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« THE ECONOMIST » RÉVÈLE QUE LES ENTREPRISES ÉTRANGÈRES FUIENT DU GABON, CAMEROUN ET CONGO

Le milieu des affaires prend un plomb dans l’aile dans la zone CEMAC, et particulièrement au Gabon où la santé d’Ali Bongo suscite des interrogations, au Cameroun où Paul Biya accablé par la vieillesse, les maladies et la crise anglophone tend vers la fin, et au Congo où l’économie est anemiée et rongée par les scandales de corruption des fils Sassou Nguesso. Le très sérieux journal anglais The Economist » tire une sonnette d’alarme que nous avons traduit en français.

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Pourquoi de nombreuses entreprises étrangères sont sur le point de quitter le Gabon.

Avec la disparition du président, la corruption est florissante.

On dit souvent des pays que leur véritable richesse réside dans leur peuple. Peu de gens disent cela du Gabon. Avec 2 millions d’habitants et deux fois la superficie de l’Angleterre, il fait partie des pays les plus riches d’Afrique, avec un PIB par habitant de 8 300 dollars des États-Unis. Presque tout cela provient des ressources naturelles. Le Gabon exporte de l’huile, du bois d’œuvre et de l’huile de palme. C’est également le troisième producteur mondial de manganèse, un métal utilisé dans la production d’acier inoxydable.

Cette richesse masque le fait que le Gabon est l’un des pays les plus mal dirigés de l’Afrique. Il n’a plus que deux présidents depuis 1967. Le premier, Omar Bongo, était un despote flamboyant. Il a gardé un tigre de compagnie, a rencontré des présidents français et a transformé le pays en un État à parti unique. Après sa mort en 2009, son fils, Ali, a pris la relève. Il a remporté en 2016 des élections jugées truquées (le taux de participation dans sa province d’origine était de 99,93%, avec 95% des suffrages exprimés pour le président).

L’année dernière, Ali Bongo  a été victime d’un accident vasculaire cérébral et a passé des mois au Maroc à se rétablir. En janvier, quelques officiers subalternes de l’armée ont tenté sans succès de procéder à un coup d’État. Depuis lors, l’État a fermé la plupart des organes de presse et bloqué à plusieurs reprises Internet. L’économie stagne, en grande partie grâce à la corruption croissante.

Une nouvelle arnaque a ciblé les entreprises étrangères à Libreville, la capitale. Il s’appuie sur une loi héritée de la France, l’ancienne puissance coloniale, qui permet aux tribunaux d’ordonner aux entreprises de payer leurs dettes. Cela pourrait avoir un sens lorsque les dettes sont authentiques. Mais les compagnies pétrolières, les banques et les supermarchés ont été pris pour cibles par des sociétés qui viennent de nulle part et exigent le paiement de dettes fictives. Certains hommes d’affaires pensent que les tribunaux sont pris dans l’escroquerie: ils empêchent les entreprises de payer leurs dettes, puis leur infligent de lourdes amendes.

«C’est une farce complète», déclare Johanna Houdrouge de Mercure International, une société basée à Monaco qui gère des centres commerciaux au Gabon. Les autorités ont saisi 164 millions de francs CFA (280 000 USD) auprès d’une filiale de Mercure, à la suite d’une plainte émanant d’une entreprise avec une adresse, mais guère plus. Mme Houdrouge dit que le tribunal a ordonné à la filiale de fournir la preuve qu’elle ne devait rien au plaignant – ce qui était difficile, car les entreprises ont tendance à ne pas tenir des registres de dettes inexistantes.

D’autres entreprises ont été plus durement touchées. Une compagnie pétrolière internationale affirme qu’elle est ciblée au moins quatre fois par semaine, avec des saisies pouvant atteindre 10 millions de dollars.

Le Gabon n’a jamais été exempt de corruption, mais il a atteint des niveaux menaçant la viabilité des entreprises étrangères. Certains disent qu’ils vont bientôt partir. La détérioration semble liée à l’attaque de M. Bongo. De nombreux Gabonais soupçonnent que le président, âgé de 60 ans, ne sera jamais assez bien pour reprendre son travail à plein temps. Les fonctionnaires tentent d’extorquer de l’argent tant qu’ils le peuvent, de peur de perdre leur emploi.

Les voisins du Gabon, le Congo-Brazzaville et le Cameroun, sont également d’anciennes colonies françaises riches en pétrole. Et les deux ont des leaders vieillissants qui sont rarement vus en public. Le président camerounais âgé de 86 ans, Paul Biya, passe la majeure partie de son temps dans une suite de l’InterContinental Hotel à Genève. En son absence, les manifestations dans le nord anglophone du pays sont devenues une guerre civile. Denis Sassou Nguesso, âgé de 76 ans, a dirigé le Congo-Brazzaville pendant presque 40 des 40 dernières années. Le 6 août, son fils a été accusé par Global Witness, un organisme de surveillance, d’avoir volé 50 millions de dollars de fonds publics.

Depuis l’indépendance en 1960, le Gabon a évité la guerre civile et les coups d’Etat. Il entretient des relations étroites avec la France. Pourtant, cela devient inhospitalier pour les entreprises étrangères. M. Bongo, malgré tous ses défauts, savait ne pas tuer l’oie d’or. Certains de ses fonctionnaires semblent ne pas avoir appris la leçon.

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