réalité, et corrigeant les erreurs de Mercator, le gouvernement américain a choisi la carte erronée et pour cause : c’est celle qui fait la part belle à l’Occident et endommage les pays non occidentaux, comme l’Afrique, l’Amérique du Sud et l’Asie. Sur les cartes officielles utilisées partout dans le monde y compris en Afrique, voici quelques exemples de malignités :

1- Le Groenland apparaît plus grand que l’Afrique alors que cette dernière est 14 fois plus grande dans la réalité.

2- Le Cameroun semble avoir la même superficie que la Suisse alors qu’en réalité, le Cameroun est 11,5 fois plus grand que la Suisse qui avec ses 41 277 km² n’atteint pas la dimension de l’une des 10 provinces du Cameroun (475 400 km² au total)

3- La Finlande et tous les pays scandinaves paraissent plus grands que l’Inde alors qu’en réalité, l’Inde mesurant 3 287 263 km² (2,3% des terres émergées) est 10 fois plus grande que la Finlande et ses 338 424 km² (0,23% des terres émergées)

4- L’Allemagne semble le double du Mozambique, alors que dans la réalité, l’Allemagne avec ses 357.114 km² est moins de la moitié du Mozambique qui a 801 590 km2

5- La Belgique semble plus grande que le Sénégal. Mais en réalité, le Sénégal avec ses 196 190 km² est presque 6 fois et demie plus grand que la Belgique qui n’a que 30 528 km².

6- La France semble avoir la même dimension que le Mali. Pourtant, dans la réalité, avec ses 1 241 238 km², le Mali a une superficie double de celle de la France qui n’en compte que 640 843 km².

7- L’Europe semble plus grande que la Chine alors qu’en réalité, avec ses 9 596 961 km² la Chine a le double de la surface de toute l’Europe d’est en ouest et représente 6,4% des terres émergées.

L’Afrique est un très grand continent, avec ses 30,2 millions de km², représentant 7% de la surface terrestre et 20,3% des terres émergées. Alors que les 46 pays de l’Europe totalisent une superficie de 5,9 millions de km², c’est-à-dire que l’Europe entière du Portugal à l’Ukraine est 4,4 fois plus petite que l’Afrique. Pourtant, dans l’imaginaire collectif, les Africains sont convaincus d’être dix fois plus petits que l’Europe, de disposer de moins d’espace vital que les Européens, ce qui n’est pas vrai du tout, comme nous venons de le voir. Voilà pourquoi en plus d’un climat très favorable, c’est à l’Afrique de nourrir l’Europe et d’en tirer un profit conséquent, et non l’inverse.

E- Conséquences pour l’Afrique

Grâce à cette carte à première vue anodine, l’Europe a réussi à installer dans la tête des Africains une acceptation de leur supposée supériorité. L’enfant africain qui regarde une carte géographique sur laquelle l’Europe est au-dessus et l’Afrique en dessous intériorise l’infériorité africaine vis-à-vis de l’Europe. Parce qu’il est naturel que l’instinct de cet enfant le pousse à comprendre que l’aspiration d’une personne est de grandir, ce qui veut dire partir du bas vers le haut, mais aussi quitter la marche à 4 pattes pour se mettre debout, grandir veut aussi dire partir de ce sud prétendument pauvre, démuni, meurtri en bas vers le nord en haut, symbole de réussite et de bien-être.

Pour défendre un continent, il faut l’aimer et pour aimer l’Afrique, il faut avoir la capacité intellectuelle de mettre comme priorité la déconstruction du conditionnement mental dans lequel presque toute la population se trouve.

Lorsque j’étais étudiant en Italie, en 1987, j’avais réalisé un test avec mes camarades italiens. J’avais pris une carte du monde que j’avais retournée et réinscrit les noms de certains pays à l’endroit, sur la carte renversée. Tous m’ont dit que ce n’était pas normal et quand je leur faisais remarquer que la terre était ronde, presque tous sans réfléchir me répondaient que l’Afrique ne pouvait être au-dessus de l’Europe et lorsque je leur demandais pourquoi, la réponse était tout aussi surprenante « parce que l’Afrique est plus pauvre ». Ce qui veut dire que pour un jeune Européen, avoir une carte du monde où l’Europe est placée au-dessus de l’Afrique est une confirmation de sa conviction profonde selon laquelle la forte Europe ne peut que dominer la pauvre Afrique et donc avoir son trophée même sur la carte géographique et être mise en haut et l’Afrique en dessous.

Quelques années plus tard, lorsque j’ai créé ma première entreprise en Chine, en 1998, j’ai fait une découverte qui, à première vue, n’avait rien de spécial, mais qui, à force d’y penser, m’est apparue comme bouleversante. Et c’est que la carte géographique qu’ils utilisaient n’avait rien à voir avec celle utilisée en Europe. Elle avait été revisitée avec la Chine au centre du globe terrestre et tout le reste autour, tels de simples satellites. Et lorsque j’ai demandé à mes collaborateurs chinois s’ils ne croyaient pas que cette carte était un peu bizarre, ils m’ont candidement répondu que c’est le contraire qui aurait été bizarre parce que selon eux, la Chine était au centre du globe terrestre, à équidistance de l’Afrique et l’Europe à gauche et des deux Amériques à droite.

J’ai passé 10 ans en terre chinoise pour comprendre que ma perception prétendument bizarre de la carte géographique montrait l’importance des symboles, même les plus insignifiants, dans la construction mentale de la fierté d’un peuple. Donner la fierté à un peuple n’est pas le résultat d’un simple slogan répété plusieurs fois, mais un sérieux travail de géostratégie pour comprendre en quoi nous sommes le souffre-douleur d’un autre peuple et en quoi nous sommes le paravent du bonheur et de la fierté d’un autre. Ensuite, nous devons prendre les décisions qui s’imposent pour, d’abord, démonter le pessimisme que l’autre nous a imprimé, avant même de mettre sur pied les mécanismes devant porter à la noblesse de tout un peuple. La pédagogie de cette déconstruction peut se révéler salutaire dans la prise de conscience effective, dès lors que les bénéficiaires sont associés à tous les niveaux du démontage, parce qu’ils auront compris le bien-fondé de leur naïveté.

F- Quelles leçons pour l’Afrique ?

Il y a 25 ans que j’ai adopté Giordano Bruno, philosophe de la renaissance italienne, comme mon maître à penser. Ses écrits m’ont permis de grandir intellectuellement, son courage d’assumer ses actes m’a convaincu d’oser aller contre la vague, pour faire accéder l’Afrique à un lendemain juste ; sa persévérance à transmettre ses connaissances contre vents et marrées m’a insufflé l’audace morale d’affronter la compromission de la médiocrité généralisée pour communiquer aux jeunes les facettes cachées d’un monde construit sur le mensonge. Pour accéder à la connaissance au XVème siècle, il fallait se faire prêtre. Bruno l’a fait. Mais dans sa chambre d’étudiant, d’emblée, il enlève toutes les images de saints, recevant les foudres de l’administration ecclésiastique. Il fait pire : il conteste la virginité de Marie, il fustige la Sainte Trinité, base doctrinale de l’Église catholique.

Ce qui n’empêchera pas qu’il soit ordonné prêtre en 1573. Il fait alors semblant d’être un dominicain modèle, mais parallèlement, il se cultive, il lit tout, surtout les textes interdits par l’Église, il retient beaucoup. Pour arriver à sa lucidité dans la critique, il a rencontré un homme qui l’a aussi façonné, Giordano Crispo, son maître en métaphysique, à qui, il rendra un hommage exceptionnel : il va se défaire de son prénom chrétien de Filippo pour adopter définitivement celui de son maître, devenant ainsi Giordano Bruno et non plus Filippo Bruno. À la lecture de sa sentence — d’être brûlé vif sur le bûcher —, il va déclarer : « Vous éprouvez sans doute plus de crainte à rendre cette sentence que moi à la recevoir ».

Un autre Italien qui a 36 ans au moment des faits prendra le flambeau de la rébellion scientifique et intellectuelle, Galilée, à partir des travaux de Bruno rescapés du bûcher, osant soutenir que la Terre tourne autour du Soleil et non l’inverse. « Et pourtant elle tourne » dira-t-il à sa condamnation à vie à l’âge de 70 ans en 1633.

Au XXIème siècle, l’Afrique se trouve dans la même situation idéologique de l’Europe du XVIème siècle. Le système dominant a fait d’elle une victime désignée. Et la propagande distillée contre elle prend des chemins insoupçonnables. La renaissance africaine viendra des Bruno, de beaucoup de Giordano Bruno capables de se former et se cultiver à outrance, hors des sentiers tracés par le système dominant et sans limites pour avoir enfin l’intelligence d’entrer en dissidence, d’entrer en rébellion culturelle et indiquer la vraie voie du progrès humain en Afrique et non ce cirque permanent de la mesquinerie intellectuelle et de l’insuffisance morale.

Lorsqu’en Afrique, dans toute l’Afrique sans aucune exception, des enseignants transmettent aux jeunes les informations fausses d’une carte géographique faite sur mesure pour empêcher l’émergence d’une fierté africaine, ils commettent une faute grave sur le plan de l’éthique avant même de l’être sur le plan historique.

Lorsqu’un enseignant dit à ses élèves et étudiants que l’Afrique est un continent pauvre alors même qu’il sait que ce n’est pas vrai en absolu, il participe à transmettre le virus de la destruction de la fierté africaine, en faisant le jeu du dominant qui, même endetté, très endetté peut continuer à revigorer sa population en s’autoproclamant pays riches, pays développés, pays démocratiques, etc., alors que tous ces mots sont tout aussi relatifs qu’insignifiants.

Jean-Paul Pougala

Extrait du tome-1 de « Géostratégie Africaine » Pages-6-19

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