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YVES DE MBELLA PASSE AUX AVEUX APRÈS SA CONDAMNATION

 » C’est moi qui ai eu l’idée d’envoyer le mannequin sur le plateau, mais cela a été préparé avec la direction des programmes et l’équipe technique. L’intention était de démontrer le mode opératoire d’un violeur, mais j’avoue que je n’ai pas eu la manière. Je n’ai pas eu le tact nécessaire, je le reconnais et j’en suis désolé. Mais, après la séquence de reconstitution, nous sommes passés à la sensibilisation. », déclare l’animateur Yves de Mbella dans l’Intelligent d’Abidjan.

Condamnations et réactions outrées se multiplient depuis la diffusion ce 30 août, en direct et à une heure de grande écoute, sur la Nouvelle Chaîne Ivoirienne (NCI), télévision privée créée en 2019, d’un épisode de l’émission de divertissement La Télé d’ici Vacances consacré au viol. En quelques heures, une pétition en ligne exigeant des sanctions exemplaires a recueilli plusieurs dizaines de milliers de signatures.  Depuis, le présentateur du magazine, Yves de Mbella, a été condamné à 12 mois de prison avec sursis et à deux millions de FCFA d’amende (un peu plus de 3000 euros).
Lundi 30 août 2021, la Nouvelle Chaîne Ivoirienne (NCI) diffuse un numéro de son émission de divertissement La Télé d’ici Vacances, consacré au viol et présenté par Yves de Mbella, qui a invité sur son plateau un homme dont il dit qu’il est « un ancien violeur repenti « . Objectif du présentateur et son équipe : sensibiliser contre le viol. Malheureusement, l’exercice est complètement raté et dès la fin de l’émission, les réseaux sociaux s’enflamment et les réactions se multiplient sur ce que beaucoup considèrent alors comme une apologie du viol.

” C’est sur le plateau , en répondant à mes questions, que l’un des invités a dit qu’il n’avait jamais été condamné pour braquage, mais plutôt pour recel. C’est pourquoi je me suis concentré sur l’autre invité qui parlait de viol. Je voulais montrer un autre aspect de ce phénomène, parce que d’autres chaînes de télévision avaient déjà offert leurs antennes aux victimes de viol (…)”, a expliqué à L’Intelligent d’Abidjan l’animateur et producteur de la célèbre émission Rien à Cacher sur Radio Nostalgie.

Le lendemain 31 août, des associations telles que La Ligue ivoirienne des droits des femmes, portent plainte contre la chaîne NCI et son animateur, pour outrage public à la pudeur et apologie du viol. Et dès ce mercredi 1er septembre, Yves de Mbella et son invité sont entendus par la police, avant d’être déférés en comparution immédiate devant le Tribunal correctionnel d’Abidjan, la capitale économique ivoirienne.

Le premier est condamné à douze mois de prison avec sursis et deux millions de FCFA d’amende (soit un peu plus de 3 000 euros), pour  » apologie du viol » et  » atteinte à la pudeur « . Il s’est aussi vu signifier l’interdiction de quitter Abidjan. Quant au second, qui avait déjà été condamné, il écope de vingt-quatre mois de prison ferme et cinq cent mille FCFA d’amende (762 euros environ), pour les mêmes motifs. Son avocat a décidé de faire appel.

Afin de comprendre ce qui s’était réellement passé, nous avons cherché sur Internet des séquences de ce programme. Elles avaient malheureusement été supprimées des pages Facebook et Instagram de la Nouvelle Chaîne Ivoirienne, qui a ensuite confirmé l’information par voie de communiqué. Dans ce dernier, elle précise  également que les rediffusions du magazine ont été annulées.

Toutefois, dans un court extrait relayé par les réseaux sociaux et que nous avons visionné, le présentateur de l’émission, Yves de Mbella, demande à son invité de montrer au public comment il procédait pour commettre ses crimes.  » Parce que notre but, ajoute-t-il alors, ce n’est pas de dire : il faut faire comme lui. Mais c’est pour éviter de tomber dans le piège de ceux qui veulent faire comme toi désormais, conclue-t-il en s’adressant à son invité.  »

Sous les applaudissements d’une assistance qui ne prend absolument pas la mesure de ce qui se joue à ce moment-là, l’homme rejoint Yves de Mbella sur un coin du plateau de l’émission où a été installé au préalable un mannequin en plastique. Suit alors une étrange et très obscène  » reconstitution  » de ce que pourrait être une scène de viol, avec pour finir – et comble de cynisme –, des pseudo-conseils aux femmes de  » l’ancien violeur repenti « . Si cette séquence ne peut suffire à résumer l’ensemble des faits, elle est incontestablement la plus écœurante et celle qui suscite le plus de réactions indignées.

Dans le même ordre d’idée, Emilie Tapé, écrivaine et militante féministe ivoirienne a signalé sur les réseaux sociaux, le témoignage à la fois grave et faussement ironique d’une victime de cet « ancien violeur repenti « . S’adressant directement au présentateur Yves de Mbella, cette jeune femme écrit avec beaucoup d’amertume et de douleur :  » Merci d’aider à remonter ces souvenirs de cette triste soirée de ma vie. J’étais sans défense, j’avais enfoui cela jusqu’à en oublier l’auteur. Merci #NCI de non seulement banaliser le viol mais d’en faire la promotion.  »

Face au tollé suscité par cette émission, Nassénéba Touré, ministre ivoirienne de la Femme, de la famille et de l’enfant a déclaré sur sa page Facebook :  » Je condamne fermement ces actes ignobles et ces propos de l’invité et de l’animateur, qui viennent saper les efforts du gouvernement, des ONG et de ces anonymes, dans la politique d’éradication de ce fléau qui gâche la vie de milliers de femmes et de filles. Je tiens à exprimer ma solidarité à toutes celles qui ont vu leurs blessures rouvertes et qui ont également revu leur bourreau.  »

Et dans un communiqué publié ce 31 août 2021, la Ligue ivoirienne des droits des femmes se dit  » choquée, outrée et scandalisée par l’apologie et la promotion du viol faite par Yves de Mbella et son équipe sur le plateau de La Télé d’ici Vacances de la chaîne de télévision NCI. A l’heure où les associations de défense des droits des femmes luttent contre la culture du viol sous toutes ses formes, il est insultant voire humiliant pour une chaîne de télévision d’inviter un violeur sur son plateau et de lui demander de faire une démonstration d’un acte de viol. « 

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