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SERREZ VOS CEINTURES ! LA DÉVALUATION DU FRANC CFA ARRIVE

Pendant que le débat sur la monnaie Éco annoncée par Emmanuel Macron et Alassane Ouattara fait débat et divise l’Afrique de l’Ouest, les dirigeants de la zone CEMAC, après avoir annoncé la possibilité d’une réforme du franc CFA lors de leur sommet extraordinaire à Yaoundé, ne disent plus rien. Vont-ils conserver le franc  CFA ? Vont-ils suivre l’Afrique de l’Ouest ou créer leur propre monnaie ?

« La dynamique entre les deux zones n’est pas du tout la même, explique Pierre Jacquemot, ancien ambassadeur de France au Kenya, au Ghana et en RDC. Au niveau de la Cémac, on en parle mais chacun des pays est un peu occupé par ses problèmes intérieurs : le Cameroun avec la région anglophone, le Congo avec sa dette, la Guinée équatoriale avec l’avenir de ses réserves pétrolières, la Centrafrique avec les problèmes de sécurité, le Tchad – qui est un peu écartelé, il fait partie de l’Afrique centrale mais il a aussi des relations avec les pays de l’Afrique de l’Ouest – a lui aussi des problèmes de sécurité… Ces pays ne sont pas dans cette logique régionale parce que pas suffisamment sûrs d’eux-mêmes et pas suffisamment solides. »

En fait,  changer de monnaie pour la zone cfa d’Afrique centrale ne pourra se faire sans dévaluation, selon des spécialistes. Ci-dessous une analyse de Leonide Mfoum:

« Les activistes pro-chinois du pouvoir de Yaoundé qui ont entretenu la campagne anti-cfa n’imaginaient certainement pas ça. En effet, nominalement, le cfa de l’UEMOA avait déjà une valeur plus élevée que le cfa-CEMAC.

Économiquement, la zone UEMOA, de manière globale, connait une meilleure croissance avec une Côte d’Ivoire qui a retrouvé sa place, entourée par le dynamique Ghana et la locomotive qu’est le Nigéria.

Or, en zone CEMAC, c’est tout le contraire où la croissance bat de l’aile, engluée comme  le Cameroun qui est sa locomotive dans des conflits armés internes et un endettement qui inquiète.

En réalité, le cfa-CEMAC tient encore la valeur qu’il a uniquement parce qu’il est garanti par le trésor français. Si cet avantage saute, nous aurons une monnaie dont la valeur va s’éffondrer très rapidement. Et si tel est le cas, c’est aussi l’État qui risque s’éffondrer.

Attention, attention, notre gouvernance tant politique qu’économique ne nous permet pas d’avoir une monnaie avec des mécanismes souverains de gestion. »

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