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VOICI POURQUOI LA FRANCE ET PAUL BIYA ASSASSINENT LES ANGLOPHONES

Par Michel Biem Tong, web-journaliste en exil

Paul Biya n’a pas déclaré la guerre aux « terroristes sécessionnistes » le 30 novembre 2017 pour rien. Paul Biya n’a pas massacré pour rien des centaines d’anglophones du Southern Cameroons qui ont commémoré le 56e anniversaire de l’indépendance de leur Etat le 1er octobre 2017 à travers des manifestations publiques. Le dictateur camerounais de 86 ans et son entourage fait de faucons et de va-t’en guerre ne refusent pas les négociations de sortie de crise pour rien. Ils n’ordonnent pas le massacre des civils innocents dans le Cameroun anglophone pour rien. En réalité, tout ce beau monde n’est fait que de valets de la France, la « mère patrie ». C’est donc contre la fameuse Françafrique que les forces indépendantistes anglophones (« restaurations forces ») se battent pour la restauration du British Southern Cameroons, indépendant depuis le 1er octobre 1961.

C’est la France via Paul Biya qui est à l’origine de la guerre en cours dans le Southern Cameroons et qui en réalité la mène. Ne parlez surtout pas du Cameroun « un et indivisible », de l’intégrité territoriale à préserver car même Paul Biya, meilleur élève de la France, sait très bien que le Cameroun forme deux Etats indépendants à la base. C’est Paul Biya qui a organisé le cinquantenaire de l’indépendance de la République du Cameroun (celle gérée par la France avant les indépendances) le 1er janvier 2010, donnant ainsi à penser qu’il existe deux Camerouns. C’est toujours lui qui a reçu au palais d’Etoudi le 20 mai 2010 des émissaires de l’ONU munis de deux cartes : l’une de la République du Cameroun et l’autre du Southern Cameroons.

Que cherche la France via Paul Biya dans le Cameroun anglophone ? Du bois, de l’hévéa, de la banane, de l’huile de palme, du cacao, du café et surtout et surtout du pétrole. De l’or noir y coule à flots et y est produit en grande quantité. Le Cameroun y concentre l’essentiel de sa production. La France est donc alléchée par ce pétrole raffiné par la Société nationale de raffinage (SONARA) basée à Limbé ex Victoria (sud du Southern Cameroons). Les soldats du Bataillon d’intervention rapide (BIR), unité spéciale de l’armée camerounaise qui sème la terreur et massacre des milliers de civils dans le Cameroun anglophone, sont payés sur le budget de la Société nationale des hydrocarbures (SNH), en charge de centraliser les revenus du pétrole que contrôle la France.

C’est à cause de ce pétrole et de bien d’autres richesses que depuis la signature le 26 décembre 1959 des accords secrets avec Ahmadou Ahidjo, président de la République du Cameroun, la France a engagé un processus d’annexion du Southern Cameroons. Il a même été question pour l’Hexagone d’y faire disparaître la culture anglo-saxonne. Pour comprendre pourquoi la Charte des Nations Unies a été autant piétinée pour que le Southern Cameroons soit d’abord un semblant d’Etat fédéré puis deux régions de la République du Cameroun (ex-Cameroun oriental français) indépendante depuis le 1er janvier 1960, il faut aller chercher dans les manœuvres de la France pour contrôler ce territoire à travers ses « sous-préfets » locaux qu’était Amadou Ahidjo et qu’est Paul Biya.

C’est donc la France qui a bloqué toute accession du Southern Cameroons, ex-territoire sous tutelle de l’ONU, à l’indépendance comme l’en disposait pourtant l’article 76-b de la Charte des Nations Unies. C’’est la France qui a conçu le projet de constitution faussément fédérale de 1961 soumis à la délégation du Southern Cameroons lors de la conférence de Foumban du 17 au 22 juillet 1961. Lorsqu’Ahidjo annonce le 6 mai 1972 à l’Assemblée Nationale le démantèlement prochain de la Fédération, il vient de séjourner à Paris. L’actuelle Constitution du 2 juin 1972 consacrant l’Etat unitaire, qui a été révisée par la loi du 18 janvier 1996, a été concoctée par le constitutionnaliste français Jacques Rousseau. Sans l’avis préalable des Anglophones !
Pour gérer la manne pétrolière de manière plus opaque, la France ne voulait surtout pas que le Southern Cameroons soit une entité autonome mais une partie de la République du Cameroun. Alors il fallait préparer des conditions juridiques à cela. D’où cette constitution du 2 juin 1972. Tous ceux des Camerounais, aussi bien l’homme la rue que les intellectuels, les hommes politiques, les acteurs de la société civile, les journalistes et les historiens qui chantent en chœur le refrain gouvernemental d’un Cameroun un et indivisible, tous ceux des Camerounais qui parlent de « Nord-Ouest » et « Sud-Ouest » du Cameroun et refusent de croire que ces deux régions sont à la base un Etat indépendant, font en réalité le jeu de la France.

Si la France considère le Southern Cameroons comme sa propriété et une partie de la République du Cameroun aujourd’hui, c’est aussi grâce à l’Angleterre. Le général De Guaulle, en septembre 1961, ne considérait-il pas ce territoire comme un « cadeau que la Reine d’Angleterre nous a offert » (sans doute grâce à son pétrole) ? Allez y comprendre pourquoi lors de l’Assemblée Générale des Nations Unies du 16 octobre 1959, André Cohen, représentant de l’Angleterre aux Nations Unies a écarté l’indépendance comme option de plébiscite alors que cette dernière a été votée à 67% par les représentants du Southern Cameroons lors de la conférence pré-plébiscite de Mamfé du 10 au 11 août 1959. Allez-y comprendre pourquoi le secrétaire des colonies de Grande Bretagne a dit aux représentants du Southern Cameroons vers 1960 qu’il ne pouvait pas leur accorder l’indépendance totale parce que cela ne fait pas partie des missions de la tutelle (ce qui est un mensonge au regard de l’article 76-b de la Charte de l’ONU !). Le deal avec la France avait déjà été scellé !

Voilà pourquoi les Anglophones doivent se battre pour défendre leur droit d’autodétermination, pour reconquérir ce territoire qui leur a été ravi car la République actuelle du Cameroun qui se veut « un et indivisible » est le fruit d’un bricole : d’un côté, la République du Cameroun (ex-territoire sous tutelle) indépendante le 1er janvier 1960 et reconnue aux Nations Unies le 20 septembre 1960, de l’autre un autre ex-territoire sous tutelle des Nations Unies mais dont l’indépendance a été déniée aux populations en violation de la Charte des Nations Unies en son article 76-b et de plusieurs résolutions onusiennes en rapport avec l’indépendance sans conditions des colonies et autres territoires sous tutelle dont la résolution 1514 du 14 décembre 1960.

En un mot comme en mille, à cause des ressources de leur sol et sous-sol, les Anglophones du Southern Cameroons qui jouissaient d’une relative autonomie avant le 1er octobre 1961 ont été phagocytés, leur territoire conquis par la République du Cameroun voisine (colonie française) puis exploité sans qu’ils y aient un droit de regard, leurs institutions (Parlement, Premier Ministère) détruites, leurs partis politiques et syndicats dissouts, leur tissu économique mis à sac. Bref, la France via la République du Cameroun a conquis le Southern Cameroons à des fins géopolitiques, quitte à violer le droit international et le droit du peuple anglophone à disposer de lui-même, encore appelé en anglais right to self-determination. D’où la légitime de la lutte que mène ce peuple en ce moment car aucun peuple au monde ne peut accepter avoir vécu comme un Etat pour devenir régions d’un autre Etat. Aucun !

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