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TENTATIVE DE COUP D’ÉTAT OU MUTINERIE AU BURKINA : LE GOUVERNEMENT RÉAGIT

Dans la nuit du samedi à dimanche, à 4 heures du matin des tirs nourris ont été entendus dans plusieurs Camp de la ville. Selon nos sources ,ces tirs proviennent du camp Sangoulé, à la base aérienne de Ouagadougou. Il s’agit d’une mutinerie. Des tirs confirmés également au Régiment d’artillerie de Kaya. Après un long silence, Alkassoume Maiga, ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, porte-parole du gouvernement vient de publier un communiqué assez laconique.

 » Des informations véhiculées dans les réseaux sociaux tendent à faire croire à une prise de pouvoir par l’armée ce jour 23 janvier 2022.

Le gouvernement tout en reconnaissant l’effectivité de tirs dans certaines casernes dément ces informations et appelle les populations à rester sereines. Il réaffirme sa confiance à notre armée qui demeure républicaine.

Force et courage à nos forces de défense et de sécurité ( FDS) et Volontaires pour la défense de la patrie ( VDP) », écrit le porte-parole du gouvernement.

 

Le 12 janvier, le gouvernement burkinabè a annoncé qu’il avait déjoué un complot au sein des forces armées pour déstabiliser l’État. Lors d’une conférence de presse , le ministre de la Défense, le général Aimé Barthélemy Simporé, a annoncé que 10 militaires et cinq civils avaient été arrêtés en lien avec le complot. Ils seront jugés par un tribunal militaire.

 » Ces interpellations ont été conduites par la gendarmerie nationale et à la date d’aujourd’hui, 15 personnes ont déjà été interpelées dont 10 militaires (deux officiers, sept sous-officiers et un militaire du rang) et 5 civils. Il y a encore 12 personnes qui sont toujours en détention préventives pour les besoins de l’enquête et en temps opportun le tribunal militaire va communiquer sur les résultats de cette enquête « , avait expliqué le ministre burkinabè.

Parmi les premiers arrêtés dans cette histoire, il y a le lieutenant Emmanuel Zoungrana. Ce dernier était chef de corps du 12e régiment d’infanterie commando et commandant du secteur Ouest du groupement des forces de sécurisation du Nord.

Les spéculations et les rumeurs selon lesquelles un complot de coup d’État pourrait renverser Ouagadougou ensuite ont continué sur les réseaux sociaux. Les autorités ont alors décidé de suspendre internet et Facebook.

Le Burkina Faso a un long héritage d’intervention militaire. Au cours des 27 premières années de l’indépendance, les soldats burkinabè ont organisé cinq coups d’État et un autogolpe – un coup d’État militaire initié ou encouragé par le dirigeant élu d’un pays.
Le dernier coup d’État a tué le célèbre capitaine Thomas Sankara . Il a donné son nom au Burkina Faso, qui signifie terre des gens intègres. Le coup d’État a vu le commandant en second de Sankara, le capitaine Blaise Compaoré, installé à la présidence.

Compaoré a mis fin aux coups d’État du Burkina Faso. Après avoir pris le pouvoir, il a éliminé ses rivaux et réussit à restructurer l’armée en créant le Régiment de la sécurité présidentielle , une unité d’élite qui fonctionnait comme une sorte de forces spéciales et de garde prétorienne. L’unité ne répondait qu’à Compaoré opérant sous une hiérarchie distincte et présentait la condition sine qua non des tactiques de protection contre les coups d’État. Cela l’a isolé des menaces de coup d’État, l’aidant même à endurer une mutinerie généralisée en 2011.

En 2014, des millions de manifestants ont envahi les rues pour demander à Compaoré de respecter, plutôt que de réformer, les limites du mandat présidentiel l’empêchant de se présenter à une autre élection. L’insurrection l’a finalement forcé à démissionner et à s’exiler.
Ce mouvement populaire s’est ensuite transformé en une transition politique vers la démocratie.

La transition a failli être renversée lorsque les loyalistes de Compaoré au sein de l’unité ont organisé leur propre coup d’État en septembre 2015. Mais les citoyens burkinabè ont refusé de rester les bras croisés et sont de nouveau descendus dans la rue.

Pour les soutenir, un détachement de l’armée régulière opérant sous les ordres des autorités civiles de transition, a encerclé les putschistes et mis fin au putsch manqué. La transition politique a abouti aux élections libres.

Pour l’instant, la situation est très confuse malgré le communiqué du porte- parole du gouvernement.

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