» VOL ÉLECTORAL « :LES CHAÎNES AMÉRICAINES CENSURENT DONALD TRUMP
Donald Trump est resté invisible une bonne partie de la journée, jeudi. Puis, il s’est avancé dans la salle de presse de la Maison Blanche, en fin d’après-midi, pour laisser libre cours à ses récriminations et dénoncer un « vol » électoral.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, le président sortant a prononcé un discours depuis la Maison Blanche, lors duquel il a répété ses accusations envers le parti démocrate. Selon lui, et sans avancer de preuve, on tente de lui voler sa victoire. « Si vous comptez les votes légaux, je gagne facilement. Si vous comptez les votes illégaux, ils peuvent essayer de nous voler l’élection », a lancé le président de la première puissance mondiale. L’allocution de Donald Trump a embrasé les chaînes d’information, qui pour beaucoup ont coupé le chef de l’Etat alors qu’il parlait encore, du jamais vu ou presque.
« Si vous comptez les votes légaux, j’ai gagné facilement Si vous comptez les votes illégaux, ils peuvent essayer de voler l’élection. » Donald Trump parlait depuis environ 40 secondes, jeudi, pour sa première prise de parole depuis la nuit de l’élection, quand la chaîne MSNBC a coupé sa déclaration.
« Bon, nous voilà encore dans la position inhabituelle de [devoir] non seulement interrompre le président des Etats-Unis, mais aussi de corriger le président des Etats-Unis », a lâché le présentateur, Brian Williams. Les chaînes ABC et CBS ont fait de même. Elles ont alors fact-checké le président américain, rappelant qu’il n’avait pas gagné, et que ses accusations de fraudes n’ont pas été prouvées.
CNN a, elle, décidé de ne pas couper le micro à Donald Trump, mais son présentateur vedette Jake Tapper a enchaîné avec une condamnation sans appel du chef de l’Etat. « Quelle triste nuit pour les Etats-Unis d’Amérique de voir leur président […] faussement accuser les gens d’essayer de voler l’élection », a-t-il déclaré, en fustigeant un « tissu de mensonges ».
Le présentateur de CNN est même sorti de sa réserve en évoquant une « tortue obèse retournée sur le dos s’agitant sous le soleil brûlant, réalisant que son temps est passé ».
Les avocats de Donald Trump ont lancé plusieurs actions judiciaires au niveau des Etats, avec par exemple la menace de demander un recomptage dans le Wisconsin, remporté par Joe Biden dès mercredi.
A mesure que les résultats s’affinent, la situation paraît de moins en moins favorable à Donald Trump. En Pennsylvanie, l’écart se resserre et le verdict pourrait tomber dans la journée. Si Joe Biden dépasse le président sortant, il obtiendra alors les 270 grands électeurs permettant de remporter la victoire. Des victoires sont attendues malgré tout pour Donald Trump, dans l’Alaska et en Caroline du Nord, mais cela ne devrait pas suffire.
L’équation est simple : si le milliardaire new-yorkais souhaite remporter l’élection, il lui faut ravir les quatre derniers Etats-clés encore en jeu : Géorgie – où Joe Biden est désormais en tête mais où un recomptage devrait retarder les résultats -, la Pennsylvanie – où Biden est donné gagnant -, le Nevada et la Caroline du Nord.
De nombreux observateurs américains craignent que le refus de Donald Trump d’admettre sa défaite et ses accusations engendrent des mouvements violents de contestation dans la rue. La crainte que des conspirationnistes créent de violents remous est réelle. Sur le plan politique, il n’est pas exclu que les procédures juridiques créent de longues semaines d’incertitude sur le résultat du scrutin, avec la possibilité d’un durcissement des tensions si Donald Trump est déterminé à contester de résultats qui le donneraient perdant.