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SILENCE, ON ASSASSINE LES ÉTUDIANTS AFRICAINS EN RUSSIE

Colère, consternation et manifestation le jour de Noël au Gabon où, le 25 décembre 2020, à Libreville, la dépouille de l’étudiant en pharmacie, Ketch Oboro, décédé en Russie dans des circonstances jusque-là non élucidées, a été accueillie par la famille une foule dépitée .

Réclamant la justice pour le jeune étudiant en cinquième année , la délégation a porté la dépouille jusqu’à l’ambassade de Russie au Gabon où ils ont apporté des démentis quant au communiqué des instances diplomatiques aussi bien gabonaise que russe.

Avec en tête le père de la victime, la délégation a marqué un arrêt au boulevard Triomphale, à l’entrée de l’ambassade de Russie où il a recadré les choses quant aux informations diffusées par la représentation gabonaise en Russie et les autorités russes du Gabon, qui font état d’une courte maladie et prétendent ne pas avoir encore de réponses quant aux circonstances exactes de la mort subite de son fils parti poursuivre ses études dans l’État fédéral russe.

« J’attendais que mon fils arrive ici pour parler. Je suis le papa de Ketch. C’est moi qui viens d’ouvrir le cercueil. Je suis désolé de constater que le Gabon et la Russie ne fournissent pas assez d’efforts. Je suis encore désolé de constater que l’ambassadeur du Gabon en Russie fasse des publications jusqu’à dans L’Union pour dire que l’enfant est mort de maladie. Pur mensonge », s’est-il insurgé , avant d’apporter davantage de précisions.

« Là je viens d’ouvrir le cercueil de mon fils et je n’ai même plus besoin d’autopsie. Sa tête a été ouverte. Au niveau du cœur c’est ouvert, recousu. J’ai des correspondances de la dame dont je ne voudrai pas citer le nom, à l’ambassade de Russie, disant que les conditions de la mort n’ont pas été élucidées » alors que la représentation soviétique au Gabon l’a assuré que le cœur du jeune homme par ailleurs « sportif », se serait arrêté après avoir « bu le vin ».

Hors, rappelle-t-il, son fils ne souffrait d’aucune maladie. Et le soir de sa disparition, il a été en conversation vidéo avec sa famille, qui assure n’avoir rien remarqué. D’autant que l’étudiant préparait un test pour le lendemain, raison pour laquelle il n’aurait pas été de sortie cette nuit-là. Suivant les propos du père du défunt, « depuis le 12 décembre dans la nuit, ils l’ont sorti de la maison et l’ont assassiné. Et ils l’ont entraîné à l’extérieur de la ville pour jeter le corps. C’est des assassins! »

Il y à peine deux mois, Edouard Bizimana, ambassadeur du Burundi à Moscou, confirmait le 25 septembre 2020 l’assassinat de l’étudiant Jolivet Makoroka, 31 ans, à l’intérieur du campus à Moscou. La police expliquait que cet étudiant était porté disparu et que son corps a été retrouvé non loin de son foyer universitaire.
La communauté burundaise de Russie s’était recueillie sur le lieu où l’étudiant Jolivet Makoroka aurait été assassiné mercredi 28 octobre. Une marche silencieuse avait été aussi organisée par l’ambassadeur du Burundi en compagnie du recteur de l’Université d’État de Construction de Moscou, où cet étudiant assassiné suivait une formation.

En 2019, un autre étudiant burundais, Prosper Harerimana, avait été assassiné dans ce pays. L’ambassadeur Bizimana regrette que les résultats de l’enquête sur son assassinat ne lui ont pas encore été communiqués jusqu’ici.

Malgré le sommet de Scotchi symbolisant l’amitié Russie-Afrique, elle est loin, très loin même, l’époque où les futures élites politiques du continent africain sortaient du moule soviétique. L’institution la plus célèbre, l’université Patrice-Lumumba, à Moscou (ainsi baptisée en l’honneur du leader révolutionnaire congolais après son assassinat, en 1962, puis renommée Université russe de l’amitié des peuples, trente ans plus tard, après la chute de l’Union soviétique), aurait vu défiler dans ses amphithéâtres entre 400 000 et 500 000 étudiants du continent, parmi lesquels de futurs chefs d’État comme João Lourenço, Hifikepunye Pohamba, Eduardo dos Santos ou Thabo Mbeki. L’objectif officiel de l’université était alors de former une élite intellectuelle qui, une fois revenue au pays, se comporterait en amie de la Russie et porterait un discours anticolonial bien huilé.

La chute du communisme s’est accompagnée d’une recrudescence des manifestations racistes à travers le pays. Des mouvements nationalistes et extrémistes se sont organisés un peu partout contre les étrangers.

Les Africains se heurtent aux stéréotypes ancrés dans la société russe en général, explique Valens Maniragena de l’Organisation humanitaire Icumbi. Une association créée à Saint-Pétersbourg et qui œuvre en faveur de l’intégration des Africains dans la société russe.

« Dans l’humour, dans la presse russe, les termes nègre, singe, vendeur de drogue, délinquant ou porteur de sida sont utilisés pour qualifier l’Africain. », dénonce Valens Maniragena de l’
Organisation humanitaire Icumbi.

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