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UN PASTEUR TUÉ ET 200 ÉLÈVES ENLÈVÉS DANS LA ZONE ANGLOPHONE

Les régions anglophones du Cameroun sont devenues l’ancien Far West. Il n’y a plus d’État. Les bandes armées, les combattants  sécessionnistes, et l’armée camerounaise se disputent le contrôle du territoire . Hier samedi, aux alentours de 5 heures 30, des hommes armés non identifiés ont enlevé   200 élèves à Saint Augustin collège de Kumbo, localité située à environ 80 Kilomètre de Bamenda dans la zone anglophone du pays.

Les parents ne savent toujours pas où se trouvent leurs enfants, et par qui ils ont été enlevés , puisqu’il n’y a pas encore eu de revendications. Comment a-t-on pu enlever un aussi grand nombre d’élèves alors que la ville est sous couvre-feu de façon permanente ? Comment a-t-on pu les transporter et traverser les barrages dressés par les forces de défense et de sécurité ?

En novembre 2018 ,soixante-dix-neuf (79) élèves ont été enlevés dans la région du Nord-Ouest du Cameroun. En plus,  le principal de la Presbyterian Secondary School de Bamenda (capitale régionale du Nord-Ouest), un enseignant et un chauffeur avaient  également été kidnappés par des hommes armés non identifiés.

Cet enlèvement de masse était survenu à la veille de la prestation de serment du président Paul Biya qui n’en avait pas fait état dans son discours le lendemain . Mais, très rapidement, les élèves avaient été présentés sans le moindre échange de tirs avec les supposés preneurs d’otages qui n’ont jamais été arrêtés.

Les autorités avaient tiré des leçons et le gouverneur avait promis renforcer la sécurité autour des établissements scolaires. Où était donc cette sécurité renforcée ? Pire, dans  la même région du Nord-Ouest, le sous-préfet de l’arrondissement de Noni avait  également été enlevé .

En mi-octobre 2018, six élèves avaient été enlevés dans une attaque de lycée à Bamenda, selon des sources concordantes. Mais les  autorités avaient cru rassurer les populations en démentant. Quelque temps avant,  lejour de la rentrée scolaire en septembre, un directeur d’école avait  été assassiné, un professeur mutilé et plusieurs lycées attaqués.

Pendant qu’on enlevait 200 élèves, à Mamfe, le pasteur de l’église presbytérienne de la communauté de Ossing a été tué  et  l’église a été réduite  en cendres. Le chargé de la Communication de l’Etat imaginaire d’Amazonie a accusé l’armée camerounaise. Le gouvernement camerounais n’a pas encore réagi.

Le 30 octobre, un missionnaire américain avait  été tué par balles dans son véhicule à Bambui, en banlieue de Bamenda.

Les autorités camerounaises  refusent le dialogue avec les séparatistes qu’elles qualifient de « terroristes », ont procédé depuis début 2018 à un important déploiement de forces de sécurité pour « rétablir l’ordre ». Mais la situation ne fait qu’empirer.

Plus de 200 membres des forces de défense et sécurité camerounaises ont perdu la vie dans ce conflit, ainsi que plus de 700 civils, selon les ONG.

Dans la zone, plus de 600.000 personnes ont fui les violences, pour la grande majorité en brousse et dans les grandes villes des régions voisines, et d’autres sont parties au Nigeria voisin. 4, 3 millions de personnes sont en situation précaire et dans le besoin alimentaire selon l’ONU. Mais Paul Biya espère toujours gagner sa guerre sur un cimetière.

J. RÉMY NGONO

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