VOICI LES VRAIES RAISONS POUR LESQUELLES MAURICE KAMTO ET LE MRC ONT DÉCIDÉ D’ALLER AUX ÉLECTIONS LÉGISLATIVES ET MUNICIPALES
DE LA NÉCESSITÉ D’UNE PARTICIPATION DU MRC AUX ÉLECTIONS ANNONCÉES ET L’URGENCE D’UNE STRATÉGIE À DOUBLE DÉTENTE
La campagne de résistance engagée par Maurice KAMTO, plus que probable vainqueur de la dernière élection présidentielle au Cameroun, implique de facto qu’il ne s’inscrive plus dans la logique institutionnelle de Monsieur Paul BIYA, qui sans vergogne, lui a volé sa victoire électorale.
Ceci suppose un boycott systématique de l’ordre politique existant, en ce compris, de toute élection organisée sous son égide. Ça s’appelle, la cohérence intellectuelle et politique.
Mais une telle démarche ne peut être conduite sans inflexion, car elle ne s’inscrit que dans l’imminence d’un rétablissement de la victoire du peuple par la conjonction de l’efficience des actions politiques engagées et de la capitulation de l’usurpateur BIYA.
A ce jour, il apparaît que l’aboutissement du combat se fait attendre, car malgré son agonie, le régime BIYA s’accroche, résiste et les forces du changement à l’intérieur du Cameroun, ont encore du mal à s’affranchir de la peur de la répression sauvage, qui écrase toutes les manifestations exigeant le rétablissement de la vérité des urnes.
Il importe de réajuster profondément les stratégies, en les inscrivant dans la durée ; de revisiter leur mise en œuvre, par la simplification des éléments du dispositif de résistance ; de muscler la communication pour la mettre au niveau des enjeux : chasser un dictateur par la rue ou du moins, créer par la rue, les conditions d’un départ forcé du dictateur BIYA.
JUGULER LA STRATÉGIE D’ISOLEMENT DE MAURICE KAMTO ET DU MRC
L’arme absolue, outre la répression, que le pouvoir RDPC a jusqu’ici utilisé contre Maurice KAMTO et son parti, est son isolement politique, dont la division des Camerounais est un ingrédient essentiel. Cette stratégie s’est déclinée en trois temps : avant l’élection présidentielle, pendant l’élection présidentielle et après l’élection présidentielle.
Dans le premier temps, des candidats de paille ont été suscités pour émietter les voix potentiellement favorables à Maurice KAMTO qui a d’ailleurs été présenté de manière outrageusement grossière comme le candidat d’une tribu.
Dans le deuxième temps, toutes les stratégies d’alliance pouvant conduire à l’émergence d’une candidature unique ont été torpillées par le pouvoir, dans l’optique d’isoler M. KAMTO qui au fil de la campagne électorale faisait la démonstration de son rouleau compresseur.
Dans le troisième temps, isoler KAMTO dans sa revendication de la victoire, en dissuadant les autres candidats malheureux, par les moyens de la corruption et la perspective d’une redistribution des cartes, en l’occurrence des strapontins politiques, à l’occasion des prochaines consultations électorales, auxquelles le boycott éventuel du MRC serait une vraie aubaine.
Dans cette logique, le reste de l’opposition apparaît comme un allié objectif du pouvoir illégitime de Yaoundé, de qui il attend naturellement un retour d’ascenseur, par le truchement des élections à venir (municipales, régionales et législatives) qui permettraient dans l’ordre institutionnel de Paul BIYA (37eme édition), de redistribuer des cartes et de dire au regard des résultats obtenus, quelles sont les nouvelles forces de l’opposition et son nouveau leader .
ON NE VA PAS AU CIEL COMME SI ON N’ÉTAIT PAS PASSE PAR LA TERRE : RÉDUIRE DES CONCURRENTS POLITIQUES C’EST AUSSI FAIRE DE LA POLITIQUE
Le développement et le rayonnement d’un parti politique sont essentiellement tributaires de l’action quotidienne militante de ses petites mains, qui légitimement aussi, aspirent dans l’intérêt des populations, à prendre des responsabilités dans le champ institutionnel en se faisant élire.
Ces leaders locaux ont aussi, qu’on le veille ou non, leur agenda, qu’on devra autant qu’il est possible, intégrer dans une stratégie globale, si on veut continuer à recruter et à faire vivre le parti. Ce n’est pas KAMTO qui fait le parti dans toutes les contrées du Cameroun.
La préparation et la participation du MRC aux prochaines consultations électorales, lui permet donc d’affirmer davantage son positionnement politique et son rang, que certains leaders politiques ou partis n’hésitent pas à lui contester, sur la base de leur représentation à l’Assemblée Nationale ou dans des conseils municipaux.
Cette représentation est une importante source de financement des partis politiques, car elle détermine l’aide légale accordée par l’État à leur fonctionnement. Celle-ci peut atteindre, selon le nombre d’élus, plusieurs centaines de millions de francs CFA, dont bénéficient déjà, des partis politiques comme le SDF. Laisser un tel carburant à des partis rivaux participerait simplement d’une certaine irresponsabilité politique, tant il est vrai que l’opposition à l’opposition est l’un des freins au changement.
Réduire autant qu’on le peut, des concurrents politiques, est dans ce contexte, faire de la politique, car si en face il ya un adversaire qui est le RDPC, à coté, il ya des vrais concurrents qui par leurs positionnements hostiles doivent être vaincus à défaut d’en faire des alliés.
Engranger des élus est donc pour le MRC, une occasion d’obtenir des financements supplémentaires, d’obtenir des leviers politiques nouveaux, constitués d’élus et barrons locaux, d’opérer un maillage territorial qu’impose la constitution des listes de candidats aux élections et de cultiver par la campagne électorale son champ politique.
LA CAMPAGNE ÉLECTORALE : UNE OCCASION DE REMOBILISATION POLITIQUE POUR LE PLAN NATIONAL DE RÉSISTANCE
Inscrire dans son agenda politique, les prochaines consultations électorales pour le MRC, accélère l’implantation du parti au niveau local et donc son maillage territorial, lequel lui a manifestement fait défaut dans la mise en œuvre de ses différents mots d’ordre, tant il est vrai que c’est à travers l’action des petites mains des militants, que sont expliqués, propagés et appliqués les plans d’action qui seront appuyés par ces élus nouveaux : Députés, Maires, Conseillers Municipaux.
Il importe de convertir les nombreux sympathisants du MRC en militants. La fièvre des élections est généralement une occasion idoine pour le faire et de ce point de vue, ce parti, n’a pas encore atteint la taille critique qui lui permet « d’imposer » sa démarche politique en neutralisant en même temps les voix dissonantes de l’opposition, qui plombent la mobilisation politique.
Dans cette perspective, la revendication de la victoire volée, ne doit pas être qu’une dénonciation incantatoire, mais une vraie revendication dont les relais politiques seront rodés par la campagne électorale et une approche stratégique plus ambitieuse.
POUR UNE VÉRITABLE REFORME DU CODE ÉLECTORAL ET LE LANCEMENT D’UN ACTE II DU PLAN NATIONAL DE RÉSISTANCE
La clef du changement est la qualité du système électoral et la confiance qu’on a envers les institutions qui garantissent la saine expression du suffrage.
Maurice KAMTO, tout seul dans l’opposition, par son action politique, porte ce combat. Il est logique à la fois, qu’il se donne les moyens de le conduire sur le plan institutionnel, par l’obtention d’une majorité à l’Assemblée Nationale, à défaut, ce qui est le plus probable, (le RDPC après une victoire de l’opposition, commettra inéluctablement un coup de force, pour conserver sa majorité au Parlement) démontrer une fois de plus, par la preuve, le caractère irrémédiablement piégé, vicié de la loi électorale camerounaise et l’hostilité au jeu démocratique du régime RDPC.
Ce sera donc l’occasion de remettre du carburant dans les revendications en y associant massivement la base du parti et des élus spoliés, dont la victoire aura aussi été volée à l’occasion des élections locales.
S’ouvrira donc, l’acte II du Plan National de Résistance.
LE PIÈGE DES STRAPONTINS POLITIQUES QUE SONT LES MANDATS ÉLECTORAUX LOCAUX ET NATIONAUX
La participation aux institutions installe dans le parti, une aristocratie d’élus : Maires, Députés, Responsables Régionaux…Ceux-ci, localement, peuvent être pour le parti, des vrais relais, utilisant leur « immunité d’élus », pour conquérir des espaces nouveaux d’expression politique.
Certains élus en revanche, tiennent leur changement personnel et ne sont plus enclins à œuvrer avec le même enthousiasme pour LE CHANGEMENT. La séduction des ors du pouvoir, les amène à céder à la tentation de l’enrichissement personnel, en établissant avec leurs collègues élus du parti au pouvoir, des relations et « partenariats d’affaires » qui sont en réalité des corridors de la corruption par lesquels le parti tout entier est anesthésié, cancérisé.
C’est ainsi que successivement, les partis d’opposition participant aux institutions se sont vus au fil des ans, phagocytés, anéantis par la corruption et décrédibilisés. Tous sans exception à ce jour, ont perdu de leur influence au contact des « institutions » : UNDP, SDF, MDR, ANDP, UPC, UDC…
Dès lors, la participation effective aux élections du MRC, ne doit avoir pour seule finalité que de donner à ce parti, des moyens nouveaux lui permettant de poursuivre ce que j’appelle, la démarche insurrectionnelle populaire, qui seule aidera à se débarrasser du régime barbare au pouvoir au Cameroun.
En somme, au regard de ce qui précède, le MRC n’a pas d’autres alternatives que de participer aux élections annoncées par le dictateur BIYA. Mais il a l’obligation de réussir là où jusqu’ici, tous les autres partis politiques avant lui ont échoué. Le défi c’est de faire simplement de cette participation à l’élection, le premier épisode d’une stratégie à double détente, dont le second aura pour catalyseur l’inéluctable fraude du RDPC.
Maître Amédée Dimitri TOUKO TOM
Ancien Conseiller Juridique du SDF
Ancien Secrétaire Provincial du SDF- OUEST
Militant – Analyste Politique