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UN DÉPUTÉ FRANÇAIS DÉMOLIT ALASSANE OUATTARA

Alassane Ouattara a été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Cependant, la crainte d’une escalade des violences reste présente dans ce pays d’Afrique de l’ouest, dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait 3000 morts.

Élu en 2010, réélu en 2015, Alassane Ouattara avait annoncé en mars qu’il renonçait à une nouvelle candidature, avant de changer d’avis en août, à la suite du décès de son dauphin désigné, le premier ministre Amadou Gon Coulibaly, à qui il a «dédié sa victoire». La loi fondamentale ivoirienne prévoit un maximum de deux mandats, mais le Conseil constitutionnel a estimé qu’avec la nouvelle Constitution adoptée en 2016, le compteur des mandats présidentiels a été remis à zéro. Ce que l’opposition conteste.

Suivant de très près l’actualité africaine, le  député français Jean-Paul Leqoq a vivement interpellé le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères  Jean Yves Le Drian en tonnant que « les élections ont été un simulacre ». « La constitution ne permet pas à Ouattara un 3e mandat ». Voici l’intégralité de son intervention:

Les élections en Côte d’Ivoire de dimanche dernier ont été un simulacre de démocratie, avec un candidat qui se présente pour un 3e mandat alors que cela n’est pas permis dans la Constitution ivoirienne, et qui a ensuite séquestré et enfermé une bonne partie des responsables de l’opposition.

La situation est extrêmement tendue et j’appelle la diplomatie française à faire en sorte que l’ONU et l’Union africaine fassent pression sur Alassane Ouattara pour qu’il ouvre enfin un dialogue avec son opposition, et pour sortir de cette crise par le haut, en évitant le pire…

Monsieur le Ministre,

La situation en Côte d’Ivoire inquiète au plus haut point, et laisse entrevoir les pires situations, ravivant les traumatismes d’une confrontation violente, voire d’une guerre civile.

Vous conviendrez avec moi qu’il n’est souhaitable pour personne que l’État ivoirien s’effondre dans une effusion de sang et que, par conséquent, il est nécessaire que la diplomatie française puisse œuvrer en faveur d’une médiation par l’intermédiaire de l’ONU en lien avec l’Union africaine pour sortir de cette crise par les mots et non par la répression, les armes et la violence.

Cette mobilisation diplomatique ne peut se faire sans l’opposition politique ivoirienne qui a boycotté le scrutin du fait, notamment, de l’illégalité originelle du 3e mandat d’Alassane Ouattara, selon la constitution qu’il avait imposée lui-même en 2016.

Désormais en proie à des pressions, à des emprisonnements et à des séquestrations, l’opposition est muselée et opprimée. Or, il ne semble pas envisageable de trouver une sortie de crise sans cette opposition qui représente une grande diversité d’idéologies ainsi qu’une grande partie du peuple ivoirien.

Car avec les nombreuses séquestrations d’Henri Konan Bédié, ancien président, de son épouse, d’Affi N’Guessan, de celle celle d’Assoa Adou, secrétaire général du Front populaire ivoirien ainsi que les nombreuses arrestations d’autres cadres la situation risque de s’aggraver et d’atteindre un point de non-retour.
Monsieur le Ministre, la France doit jouer un rôle, non pas celui de l’ingérence comme il y a dix ans, mais de puissance diplomatique au service de la paix, de la justice et de la démocratie.

La France doit agir sans plus attendre pour qu’Alassane Ouattara dialogue avec l’opposition pour combler, autant que faire se peut, le vide démocratique créé par cette élection présidentielle inconstitutionnelle, plutôt que de la réprimer. Cette solution semble la plus propice à l’apaisement de la situation dans le pays.

Je vous remercie par avance pour l’attention que vous voudrez bien porter à cette proposition. Dans cette attente, veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma haute considération.

Jean-Paul LECOQ
Député de Seine-Maritime

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