Afrique Culture

SORCELLERIE, JALOUSIE ET MORT MYSTÉRIEUSE DE ZANZIBAR

La mort de Zanzibar : récit des derniers instants du génie de la guitare

22/10/1988 – 22/10/2019 ; il y a 31 ans disparaissait Zanzibar le virtuose de la guitare. Les rumeurs les plus folles ont circulé au sujet de son décès ; mais comment et de quoi est mort Zanzibar ?

Epeme Zoa Théodore alias Zanzibar est un musicien camerounais dont la carrière a été lancée par le groupe Les Têtes brûlées. De ses 12 doigts magiques (il est né avec 12 doigts), il a révolutionné le jeu de guitare dans le Bikutsi. Il est sans aucun doute le père du Bikutsi moderne et le meilleur guitariste que le Cameroun ait connu à ce jour. Malheureusement, Zanzibar n’aura vécu que l’instant d’une rosée. Alors qu’il était au sommet de sa carrière, il fut arraché à la vie comme un oiseau en plein vol. Il avait à peine 26 ans. Est-ce le propre des génies de mourir tôt ?
Notons que la tombe de Zanzibar (voir image) a été entièrement réalisé par des artistes CONGOLAIS.

Son dernier titre intitulé Maboya est un véritable chant du cygne. Il y chante à peu près ceci :

« Je ne fais que jouer ma musique

Je ne fais que chercher ma vie

Jamais je ne m’attaque à personne

Mais les gens me détestent

Voilà pourquoi mes frères

Je vous pose la question de savoir

Qui va pleurer pour moi quand je serai mort ? »

Après avoir affirmé son extrême solitude sur terre, il conclut la chanson ainsi : « voilà ma dernière parole ».

Zanzibar est retrouvé mort au lendemain d’une énième déception amoureuse. Une sorte de mélodrame dont les principaux actants sont : 3 femmes et une boîte de comprimés.

Sa compagne Abada Rose, le trouve dans la chambre, gisant et bavant au sol. Arrivé à l’hôpital, Zanzibar rend l’âme en criant longuement : « Ahanda ! Ahanda ! » et lâcha à deux reprises : « C’est comme ça que devait mourir Zanzibar ». Ce fut ses dernières paroles.

La thèse du suicide est envisagée mais pour beaucoup, Zanzibar aurait été empoisonné.

Dans un article du samedi 29 octobre 1988, quelques jours après la mort de Zanzibar ; Jean-Marie Ahanda, manager des têtes brûlées qui était au chevet de Zanzibar avant qu’il ne rende l’âme raconte : « Alerté par Roger qui habite avec Zanzibar et moi dans des dépendances, je découvre Zanzibar écroulé dans son salon. Ses râles n’autorisent aucun retard. Conduit à l’instant à la clinique Fouda, Zanzibar sera partagé entre ses derniers hommages à son groupe et sa souffrance « Ah ! les Têtes Brûlées. Dommage ! j’ai tellement voulu que ce groupe aille loin ».

Le reste du temps, il hoquette, râle ne vomit pas. Il m’appelle, désespéré, deux fois. Il veut ma main, l’étreint. Il dit : « ça y est, Zanzibar est mort ». Il se reprend mais refuse d’en dire plus. Lucide, il nous entend, nous comprend. Refuse qu’on lui touche le ventre ou qu’on lui ouvre l’œil bien injecté de sang. Sa langue qui enfle est d’un rouge sale.

Le médecin a tout compris et se met à interroger les accompagnateurs, mais Zanzibar, faisant une pression sur mon bras m’attire à lui et nous dit, à Roger et à moi : « j’ai pris des comprimés ». Beaucoup entendront cet aveu sur lequel demeurera posée la question pourquoi ?

Dans le groupe, les musiciens sont formels : « Zanzibar a trop parlé du temps où il nous quitterait définitivement pour que l’on accepte facilement la thèse d’un emportement lié à un choc émotionnel ».

A mon avis, ce n’est pas ce qui manquait le plus à ce moment particulier où revenu d’Europe, Zanzibar était devenu un autre homme, décidé à faire sa vie et commencer à se marier.

D’après certains témoins, la dernière nuit de Zanzibar fut particulièrement agitée. Fâché après tout le monde, il est resté exalté toute la nuit après avoir joué avec le groupe d’Atebass. Revenu chez nous seulement vers les 8 heures, il venait de faire ses adieux à tous en offrant à chacun un verre ou une bouteille de bière. Personnellement, c’était le second jour que je ne le voyais pas, et je sais que cette distance cachait une attitude dont je croyais savoir l’essentiel, des difficultés personnelles que pour une fois il digérait différemment. Malgré tout, et quelles que puissent être les autres causes de son décès, Zanzibar nous aura bien prévenu en disant : « profitez bien de ma présence mes frères, peut-être que bientôt nous ne serons plus ensemble » ».

En réalité, pour comprendre les circonstances ayant conduit à la mort de Zanzibar, il faut revenir sur ce qui s’est passé la veille. Mais que s’est-il passé à la veille du décès de Zanzibar ?

Ce jour-là, Zanzibar surprend dans la gargote tenue par K-Tino la fille métisse dont il était follement amoureux et qu’il prenait déjà pour sa petite amie. Cette dernière est dans les bras d’un autre homme en train de s’amouracher. Le sang de Zanzibar ne fera qu’un tour. Blessé dans son amour propre, Zanzi s’approche des tourtereaux et exige des explications.

La suite de l’histoire au prochain épisode.

Pour les plus impatients et les plus curieux, pour savoir la suite de l’histoire veuillez acheter le livre : livre de Joseph Hope Fumtim et Anne Cillon Perri :  » Zanzibar Epeme Théodore et les têtes brûlées, la passion du Bikutsi »

Ou alors, lisez le livre « les icônes de la musique Camerounaise » dans lequel je dresse le portrait de Zanzibar.

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Douala : 655513731

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Dr Arol KETCH – 22/10/2019

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