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VOICI LES BRILLANTS MINISTRES ET PERSONNALITÉS SACRIFIÉS PAR PAUL BIYA PAR JALOUSIE

Mais pourquoi , diable , Urbain Olanguena Awona , cet ancien brillant ministre camerounais de la santé , est-il embastillé depuis 2008 , c’est-à-dire une année après son licenciement du gouvernement?

De quoi , est – il est réellement coupable sur le plan strictement pénal ?

Absolument pour rien et de rien , si ce n’est de sa seule et propre naïveté ! La naïveté, dont furent victimes bien d’autres avant lui , de croire que le travail bien fait , et l’excellence dans l’effort , étaient les seuls critères suffisants , au même titre que la méritocratie républicaine, que devrait observer un serviteur de l’Etat , pour s’attirer les bonnes dispositions du Prince . Erreur !

Raisonner de cette manière , au pays des Lions Indomptables , qui plus est dans un gouvernement de Paul Biya , c’est avoir mal lu , ou pas du tout , le Prince de Niccolò Machiavelli , qui selon mon ami et frère , le professeur Raoul Nkuitchou Nkouatchet, de Lille , est le père putatif de la Science politique moderne .

Alors , l’histoire de ce malheureux , est sans doute celle de la mauvaise interprétation de la notion de la légitimité politique .

Car , dans toutes les démocraties et tous les Etats de droit , un homme politique , détient sa source de légitimité d’une onction populaire , émanant d’un ancrage électoral local , dont il est ensuite le représentant au niveau national , soit au sein de l’exécutif, en participant à un gouvernement, ou au sein d’une représentation parlementaire, si ce n’est tout simplement au sein des deux institutions, lorsqu’il s’agit par exemple , d’une démocratie parlementaire .

Au Cameroun , conscient de ne lui – même , jouir d’aucune espèce de légitimité, outre celle que lui confère son maintien au pouvoir au moyen de la force armée , Paul Biya , ne déteste rien tant que , les ministres et collaborateurs qui s’avisent à lui faire de l’ombre , par leurs compétences , et leur esprit d’initiative ou entrepreneurial .

Ainsi de l’ancien ministre des Postes et Télécommunications, Sanda Oumarou , brutalement licencié en 1992 , sans motifs apparents . L’homme disposait pourtant , d’un excellent bilan à la tête de son ministère , avait multiplié les cabines téléphoniques publiques , avait vu son son travail unanimement salué , aussi bien par ses compatriotes , que par les partenaires occidentaux du Cameroun .

Or , précisément pour Paul Biya , ce brevet de satisfecit décerné par l’Occident , dont il redoute les opinions publiques comme la peste , correspond à un grave crime de lèse- majesté , et même à un sacrilège .

C’est le fameux syndrome , de l’époux jaloux qui reproche à sa femme , le fait de plaire contre son gré , à d’autres hommes …

Et le dictateur camerounais, comme je l’ai souvent écrit sur ce même forum , en plus de se méfier des ministres compétents et entreprenants , a aussi en horreur tous ceux qui souhaitent disposer d’assise électorale locale .

Ce qui implicitement, signifie que vous manifestez des velléités de jouir d’autres sources de légitimité, que celle que vous confère le tyran .

Traduction en langage simple , et facilement compréhensible par tout le monde : vous envisagez de voler de vos propres ailes .

Le premier sur ce registre , à en payer le prix fort , fut Incontestablement, l’ancien ministre de l’Economie et du plan , Pierre – Désiré Engo , plus connu par ses compatriotes pour avoir exercé les fonctions de patron de la CNPS .

Intimement lié à Paul Biya , depuis l’époque où les deux hommes firent partie du gouvernement Ahidjo , on lui prête le rôle de témoin , ,lorsqu’en avril 1994 , le chef de l’Etat camerounais vint à convoler en justes noces , avec Chantal Vigouroux .

Il fut aussi , avec feu Charles Ndoumba , la première victime collatérale du conflit latent , entre Paul Biya et son prédécesseur Ahmadou Ahidjo .

En effet , s’étant assez tardivement aperçu de la méprise dont il avait été victime , Ahidjo avait souhaité reprendre les rênes du pouvoir , à la faveur d’un savant et subtil subterfuge constitutionnel, consistant pour l’essentiel, au moyen de la ruse , à imposer la préséance du parti unique sur l’Etat .

Le premier à s’en apercevoir , et a pousser Biya qui acceptait tout la bouche ouverte , à se braquer , fut en effet Pierre Désiré Engo , suivi par Charles Ndoumba . Informé , Ahidjo ordonna à Biya dont les remaniements, étaient conçus sous la dictée de son prédécesseur, de se séparer des deux ministres .

La rupture définitive , entre Pierre – Désire Engo et Paul Biya , va survenir à la faveur de la paranoïa dont font preuve tous les dictateurs .

Natif de la région d’Ebolowa , et grand admirateur et disciple de Paul Martin Samba , du nom de ce nationaliste fusillé , par les allemands le 8 août 1914 , c’est-à-dire le même jour que Rudolph Duala Manga Bell, Pierre – Désiré Engo avait entrepris la création d’un institut à la mémoire de ce natif de la région .

Mis au courant , et tenaillé , presque obsédé en permanence par cette rivalité ancienne , opposant traditionnellement les Bulu de Nsangmélima à ceux d’Ebolowa , le dictateur camerounais a cru percevoir une manœuvre consistant à lui subtiliser son fauteuil présidentiel.

Ceci va valoir à Pierre – Désiré Engo , l’orchestration en règle d’une campagne de dénigrement , et de diffamation n’épargnant au passage ni sa dignité et sa probité .

Il va passer 14 années de sa vie , derrière les barreaux et ne devra sa liberté qu’à l’intervention du président français , François Hollande , au terme d’une forte mobilisation menée auprès du comite des droits de l’homme des Nations – Unies , par son fils , l’initiateur du Comité de libération des prisonniers politiques, Joël Didier Engo.

Depuis sa libération , Pierre -Désiré Engo , est interdit de sortie du territoire national . Pourquoi ? Mystère …

Ensuite , viendra le tour du professeur Ébenezer – Njoh Mouelle , nommé secrétaire général du RDPC ( parti au pouvoir ) en 1990 . Il sera sèchement limogé deux ans plus tard , comme un valet de chambre , pour s’être présenté aux élections législatives , signifiant de facto , sa volonté de construire une base électorale locale , pour ensuite disposer des coudées franches .

Après une très longue traversée de désert , il entrera au gouvernement en 2006 de façon éphémère comme ministre de la communication.

Puis vint le tour de Joseph Mboui, ministre de l’éducation , licencié en 1992 , pour avoir lui aussi voulu avoir une assise électorale indépendante de la volonté du Prince .

Un autre cas emblématique, est celui de Dieudonné Ambassa Zang , du nom de l’ancien ministre des travaux publics , entre 2002 et 2006 , depuis 2009 en exil en France .

Accusé d’avoir détourné près de 6 milliards de francs CFA, et depuis condamné par contumace, à de la prison à vie , son tort à lui est d’avoir réussi à se faire élire député de la Mefou et Afamba , dans la région du Centre .

Quant à Urbain Olanguena Awona lui – même , sujet principal du post , pour s’être présenté et avoir été élu haut la main , dans sa commune de Sa’a , pourtant fief du RDPC auquel il appartenait , il a été limogé sans ménagement, avant d’être arrêté et emprisonné une année plus tard .

il est reproché à l’ancien ministre , d’avoir détourné à son profit personnel , des fonds alloués à la lutte contre la pandémie du sida , mais aussi contre le paludisme et la tuberculose.

Pour faire bonne mesure , et ne pas donner à cette affaire une dimension de vendetta personnelle , l’ancien ministre a été arrêté et incarcéré en compagnie de plusieurs de ses anciens collaborateurs , dont pas mal de médecins .

Non seulement , les chefs d’accusations initialement portés contre Urbain Olanguena Awona , n’ont pas longtemps tenu la route , face à un collège d’experts judiciaires qui le met hors de cause , et se sont vus ré – qualifiés en charges graves et de portée aléatoire , pour ne pas dire risible , mais le montant des sommes en cause a substantiellement baissé .

C’est en 2008 , une année après son limogeage sans raison du gouvernement , que débute proprement l’infortune de l’ancien ministre .

Jaloux de sa proximité d’avec le président , et de la première dame , Laurent Esso , une des âmes damnées et génie des basses œuvres du régime , qui “ force de l’expérience “ oblige, n’ignore pas que pour faire arrêter quelqu’un, et le mettre définitivement hors d’état de nuire , il suffit juste de lui prêter des ambitions politiques, avant de lui coller sur le dos , une accusation de détournement de fonds publics , obtient du dictateur de le faire arrêter .

Pour l’humilier , on va l’interpeller devant ses voisins et le faire asseoir menotté , à l’arrière d’un camion militaire , sous les acclamations et vivats des badauds , dont certains ont été rameutés et payés , pour les besoins et la circonstance . Il fait l’objet de quolibets , de crachats , et manque de peu de se faire lyncher par une foule manifestement venue en ces lieux sur ordres .

Le ministre déchu , avait reçu le soutien du directeur exécutif du fond mondial , ayant déboursé les sommes dont on l’accuse précisément de détournements . Mais cette mise au point , qui sous d’autres cieux , aurait altéré la nature des accusations , n’a du tout pas empêché l’abréviation de l’incarcération du malheureux .

L’ancien directeur exécutif du fond , Michel Kazatchkine , qui a jeté l’éponge depuis janvier 2012 , a écrit au président camerounais à trois reprises , pour blanchir l’ancien ministre , en instant n’avoir vu aucun début du moindre commencement de preuves , indiquant que les fonds alloués par eux , auraient été utilisés à d’autres fins , que celles pour lesquelles ils étant véritablement destinées.

Et comme à son habitude, le Jupiter de Mvomeka’a n’a pas daigné descendre de son piédestal , pour répondre .

Dieu d’Etoudi , qui dispose du droit de vie , et de mort sur ses compatriotes, n’a de compte à rendre à aucun mortel , fut – il étranger .

Jean-Pierre Du Pont

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