UN COLONEL DE L’ARMÉE CAMEROUNAISE TRAVAILLE AVEC LE LEADER AMBAZONIEN

S’agit-il d’un scoop? Que nenni ! Tout bas, ça se murmurait déjà. Mais comme jamais par le passé, ce qui se chuchotait a été rendu public il y a quelques jours : la collaboration entre Ayaba Cho Lucas, leader de l’Ambazonia Government Council (AGC) et commandant de sa branche armée Ambazonia Defence Forces (ADF), et le pouvoir de Yaoundé, dans le but de tuer la lutte armée du peuple anglophone du Southern Cameroons pour son indépendance.

En effet, au cours de l’émission « state of the revolution » diffusée ce 8 mars 2020 sur la chaîne de télévision pro-indépendantiste ABC Amba TV, le journaliste et secrétaire à la communication du mouvement indépendantiste anglophone Chris Anu, a annoncé qu’Ayaba Cho Lucas est en connexion avec le pouvoir de Yaoundé pour détruire la révolution : « nous avons pas mal d’évidences qui prouvent que les ADF d’Ayaba Cho ne luttent pas pour notre cause…ADF est une milice dont l’objectif est de collecter des informations sur nos combattants afin de les transmettre aux soldats camerounais…de fortes sommes d’argent ont été remis récemment à Ayaba Cho par le régime Biya », a indiqué Chris Anu.

Le porte-parole du Interim Government (leadership en exil du mouvement indépendantiste anglophone) s’est encore voulu plus précis sur cette alliance contre-nature: « une cargaison rempli d’armes destinée aux combattants d’ADF a été intercepté récemment à Mutengene (sud-ouest, ndlr) par un officier de l’armée qui a été instruit par sa hiérarchie à Yaoundé de laisser passer le convoi. Je vais vous surprendre en vous disant qu’Ayaba Cho a été récemment au Cameroun par deux fois pour conclure des deals avec le régime Biya. Son collaborateur Shey Kaavi y était il y a une semaine », a révélé Chris Anu.

Jusqu’ici, aucun démenti officiel n’a émergé de l’Ambazonia Government Council, encore moins des personnes citées par Chris Anu. On peut aisément en conclure que « qui ne dit mot, consent ». Nous le disons sans ambages, celui qui est en charge de ces opérations d’infiltration de la lutte armée du mouvement indépendantiste anglophone s’appelle le colonel Joël Émile Bamkoui, commandant de la Division de la Sécurité Militaire (SEMIL). Lorsque ce champion toutes catégories du braquage et du crime crapuleux invite l’auteur de ces lignes le 23 octobre 2018 à ses bureaux de la Division de la Sécurité Militaire (SEMIL) au ministère de La Défense à Yaoundé, un agent SEMIL parmi ceux qui le questionnaient lui a révélé que la SEMIL a établi un plan pour diviser la lutte armée des anglophones. Le deal de Bamkoui avec Ayaba Cho s’inscrit dans le droit fil de cette division car le travail quotidien de ADF est de s’attaquer aux combattants engagés au sein de la révolution anglophone et loyaux au Interim Government dirigé depuis les Etats-Unis par Samuel Sako Ikome. Les activistes proches d’AGC n’ont pour activité principale que de s’attaquer à l’Interim Government et de saboter toutes les initiatives prises par ce dernier en faveur de la révolution.

Lorsque Chris Anu parle d’une cargaison d’armes en direction des ADF interceptée à Mutengene, cela ne va pas sans rappeler l’affaire de 40 000 munitions destinées aux « combattants ambazoniens » qui a été révélée en septembre 2018 par l’activiste Patrice Nouma. La cargaison interceptée en juin 2018 sur la route Ebolowa-Ambam par la légion de gendarmerie du Sud était escortée par des agents SEMIL.

Alors que la colonel Ayissi Ngono Delphine, commandante des opérations au sein de la légion, était en train d’interroger les membres de l’escorte, elle reçoit un coup de fil du colonel Bamkoui qui lui demande de laisser passer le convoi destiné aux combattants séparatistes. Voilà de tristes individus comme Émile Bamkoui qui dealent secrètement avec les « sécessionnistes terroristes » comme ils les appellent, mais face aux camerounais, se présentent comme engagés dans la lutte contre le « terrorisme ambazonien ». Heureusement que le mensonge n’a pas de longues jambes. Pourrait-il d’ailleurs courir longtemps ?

©️Michel Biem Tong, journaliste web en exil