RÉVÉLATIONS : LE DIABLE A PARTICIPÉ À LA CONSTRUCTION DE LA CATHÉDRALE NOTRE-DAME DE PARIS
Représentant des animaux ou des personnages imaginaires ou monstrueux, les gargouilles intriguent toujours les centaines de milliers de visiteurs de Notre-Dame de Paris. Mais pourquoi ont-elles l’air si horrible ? On dit que le Diable, à sa manière a participé à l’édification de l’édifice…
Quand elles apparaisent vers 1240, les gargouilles dont le nom peut évoquer le glou-glou de l’eau, ont d’abord un rôle technique et pratique : il s’agissait d’évacuer les eaux de pluie en les faisant retomber à bonne distance des murs. Mais bientôt, les gargouilles qui, à l’origine étaient peu nombreuses et évacuaient donc chacune de grandes quantités d’eau vont se multiplier. Les quantités d’eau passant par chacune d’elle étant moins importantes, leur structure va vite évoluer vers quelque chose de plus fin de plus léger. Et les sculpteurs vont leur donner cet aspect d’animaux ou de personnages fantastiques.
Mais comme dans tout édifice gothique ou rien n’est dû au hasard et où chaque sculpture renferme un sens caché ou ésotérique, les gargouilles vont elles aussi se voir attribuer un rôle. Placées au bord des toits des cathédrales et donc en contact avec l’extérieur, elles auront pour mission symbolique de rappeler que le Bien se trouve à l’intérieur de l’Eglise, leur aspect peu engageant ayant pour but de maintenir éloigné de ces lieux consacrés le Mal, les non-chrétiens ou plus généralement les ennemis de Dieu. Elles étaient en quelque sorte les Gardiens du Temple rappelant aux fidèles que rien ne les menacerait à l’intérieur puisque l’esprit du Malin serait énergiquement maintenu à l’extérieur.
Enfin, elles pouvaient avoir un rôle purificateur donc associé au Bien en laissant passer au travers de leur corps, en les digérant, les eaux usées, sales de la pluie pour les éloigner des murs.
Le Diable a t-il participé à la construction.
C’est ce que dit une légende. Au temps de la construction de la cathédrale, un apprenti-serrurier, Biscornet, voulait devenir maître. Pour cela, il fallait accomplir un chef-d’œuvre. La corporation des serruriers lui confia fabrication des ferrures de porte.
Enorme travail qui occupa les pensées de ce Biscornet qui ne tarda pas à être découragé par l’ampleur de la tâche. Au point que voyant s’éloigner de lui le chef-d’œuvre qu’il espérait, une nuit, devant le feu de sa forge, il jeta fer et marteau en jurant : « Au Diable !!! »
Aussitôt le Diable apparut qui lui proposa le marché : Les ferrures contre son âme. Bien sûr, Biscornet refusa. Mais au matin, quand il se réveilla, Biscornet trouva sur son enclume les ferrures terminées et aussi parfaites qu’il les avait imaginées.
Quand ils virent les ferrures, les Maîtres s‘extasièrent devant le travail de leur apprenti. Bien sûr, il fut aussitôt nommé maître-serrurier. Mais une fois installées, on s’aperçut que seules les ferrures de la porte principale, par où passait le Saint-Sacrement fonctionnait, le Diable n’ayant pas voulu y toucher, tandis que les autres, celles des portes latérales servant aux fidèles restaient bloquées, les empêchant ainsi d’aller prier. On fut obligé de les changer. Ce que voyant, Biscornet perdit sa joie de vivre et finit par mourir…
Emporté en enfer ou sauvé par la Vierge comme certains le disent, la légende confirme bien que le Diable a suivi avec intérêt (et peut-être davantage…) la construction d’un édifice qui avait eu pour but de l’en tenir éloigné…
Quand il publie en 1831 « Notre-Dame de Paris », Victor Hugo imagine la rencontre amoureuse impossible de Quasimodo, être difforme, et d’Esmeralda, la belle gitane. Le roman est un succès énorme. A cette époque, Notre-Dame de Paris, le bâtiment, est dans un état tellement dégradé que l’on envisage même sa destruction. Mais le roman de Victor Hugo a alors un tel retentissement dans l’imaginaire collectif qu’il va contribuer à accélérer les décisions administratives qui conduiront à la restauration de l’édifice.