UN MÉDECIN CAMEROUNAIS S’OPPOSE À LA CHLOROQUINE ET AU PROFESSEUR RAOULT
La première étude du professeur en microbiologie Didier Raoult avait été critiquée pour sa méthodologie. Directeur de l’institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection à Marseille, il revient en charge et a publié vendredi les résultats d’un deuxième volet des expérimentations menées avec son équipe sur un groupe de patients atteints du Covid-19.
total, 80 malades confirmés du Covid-19 et entrés à l’hôpital entre le 3 et le 21 mars ont participé à ces essais, contre 20 lors des premiers tests menés durant la première quinzaine de mars. Ces patients, âgés de 18 à 88 ans, ont pris du Plaquénil, un médicament à base d’hydroxychloroquine, associé à de l’azithromycine. Cette formule combinée est l’un des cinq traitements qui sont testés dans le cadre de l’essai clinique européen Discovery , dont les premiers résultats ne sont pas attendus avant deux semaines.
Selon l’équipe du professeur Raoult, 78 de ces patients ont connu une « amélioration clinique » rapide de leur état de santé et ont pu quitter les soins intensifs au bout de cinq jours. Un seul, âgé de 86 ans, est décédé et un autre, de 74 ans, est toujours dans un état très grave.
Mais, à en croire le docteur camerounais Aimé Bonny, professeur de cardiologie à l’université de Douala, l’usage combiné de chloroquine et d’azithromycine, est « potentiellement néfaste pour le cœur ».
Une déclaration faite à Sputnik France qui intervient dans un contexte où le gouvernement français vient d’accéder par décret aux demandes de Didier Raoult, alors que son usage n’est pas encore officiellement recommandé.
La vente et la prescription d’hydroxychloroquine sont désormais possibles partout sur le territoire français, mais en milieu hospitalier.
Spécialiste du traitement des troubles du rythme cardiaque et de la mort subite, le docteur Aimé Bonny, lui, déconseille l’association de la chloroquine combinée à l’azithromycine. Il juge un tel mélange néfaste pour le cœur dans la mesure où il y a un risque que les effets secondaires de ces deux molécules emballent le rythme cardiaque chez certains patients à risque.
Concernant la chloroquine, déjà largement utilisée dans le traitement de la malaria et contre certaines affections rhumatismales, il alerte davantage sur le dosage et la longueur du traitement nécessaires pour celui du Covid-19, craignant une automédication préventive « qui risquerait de faire encore plus de mal que le coronavirus », prévient-il.
C’est le 16 mars que le professeur Didier Raoult avait annoncé avoir effectué une étude préliminaire sur 24 patients infectés par le Covid-19 auxquels il avait administré une combinaison de chloroquine et d’azithromycine. « Dix-huit ont été guéris, soit un pourcentage de réussite de 75 % », avait-il annoncé. Pas de quoi réchauffer le coeur du cardiologue camerounais qui préférait plutôt protéger le coeur des patients du Covid-19 et les laisser…mourir.