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VOICI COMMENT AHMADOU AHIDJO A HUMILIÉ HOUPHOUËT BOIGNY ET LA FRANCE EN CRÉANT CAMEROON AIRLINES

Un conflit d’egos , aux origines de la naissance de la Cameroon Airlines .

S’il est un symbole national , ayant longtemps et unanimement fait la fierté des camerounais, au même titre que les Lions Indomptables, du moins pour ceux de ma génération, c’est bien la Cameroon Airlines , l’emblématique et défunte compagnie nationale aérienne, plus communément connue , sous son acronyme de Camair , l’ancêtre de Camair- co , depuis devenu sujet de déshonneur national .

Il faut néanmoins , distinguer entre les acronymes de Camair , et de Camer . Car , les deux ne signifient exactement pas la même chose .

En effet , si le premier se réfère bien à la compagnie nationale des transports aériens , le second est une subtile abréviation, émanant à l’origine de l’imaginaire des camerounais de la diaspora , conçu presque comme un mot de passe , destiné à se désigner entre eux , en présence d’un étranger .

Ce préambule établi , combien sont -ils en réalité , parmi les compatriotes de Roger Milla , à savoir les circonstances exactes de la naissance de la Camair ?

Savent – ils seulement , que ce patrimoine national a vu le jour , du seul fait d’une affaire de susceptibilité et de la lutte d’egos , prévalant à l’époque entre Ahmadou Ahidjo , leur tout premier président de la République, et Félix- Houphouët Boigny , tout aussi premier président et “ père “ de l’indépendance de la Côte d’Ivoire ?

Le Cameroun , dès la naissance de la compagnie aérienne Air Afrique en 1961 , faisait non seulement partie du conseil d’administration Intégré de la compagnie panafricaine, mais en était même le plus important contributeur , en terme d’apport financier .

Les choses vont très vite se détériorer , du fait de la condescendance dont Félix- Houphouët Boigny , faisait ostensiblement preuve , à l’endroit de ses pairs .

C’est que le Bélier , sans l’exprimer explicitement, estimait que pour avoir siégé , au sein de plusieurs gouvernements français de la IVe et de la Ve République, méritait des égards particuliers , notamment un certain droit de prééminence, voire de préemption, sur d’autres chefs d’Etat africains , qu’il considérait presque comme ses vassaux .

Il estimait qu’avoir été ministre de De Gaulle , et avoir été associé à la conception de la loi cadre avec Gaston Déferre , sur l’abolition du travail forcé , et même co-rédigé avec Michel Debré , la Constitution de la Ve République, lui donnaient un droit de regard sur les politiques menées par ses pairs , dans leurs propres pays . Ne lui attribuait -on pas , après tout , la paternité , du vocable et du concept de la France- Afrique ?

Il était donc dans l’ordre des choses , qu’il devint ou qu’il s’imposât comme le porte – parole , presque naturel de la France – Afrique , servant de facto de relais entre la France officielle , et les pays de son pré- carré en Afrique !

Dès la naissance de la compagnie aérienne, Air Afrique en 1961 , Félix – Houphouët Boigny , impose d’emblée comme PDG , son candidat Cheihk Fall , qui y restera jusqu’en 1973 .

Ce dernier est certes , citoyen sénégalais , mais c’est un homme tout acquis à la cause du président ivoirien , lui – même marié en premières noces à une sénégalaise en partie .

Félix – Houphouët Boigny, par ailleurs connaît bien le Sénégal, où il a naguère effectué sa formation de médecin , à l’école William Ponty . Il connaît aussi bien , la mentalité des sénégalais , et la rivalité qui mine les élites de ce pays .

C’est pourquoi il compte se servir de la présence de cheikh Fall , à la tête de Air Afrique , comme une arme de précision , et un pouvoir de nuisance , pour fragiliser son homologue, Léopold Sedar Senghor , envers lequel il nourrit malgré les postures publiques , une sorte d’incompatibilité d’humeur sous fond de jalousie , et de complexe d’infériorité intellectuelle .

Une anecdote , l’illustre à merveille . Prévenue un jour de l’imminence de l’atterrissage au Bourget du Concorde , transportant à son bord Félix – Houphouët Boigny , la presse française se rend sur les lieux . Elle a été en effet , prévenue par des indiscrétions savamment distillées , que l’université de La Sorbonne , s’apprêtait à remettre au Bélier , un doctorat Honoris Causa ( Titre honorifique décerné par une université, ou par une faculté , à une personnalité éminente ) .

Dès sa descente d’avion , le président est surpris par l’inhabituel mouvement de la presse française , à ses côtés . Un membre du protocole de La Sorbonne, le presse de se rendre toutes affaires cessantes sur les lieux .

– Mais pourquoi y faire ? S’enquiert le Bélier .

– Nous allons vous remettre un doctorat honoris causa , rétorque l’autre .

Réponse du président ivoirien : “ Mais remettez le donc à Senghor ! C’est lui qui cultive les lettres ! Moi je suis planteur , et je cultive la terre . “

Informé, Senghor réagira : “ Dites à Félix , que moi je suis détenteur d’un vrai doctorat ! “

Pour revenir aux relations , entre Ahidjo et Houphouët – Boigny , le conflit des divergences entre les deux hommes , va assez rapidement être porté sur la place publique, et le divorce , malgré l’intervention des tiers , sera inévitable.

L’objet de la discorde , résidait dans ce que le président camerounais , considérait comme une mauvaise manière faite à son pays . Ahmadou Ahidjo , qui avait une certaine idée de son pays , ne badinait pas lorsqu’il s’agissait de son image et de son prestige dans le monde .

Comme plus grand contributeur du groupe Air Afrique , il estimait , que le Cameroun devait à son tour , avoir un de ses fils à la tête de la compagnie aérienne panafricaine. Ce que le président Houphouët, malgré la manifestation des bonnes dispositions , se limitaient aux vagues déclarations d’intentions, et promesses sans lendemain , renvoyait invariablement aux calendes grecques .

Las de ce qu’il considérait , comme une humiliation et un mépris pour son pays , Ahmadou Ahidjo , piqué au vif dans son orgueil par un sentiment patriotique , ordonna au malien cheik Sissoko , son homme de confiance , d’étudier les pourtours de la création d’une compagnie aérienne camerounaise, avec des capitaux propres .

Informé du projet , le président français de l’époque , Georges Pompidou , chargea Jacques Foccart , secrétaire général des affaires africaines et malgaches , de tout entreprendre , pour dissuader Ahidjo , et le maintenir au sein du Conseil d’administration de la compagnie panafricaine.

Peu avant son arrivée au Cameroun , en février 1971 , trois semaines à peine , après l’exécution sur la place publique , du tout dernier chef historique de l’UPC, Ernest Ouandié, Georges Pompidou fit un escale en Côte d’Ivoire , où Houphouët lui fit la promesse qu’il arriverait , à dissuader le Camerounais de mener à terme , son projet de la création d’une compagnie nationale autonome .

Après son atterrissage à Yaoundé, le président français prit place à bord de la Cadillac décapotée de son homologue camerounais. Chemin faisant vers la présidence, Pompidou aborda aussitôt la question du projet de la création de la Camair . Après l’avoir patiemment écouté longuement développer , les raisons qui militaient en faveur du maintien du Cameroun au sein de la compagnie Air Afrique , Ahidjo informa son hôte du caractère irréversible de sa décision , dont le seul souci , disait – il, était l’intérêt de son pays et de ses compatriotes.

Apprenant , à la suite du désistement et du lâchage opérés par deux compagnies françaises , Air France et UTA ( Union des transports aériennes ) certains difficultés de trésorerie , auxquelles faisait face le président camerounais , pour l’aboutissement de certains aspects de ce projet , le président zaïrois Mobutu Sese – Seko, qui ne s’était pas encore auto- proclamé Maréchal à l’époque , accourut et apporta une contribution financière substantielle à l’œuvre .

C’est l’époque , où le Léopard qui prônait le retour à l’authenticité africaine , et militait en faveur de la création d’une Ligue des États d’Afrique Noire , finançait à tour de bras , sans compter , et faisait bénéficier ses autres pairs africains , de la manne du cuivre et du cobalt dont les cours avaient multipliés par dix . Les bénéficiaires, allaient du Tchadien François N’garta Tombalbaye, au Centrafricain Bokassa , en passant par le Libyen Mouamar Kadhafi, etc…

Jean-Pierre Du Pont

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