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TOUS CONTRE PAUL BIYA : LES JOURS DU VIEUX TYRAN SONT COMPTÉS

Contrairement , à ce que l’on pourrait logiquement penser , les vrais ennemis de Paul Biya , ne se trouvent ni au sein de l’opposition , et encore moins parmi les membres de l’ethnie Bamiléké, ou même parmi ses compatriotes d’expression anglaise .

Non , ses ennemis “ intimes “ , qui le vouent véritablement aux gémonies , sont à rechercher au sein du RDPC , la formation politique qu’il a bâtie sur les cendres de la défunte UNC ( Union Nationale Camerounaise ) , parti unique hérité de son prédécesseur.

On les trouve , dans son entourage immédiat , c’est-à-dire parfois au gouvernement , et préférablement en dehors , et incontestablement en prison , et sont pour l’écrasante majorité issus de la même aire culturelle que lui . Ceci expliquant sans doute cela .

Même au plus fort des voies mortes , Paul Biya n’a jamais considéré John Fru Ndi , et tous les autres leaders de l’opposition régulière , par opposition à l’opposition alimentaire , comme des ennemis potentiels .

Au contraire , le tyran camerounais n’adore rien , tant que la perspective de devoir retourner un opposant , contre monnaie sonnante et trébuchante. Dans son esprit d’ancien haut fonctionnaire , rompu aux tâches subalterne, aux ordres d’un tyran , non conçoit mal qu’un camerounais normal , et doté de tous ses sens , puisse sincèrement être pétri de convictions, mais il ne comprend pas davantage , que ce peuple qu’il pense erronément connaître , puisse en dehors de la passion pour les Lions Indomptables, puisse avoir un quelconque sentiment de patriotisme .

En revanche , être ou avoir été de ses ministres , appartenir au espace géographique et culturel que lui , et tenter d’exister par soi – même , c’est-à-dire de disposer d’une légitimité autre , que celle qu’il vous confère , est un véritable crime de lèse – majesté , que dis- je , un sacrilège comparable à un acte d’apostasie , reniement public d’une religion , qui du temps de l’inquisition , valait à son auteur , une mort au bûcher .

Conscient d’avoir inutilement , accumulé un nombre incalculable d’inimitiés au fil des ans , Paul Biya sait que son salut reste dans la conservation Ad vid æternam du pouvoir . C’est le seul moyen pour lui , d’échapper à la vindicte populaire qui le guette .

Peu après , les nombreux soubresaut qui ont fait vaciller son fauteuil , les premières années de son accession à la magistrature suprême, qui ont entraîné un important changement de priorités chez le roi fainéant à perpétuité, à savoir sa sécurité personnelle , et la conservation par tous les moyens de son pouvoir , les siens se sont imposés à lui comme rempart , et gage de la stabilité de son règne .

Non seulement , il a conservé tous les aspects cyniques du régime de terreur , du président Ahidjo qui contrebalançait la pratique de l’Etat policier , par une politique développement économique dont la croissance frôlait constamment les 13% , à partir des années 1970 , mais Paul Biya a aussi ajouté une grave propension , à l’incurie généralisée , à l’inertie ( d’où son nom de roi fainéant à perpétuité) , et à la criminalisation à outrance de tous les pans de l’administration.

Tout cela a débouché , sur un cocktail explosif qui explique l’Etat de délabrement et d’insurrection permanents dans lequel , est plongé le Cameroun depuis la première moitié des années 1990 .

Autoritaire et à la fois laxiste , Paul Biya est parvenu à transformer ses compatriotes en sorte de zombies , atteint collectivement du syndrome de Stockholm.

Le premier qui ose , imaginer la moindre initiative pour tenter d’en sortir , reçoit immédiatement une violente décharge de chevrotine à la patte , de la part de ses autres compagnons de misère . Victimes consentantes de la tyrannie , les camerounais le sont devenus collectivement, et dans leur subconscient.

Paul Biya , qui ne l’ignore , en a fait son fond de commerce , et en joue à la perfection . Il dresse les uns contre , les autres , et les laissent faire le sale boulot à sa place , et partant se neutraliser , sans qu’il n’éprouve le besoin de se salir . En 2007 , on ainsi vu au sein du RDPC , s’affronter deux tendances . De nos jours , on aurait dit deux sardinards , issus de la même boîte de sardines .

L’objet du combat fratricide, concernait la mairie du 5e arrondissement de la ville de Doula , et mettait aux prises , Françoise Foning de regrettée mémoire , et Emmanuel Simo.

Paul Biya , qui a horreur des conseils de ministres , procède avec les remaniements comme d’un jeu de chaises musicales , puisqu’il nomme à peu près toujours les mêmes, dont certains , sont du reste connus de lui , depuis l’époque où il était premier ministre. Alors , il prend les mêmes , et recommence à l’infini .

Usant de la même tactique , qui lui a si bien reçu , il les monte les uns contre les autres , en bon joueur de Songo qu’il est . Il a par exemple veillé à créer , de solides inimitiés, d’abord entre les Ewondo , et les Beti , et ensuite entre les Ewondo de Yaoundé même , et ceux des environs . Suivra l’inimitié, créée entre les Bulu de Nsangmélima , et ceux d’Ébolowa . Il ne va cependant pas s’arrêter en si bon chemin , puisqu ‘ on va assister à une bataille mortelle entre Bulu de Zoa étélé , même .

Les Nordistes et les Bamilékés , ne seront pas exemptés.

Prenons d’abord le cas de Titus Edzoa , un Ewondo de Mbankomo, qui deviendra l’ennemi juré de Joseph Owona . Un véritable chasser – croiser , va s’installer entre les deux hommes . Le second était chancelier, il va être remplacé par le premier . Il sera secrétaire général de la présidence ? L’autre va l’y remplacer . Il sera plus tard ministre de la santé , mais celui qui a pris sa place au secrétariat général de la présidence, va aussi l’y remplacer .

Rémy Zeka , et Alain Mebe’ Ngo’o sont – ils parentés ? Paul Biya va distiller le poison de la haine mortelle entre les deux hommes . Ils se détruisent sur la place publique, à force d’articles fantaisistes commandés à une presse poubelle , et dans la précarité .

En 2007 , Rene Sadi est nommé à peine nommé secrétaire général du RDPC , que le chef de l’Etat confie sous le sceau du secret , à ses contempteurs que ce dernier a de l’avenir . Le quotidien Mutations , sur ordre d’Alain Mebe Ngo’o , va sous le mode de poisson d’avril , annoncer sa candidature à l’élection présidentielle de 2011 . Cette tactique consiste bien évidemment, à provoquer la disgrâce de l’heureux promu .

Mais comme on dit en Côte d’Ivoire , les camerounais ont fini par voir clair , dans ce petit jeu machiavélique, et les jours du tyran sont définitivement comptés , y compris au sein de ses propres troupes .

Car face au roussi , dont on commence à sentir l’odeur , certains rats cherchent à quitter le navire . Si le tyran ne part pas de lui-même, lorsqu’il est encore temps , le Cameroun s’avance vraisemblablement, vers un scénario de fin de règne identique , à celle de Mobutu , parrain de Biya en œuvres sataniques .

Jean-Pierre Du Pont

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